Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er mai au 30 juin 2002
Publié le 18/03/2010
Les 20 et 21 juin s’est tenu, pour la première fois à Phnom Penh, la réunion du « Groupe consultatif » (GC) compre-nant 22 pays et sept organismes internationaux. La dernière réunion du groupe avait eu lieu l’an dernier, à Tokyo.
Le gouvernement avait demandé 485,7 millions de dollars pour l’année, les participants se sont engagés à verser 635 millions, à laquelle doit s’ajouter une contribution de 45 à 55 millions par le biais des ONG. Ce don représente une augmentation de 80 millions par rapport à l’année dernière, et 150 millions en plus de ce que le gouvernement demandait.
La BAD (Banque Asiatique pour le Développement) s’est engagée à allouer 117 millions en prêts non commerciaux, et à un don de 10 millions. Elle devient le premier bailleur de fonds du pays. 123,4 millions seront prêtés par la BM et le FMI.
Le Japon s’engage à donner 107 millions. C’est le second bailleur de fonds, mais le premier donateur d’aide bilatérale.
Durant la première journée, des discussions assez vives ont eut lieu au sujet des réformes prioritaires que le gouvernement s’était engagé à mettre en place durant l’année dernière : justice et lutte contre la corruption. Les représentants du GC estiment que « le Cambodge avance en général dans la bonne direction Dans l’année qui vient, s’ils ne constatent pas de progrès « significatifs » dans les domaines de la justice et de la lutte contre la corruption, « ils pourraient revoir leurs positions mais leurs engagements financiers n’ont été assortis d’aucune condition explicite. Le directeur de la BAD justifie l’importance des sommes promises comme un geste politique en faveur de l’action gouvernementale, jugée sur les dix ans passés et qui est « réellement impressionnante
Selon le Conseil pour le Développement du Cambodge, entre 1992 et 2001, les bailleurs de fonds se sont engagés à verser 5,022 milliards de dollars au Cambodge, mais seulement 3 683, soit 73,3 %, ont été versés, Sur les 615 millions d’engagements pris en 2001, seulement 472 ont été versés, plusieurs pays ayant des projets d’aides s’étalant sur plusieurs années. Depuis 1992, le Japon a versé 913 milliards, soit 22 %, puis les Nations Unies (9,3 %), la France, l’Union européenne (chacune 7,6 %), les Etats-Unis (7,3 %), la BAD (7,1 %), la BM (6,6 %), l’Australie (4,9 %). Le développement rural a officiellement absorbé 13,9 % de cette aide, le soutien à l’administration 11,7 %, les transports et l’infrastructures 11,5 %, l’aide humanitaire 11,1 %, la santé (10,5 %) la gestion économique 10 %, l’éducation 9,3 %. Cette « assistance officielle au développement » était en 1999 de 24 dollars par an et par habitant au Cambodge, contre 36 au Burkina-Fasso, 44 en Géorgie, 58 au Laos, 18 au Vietnam, 6 en Malaisie. Le PIB est de 271 dollars par an, ce qui classe le Cambodge au 121e rang des 162 pays de la planète.
La tenue du CG a permis à plusieurs ONG et autres organismes de réfléchir sur la situation du pays, sur le développement, même si ces réflexions ont eu peu d’effets sur les donateurs.
« La rapidité de la croissance économique n’a pas été accompagnée d’une redistribution et la stratégie des donateurs a augmenté les inégalités observe justement Médicam, association qui regroupe plus d’une centaine d’ONG travaillant dans le domaine médical, et le comité de 18 ONG, quelques jours avant la tenue du GC. « La libéralisation du commerce a augmenté la pauvreté dit la représentante . La corruption et l’impunité sont dans la ligne de mire des associations. « Certains groupes d’individus continuent de contrôler les ressources productives du Cambodge au détriment de la majorité pauvre de la nation ».
