Eglises d'Asie

Afin de lutter contre l’épidémie de sida, des religieuses catholiques décident de parler ouvertement de cette maladie et du virus qui la propage

Publié le 18/03/2010




Alarmées par la gravité de l’épidémie du sida en Chine, une douzaine de religieuses de la Congrégation du Sacré Cœur de Jésus de Xi’an, capitale du Shaanxi, qui pour la plupart travaillent en milieu hospitalier, ont, le 14 mai dernier, mis sur pied un groupe de sensibilisation sur le sujet du sida. Elle ont pris cette initiative après avoir suivi durant deux jours une formation sur les mesures préventives et le traitement médical des patients victimes de l’épidémie qui leur a permis de surmonter leur propre gêne à parler ouvertement de cette maladie pour tenter de mieux la combattre. Un spécialiste du sida, venu de l’étranger, et un représentant de Missio, une agence catholique allemande d’entraide, animaient la session de formation.

Sœur Liu Jialin, vice-supérieure de la Congrégation, a déclaré combien les religieuses avaient été choquées en apprenant par les chiffres officiels la gravité de l’épidémie en Chine. Pendant longtemps, au Shaanxi et peut-être dans d’autres régions de Chine, beaucoup s’inquiétaient du fléau mais sans vouloir pour autant en savoir davantage, a-t-elle expliqué. Bien que travaillant en milieu hospitalier, les connaissances des religieuses en la matière étaient « nulles ». Elles ne soupçonnaient même pas l’étendue de l’épidémie dans leur propre province. Pendant la session de formation, pour la première fois, elles ont réalisé qu’il était inacceptable d’affirmer que les relations sexuelles sont l’unique vecteur de transmission de la maladie. Avec les encouragements de leurs formateurs et dans un esprit de sacrifice, les religieuses ont donc décidé de lancer un programme d’éducation en direction du public et de former un groupe de sensibilisation au sida. Pour autant, le groupe n’a pas encore arrêté un plan concret d’action mais il espère que des spécialistes, tant chinois qu’étrangers, pourront les aider à cerner les meilleures méthodes de sensibilisation du public, a encore précisé Sœur Liu.

Dans un rapport récemment publié par les Nations Unies et intitulé « Le sida en Chine : un nouveau millénaire – un défi titanesque l’étendue de épidémie de sida dans ce pays a été qualifiée d’« inimaginable ». Le rapport, publié par France-Presse à Pékin, le 6 juin dernier, révèle que « l’épidémie due au virus du sida s’apprêtait à secouer le pays dans des proportions inimaginables ». Le document affirme que, « d’ici à deux ans, la Chine pourrait compter plus de personnes infectées par le virus qu’aucun autre pays au monde » et demande une intervention urgente. La réponse inadéquate du gouvernement et le manque généralisé de franchise n’ont fait que faciliter la propagation du virus en Chine, insiste-t-il. Le rapport souligne que les efforts sont loin d’être suffisants mais félicite la Chine de s’être ouverte au problème l’an dernier. Il souligne que de très nombreux paysans ont contracté le virus en vendant leur sang, un scandale que les autorités connaissaient pourtant depuis des années (1).

Au cours de la toute première Conférence nationale sur les maladies sexuellement transmissibles, qui s’est tenue à Pékin en novembre dernier, un responsable officiel de la Santé publique a admis que l’épidémie de sida avait atteint un stade critique en Chine. Les dernières statistiques officielles estiment le nombre des porteurs du virus du sida en Chine à 850 000, pour une population de 1,26 milliards d’habitants. Selon les Nations Unies, ce chiffre est probablement plus proche de un million. La province de Liaoning, dans le nord-est du pays, a annoncé qu’à partir de septembre 2002, dans les lycées comme dans les universités, deux unités de valeurs semestrielles seraient obligatoires en matière d’hygiène et de santé. Une formation sur le virus du sida et l’usage des stupéfiants sera incluse dans ce programme.