Eglises d'Asie

A l’issue de difficiles négociations, l’Eglise catholique s’apprête à reprendre en mains ses anciennes écoles, autrefois nationalisées

Publié le 18/03/2010




Le Bureau catholique de l’Education de Karachi vient de s’engager dans de difficiles négociations avec le gouvernement, négociations à l’issue desquelles il devrait récupérer deux collèges, le Collège de jeunes filles de St Joseph et le Collège St Patrick. L’un et l’autre avaient été nationalisés par le gouvernement en 1972. L’actuel président, le général Pervez Musharraf, dans le cadre de la politique de libéralisation générale en cours, a donné son accord pour que ces collèges soient rendus à leurs anciens propriétaires, ainsi d’ailleurs que 63 établissements éducatifs de Karachi (1).

Ce sont, en premier lieu, les questions financières qui rendent ces négociations ardues et longues. Les membres du Bureau catholique, qui ont accepté de reprendre en mains les deux collèges en question, refusent cependant d’assumer des charges financières contractées pendant la période où ces institutions leur ont été enlevées. Or, les responsables de l’Education nationale exigent au contraire que le Bureau catholique, comme les autres entités privées reprenant la charge d’un établissement éducatif dénationalisé, s’acquittent du traitement des enseignants et des divers employés pendant toute l’année au cours de laquelle aura lieu la privatisation de l’école. Dans le cas des collèges Saint Joseph et Saint Patrick, cela représenterait la somme de 28 millions de roupies correspondant aux traitements d’environ 160 professeurs et employés. Le Bureau catholique serait également tenu de verser la moitié de la prime financière destinée à dédommager les membres du personnel devenus inutiles du fait de la privatisation. Cette clause, extrêmement lourde, a découragé la plupart des anciens propriétaires d’établissements scolaires.

Les responsables du Bureau catholique de l’Education ont fait valoir que le service éducatif qu’ils rendaient à la société était entièrement bénévole et que leur ouvre, pour subsister, faisait appel à des donations publiques et à la générosité de bienfaiteurs. Il leur était donc impossible de trouver les sommes qui leur étaient demandées. Cette absence de ressources les a également obligés à ne pas garder dans l’école le corps enseignant en exercice. Son transfert dans des établissements éducatifs publics devrait être achevé au cours du mois de juillet. Le bureau espère bien convaincre le ministère de l’Education de ne point toucher aux divers laboratoires et à l’équipement matériel des collèges avant de procéder à leur restitution à leurs anciens responsables.

Le Bureau catholique a cependant accepté un certain nombre des conditions imposées par l’Etat pour la privatisation des écoles. Il s’est engagé à reprendre l’ensemble des élèves qui y ont entamé leurs études, à savoir 4 000 élèves. Par ailleurs, la nouvelle direction des établissements scolaires a promis de ne pas modifier les frais d’études exigés des collégiens, qui devront rester les mêmes, comme l’exige le gouvernement.

La presse locale, au cours du mois de juin, a laissé entendre que le gouvernement pourrait consentir quelques concessions aux écoles catholiques, privatisées, particulièrement en ce qui concerne le transfert de l’ancien personnel enseignant dans des collèges publics. Il est possible aussi que les écoles catholiques soient débarrassées des charges financières exigées dans un premier temps. Le journal Dawn du 27 juin rapportait qu’il était probable que les écoles gouvernementales absorberaient l’ancien personnel des écoles nouvellement privatisées, mais que cette opération serait plus longue que ce qui avait été prévu au départ.