Sept syndicats et l’association des enseignants libres du Cambodge, manifestent le premier jour de la tenue du GC, en dépit de l’interdiction municipale. Chéa Vichéa, président du SIORC déclare vouloir dire « de façon non-violente qu’en principe nous recevons des aides internationales, mais qu’en réalité, celles-ci n’arrivent pas dans nos mains, car elles sont détournées par la corruption. Tant que les employés de l’Etat ne seront pas rémunérés décemment, il ne pourra y avoir d’Etat de droit, de services publics minimums, d’administration publique fiable, ni de perspective de développement durable affirme très justement un professeur. 150 contre-manifestants, visiblement loués par le gouvernement, demandent davantage d’aides. Sam Rainsy lance sa propre manifestation et politise la manifestation des syndicats : « Notre société est ruinée par le gouvernement déclare-t-il. Il propose un programme en neuf points pour réduire la pauvreté.
Le gouvernement refuse que la question des élections de 2003 soit mise au menu des discussions du GC. « Les pays donateurs sont chargés de discuter de l’économie, non de la politique dit le représentant de la BAD.
La démobilisation est au point mort, en dépit des engagements du gouvernement l’an dernier. Beaucoup des 15 000 démobilisés n’ont reçu que 240 dollars, et attendent le reste de leur allocation.
Depuis plusieurs mois, la question de la création d’un tribunal devant juger les ex-responsables Khmers rouges est lancinante. En février, l’ONU a mis fin aux négociations concernant la création de ce tribunal estimant que les conditions d’indépendance n’étaient pas remplies du côté cambodgien. En mars, Hun Sen s’emporte et donne trois mois à l’ONU pour revenir sur ses positions faute de quoi les Cambodgiens organiseront eux-mêmes ce tribunal. Il compte sur l’appui de la communauté internationale. Si l’ancien ambassadeur des Etats-Unis, Wiedermann et Peter Luprecht, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, regrettent la position de l’ONU, et font du lobbying pour obtenir un changement dans la position onusienne, seule l’Inde propose un homme de loi pour assister le Cambodge dans la création d’un tel tribunal monté par les Cambodgiens. Après une visite en Suède, Hor Nam Hong pense pouvoir affirmer que ce pays aidera le Cambodge à monter seul un tribunal, mais la Suède donne un démenti : rien ne se fera sans le concours de l’ONU.
Lors de l’ouverture du GC, Hun Sen se doit d’affirmer que les discussions avec l’ONU continuent, afin de calmer les pays donateurs pour qui cette question est importante. Cependant, quelques heures auparavant, Hans Corell, négociateur suédois au nom de l’ONU, qui prend congé de ce dossier, affirme qu’il n’en est rien, et que l’ONU n’accepte pas de n’être qu’un bailleur de fonds pour un jugement qu’elle ne pourrait diriger selon ses critères « d’indépendance, d’impartialité et d’objectivité
POLITIQUE
Plusieurs tentatives sont lancées pour démettre de ses fonctions You Ho Kry, ministre de l’Intérieur, à qui on reproche son népotisme et sa corruption. Finalement, le 22 mai, Ranariddh, président du FUNCINPEC, obtient sa démission, mais You Hok Kry organise une manifestation de soutien en sa faveur le jour même, avec des gens amenés de Kompong Cham à bord de 100 camions… Finalement, dans la soirée, il accepte de démissionner, mais ne quittera son poste qu’après la nomination de son successeur, qui doit obtenir l’accord de 75 % des députés, donc des membres du PPC. Hun Sen demande aux différentes factions de ne pas faire appel à l’armée pour régler leurs différents, ce qui semble assez improbable aux yeux des observateurs. Le FUNCINPEC a soumis la candidature du général Kang Savoun, qui a lutté contre le PPC en 1997. Hun Sen a donné son accord. Reste à obtenir celui de l’Assemblée nationale.
