Eglises d'Asie – Sri Lanka
Afin de favoriser la compréhension mutuelle entre Tamouls et Cinghalais, la Caritas organise des rencontres entre des familles des deux principaux groupes ethniques du pays
Publié le 18/03/2010
Tout au long des dix-huit dernières années de guerre, les contacts entre les deux communautés ont été très rares. La population de Mannar a eu à subir les opérations de l’armée gouvernementale tandis qu’à Anuradhapura, de nombreuses familles ont perdu au moins un de leurs hommes au combat. Selon un responsable de l’Eglise à Anuradhapura, l’histoire récente a fait que le sentiment dominant chez les uns comme chez les autres est la méfiance, voire la suspicion. Le programme de visites, coordonné par la Caritas nationale et organisé sur place par les Caritas de Mannar et d’Anuradhapura, a consisté en l’accueil par des familles de Mannar de Cinghalais d’Anuradhapura puis, à l’occasion de Vesak, la grande fête bouddhiste commémorant la naissance de Bouddha, de la venue à Anuradhapura de Tamouls originaires de Mannar. A l’issue de ces échanges, les réactions ont été positives. “Les gens dans mon village pensent que tous les Tamouls sont membres du LTTE. Moi-même, je pensais la même chose. Aujourd’hui, je sais que les Tamouls sont vraiment des gens bien”, a déclaré un Cinghalais d’Anuradhapura, après son séjour à Mannar, ajoutant qu’il témoignera de son expérience auprès de ses voisins “pour tenter de changer leur attitude à l’égard des Tamouls”.
Pour un autre Cinghalais, Mannar “ne faisait même pas partie du Sri Lanka. Nous avions peur d’aller là-bas et nombreux étaient ceux qui nous avaient mis en garde contre le fait de nous rendre à Mannar. Mais, aujourd’hui, tout cela a changé. Je suis heureux d’y être allé. Nos hôtes étaient si gentils que j’y retournerai certainement”. Pour un jeune Tamoul de Mannar, la leçon de ces échanges est qu’il faut oublier le passé : “Même si le gouvernement et le LTTE décident de reprendre les combats, nous en tant que peuple devons nous montrer unis.”
Selon le P. Gilbert Perera, responsable pour le diocèse d’Anuradhapura de ce programme d’échanges, les Tamouls et les Cinghalais ne doivent pas se reposer sur des institutions telles que la Caritas pour mener à bien ce type d’initiatives. “Notre objectif est que les gens se sentent libres de se rendre mutuellement visite et de maintenir des contacts, comme c’était le cas par le passé”, a-t-il déclaré, tout en ajoutant que des voyages similaires commençaient également à se mettre en place en direction des villes de Batticoloa et Trincomalee, dans l’est du pays, et à Jaffna, au nord, zones qui toutes sont restées inaccessibles par voie terrestre aux gens du sud durant les années de guerre. A propos des pourparlers de paix entre le gouvernement et les Tigres qui doivent se dérouler ce mois-ci sous l’égide du médiateur norvégien, le P. Perera a simplement déclaré que le fait de voir des troupes gouvernementales patrouiller paisiblement devant les bureaux du LTTE à Mannar était un signe positif.