Le FUNCINPEC en proie à des divisions internes : le 19 mai, le prince Chakrapong, demi-frère de Ranariddh, flanqué de Toan Chay, annonce la fondation de son propre parti, le Parti de l’âme khmère Norodom Chakrapong. Cependant, Sâr Kheng, ministre de l’Intérieur, interdit le logo du parti qui porte un emblème royal. Le 27 mai, un illustre inconnu fonde le Mouvement Démocratique de Hang Dara, en rupture du FUNCINPEC. Par contre, d’anciens dissidents, comme Ung Huot, Duong Khem se rallient au FUNCINPEC. Par la voix de Sirivuddh, le FUNCINPEC entend se repositionner comme un parti indépendant du PPC, en critiquant le gouvernement sur le problème des frontières, sur le projet de modification du CNE (Comité National des Elections), sur la révision du nombre des députés, etc.
Le FUNCINPEC et le PSR demandent l’augmentation du nombre des députés, qui pourrait passer de 122 à 136 voire 140, en fonction de l’accroissement démographique. Actuellement un député représente 50 000 citoyens.
Durant la première semaine de mai, un candidat PSR aux dernières élections communales est retrouvé mort, dans la province de Kompong Thom cinq jours plus tôt, un autre est visé par un attentat à la grenade à Ponhéa Krek (Kompong Cham).
Le 27 mai, le roi remet des distinctions aux députés qui ont siégé pendant la première législature. Le 7 juin, les députés du PSR renvoient leurs décorations, « portées par les membres les plus corrompus du gouvernement D’autre part, selon eux, les deux chambres du parlement ne sont que des chambres d’enregistrement.
La loi anti-corruption, préparée depuis 8 ans, ne sera examinée qu’en 2003. « Ils ne veulent rien faire avant les élections dit Son Chhay, député du PSR. Certains bailleurs de fonds, comme l’Angleterre, se disent profondément déçus.
AGRICULTURE
La récolte de riz de saison des pluies et de saison sèche de 2001-2002 a produit environ 4 millions de tonnes, soit 160 000 tonnes de plus que l’an dernier. 256 347 hectares ont été cultivés, contre 151 450 l’année précédente. Selon les statistiques officielles, le rendement à l’hectare serait passé de 3,178 tonnes à 3,204. On projette de transformer les rizières de riz flottant en rizières de saison sèche.
L’agriculture se mécanise peu à peu. On compterait 3 000 tracteurs dans le pays, et 10 000 motoculteurs. Le ministère de l’Agriculture a mis au point une faucheuse mécanique portable pour faciliter la moisson du riz.
Des cas de fièvre aphteuse et de septicémie hémorragique déciment le cheptel bovin des provinces de Battambang et de Kompong Cham.
DEFORESTATION
Le 30 avril, Eva Galabru, responsable locale de l’ONG Global Wittness (GW), chargée de l’inspection des forêts cambodgiennes depuis 1999, est agressée à coups de bâton devant le bureau de l’ONG, à 22h30, par trois hommes cagoulés. Cette agression a lieu une semaine après la publication d’un rapport constatant la déforestation de la région de Kompong Thom. Le lendemain elle reçoit un mail portant simplement « Allez-vous en Déjà elle avait reçu des menaces à peine voilées de membres du gouvernement. Tous condamnent l’agression, mais personne n’est inquiété. « Le travail de l’ONG doit toucher d’importants hommes d’affaires dit le représentant du collectif des 18 ONG cambodgiennes de défense des droits de l’homme. Un rapport de ces ONG dénonce d’autre part, 22 cas d’intimidations de leurs militants entre 1993 et 1998.
Début mai, la Banque Mondiale (BM) dans une lettre au gouvernement, dénonce des violations du moratoire sur l’abattage des arbres, et réclame plusieurs mesures, faute de quoi le versement d’une tranche de 15 millions de dollars sera compromis. Effectivement, ce versement est reporté de trois mois, mais à la demande du gouvernement.
Dans la province de Stoung Treng, des soldats démobilisés abattent des arbres sur de très grandes superficies, le long de la route 19 qui conduit au Vietnam, puis vendent les terres. Les autorités provinciales se déclarent incapables de les en empêcher. En principe, ces terres appartiennent à l’Etat.
Au moins 1 000 hectares de forêts sont déboisés par des Chams, dans la province de Kompong Cham, dans les secteurs de Dambèr et de Mémot. Les officiers de police auraient vendu des permis pour 200 à 300 dollars chacun.
Trois semaines avant la tenue du GC, une partie des donateurs, dont la BM, dénoncent « une augmentation manifeste des coupes illégales » et « les autorisations non planifiées, et tenues secrètes Ils demandent que soient prises des mesures énergiques contre les violations flagrantes et répétées du moratoire décrété pat Hun Sen en début d’année. Le gouvernement répond qu’il a mis fin aux contrats de deux sociétés, la Hero Taïwan et la Voot Tee Peanich, puis prononce le 23 mai, un moratoire total sur les transports des grumes. « Mais durant la saison des pluies, de toute manière on interrompt pratiquement les convois font remarquer les donateurs.
Le 16 juin, soit quatre jours avant la tenue du GC, Hun Sen résilie le contrat avec la compagnie forestière malaise GAT (Grand Atlantic Timber), mesure réclamée depuis des années par Global Wittness. GAT avait un contrat de 25 ans, signé en 1995, portant sur une concession de 365 000 hectares dans la province de Koh Kong, Kompong Thom, Pursat, Kratie, Mondolkiri. L’ONG demande également la résiliation du contrat avec Phéaphimex, très proche de Hun Sen, qui aurait abattu illégalement un million d’hectares.
L’Assemblée nationale, comme par hasard, commence le débat sur la loi forestière, le jour de l’ouverture du GC. Dans les jours qui suivent, les séances sont ajournées, faute de quorum. Les ONG trouvent la loi trop frileuse. Il semble qu’il y ait une absence de volonté politique de mettre fin à un trafic si juteux. Le rapport annuel de Global Wittness rendu public le 21 juin est accablant au titre évocateur « Déforestation sans limites
Le 24 juin, l’Assemblée nationale crée un bureau de « l’Administra-tion forestière placée sous l’autorité du ministère de l’Agriculture, et chargée de superviser le travail des quinze sociétés opérant encore au Cambodge. Cette création est vivement critiquée par Global Wittness, chargée officiellement du même travail depuis 1999.
AIDES ET INVESTISSEMENTS
Le 14 mai, le Premier ministre inaugure les polders de Prey Nup, près de Sihanoukville. Ces polders datent des années 1930. Rénovés en 1956, un tiers des parcelles ont été abandonnées par la suite faute d’entretien. Plus de 90 km. de digues de 7,9 m. de hauteur permettent l’exploitation de 11 000 hectares de terres et l’intensification des cultures. Ces travaux ont été financés par l’Agence française pour le Développement, qui a octroyé une aide de 3,35 millions d’euros en 1997, puis 3,8 en 1999, et 3,8 millions en 2002 pour la remise en état complète des polders. Désormais 50 000 personnes pourront vivre sur ces terrains. L’Etat cambodgien est chargé de l’entretien des structures primaires (digue principale) et les usagers de celui des infrastructures secondaires.
Le 29 juin, est inaugurée la centrale hydroélectrique N° 1 de Kirirom de 12 mégawat, ainsi qu’une ligne à haute tension de 115 km. qui relie Phnom Penh via Kompong Speu. C’est la compagnie chinoise Cetic qui a fait ce travail, pour un coût total de 28 millions de dollars, et qui a la concession de l’usine pour 30 ans. Sam Rainsy s’était opposé, en novembre 2000, aux conditions trop favorables, à son avis, faites à la société chinoise. 20 000 à 30 000 familles de Phnom Penh pourront ainsi bénéficier de cette électricité.
Le 24 juin, le tronçon de la route nationale 7 entre Mémot et Snoul (45 km.) est ouverte à la circulation. Ce chantier de 5 millions de dol-lars a été financé par la BAD et devrait être achevé en 2004. La Chine s’est engagée à financer la réfection de la route jusqu’à Stoung Treng.
Le Japon contribue à hauteur de 500 000 dollars au projet gouvernemental concernant le développement des ressources humaines et techniques pour les réformes commerciales en faveur des pauvres (diversification des cultures et artisanat). Ce projet est mis en place par six agences de l’Organisation mondiale du commerce, la Banque mondiale et le PNUD.
Le Japon va consacrer 16 millions de dollars au réseau électrique de SiemréaP. Ce programme sera achevé en mars 2004.
Le Japon accepte de financer la réhabilitation de plusieurs canaux d’irrigation dans la province de Kandal et la fourniture d’équipements nécessaires pour une somme de 8,5 millions de dollars, permettant d’irriguer 550 hectares dans la province de Kandal, et d’accroître la productivité de 2 400 autres.
Le 13 juin, le Japon remet 13 millions de dollars d’aide au gouvernement : 6,4 pour améliorer les équipements de déminage, 6,3 pour financer des travaux d’adduction d’eau potable dans la périphérie de la capitale, 309 000 dollars à la société de télévision TVK pour acheter des programmes à l’étranger.
Le 20 mai le PAM (Programme alimentaire mondial) signe un mémorandum d’entente avec le gouvernement portant sur un programme d’assistance de 3,5 millions de dollars, financé par le Japon, afin de remédier à la « malnutrition chronique d’une partie de la population ». Le 29 mai, le PAM annonce un programme de 5 ans en partenariat avec le Japon destiné à améliorer le drainage dans trois grandes zones de rizières autour du grand lac. Le 23 mai, 5 602 tonnes de riz données par le Japon arrivent au Cambodge. Ce riz sera distribué à 350 000 paysans des provinces de Bantéay Méan Chhey, de Siemréap et de Kompong Speu, selon le travail effectué. Le Japon a assuré 31 % des ressources du PAM en l’année 2001.
Le 28 mai, une convention de financement d’un projet de maîtrise dans le domaine de la gestion et du développement humain, d’un montant de 1,2 millions d’euros est signé entre la France et le Cambodge : appuis à la gestion administrative et financière de la ville de Phnom Penh, renforcement des services techniques, assainissement et drainage.
Le 17 mai, l’Union européenne s’engage à verser 75 millions de dollars durant les trois ans à venir pour financer des projets de développement rural, d’éducation et de santé.
Le 27 mai, la Corée du Sud annonce un prêt de 48 millions de dollars, au taux de 1 %, ainsi que des investissement directs. 28 millions sont destinés à la création d’un centre de formation professionnelle, et 20 millions pour la réfection de la route nationale 3. Selon l’ambassadeur de Corée, déjà 200 entreprises sud-coréennes seraient implantées au Cambodge, en particulier dans le textile. Il prévoit une augmentation des touristes coréens, dont le nombre devrait passer de 80 000 actuellement, à 200 000 par an.
Le 5 juin, l’ambassadeur de Suisse signe un engagement portant sur 445 000 dollars pour la conservation de Bantéay Srey.
Le groupe ABB, multinationale ouvrant dans le domaine de l’énergie et des infrastructures, s’installe au Cambodge. Le Cambodge est le 101e pays où est installée cette société. Elle a des investissements à Phnom Penh et à Sihanoukville. « Cela signifie que le Cambodge est politiquement stable et qu’il a d’énormes besoins d’énergie dit le représentant de la société.
Un consortium de Las Vegas envisage d’investir 100 millions de dollars pour aménager les deux îles cambodgiennes de Koh Rung et Koh Rung Samleum, 25 km. au large de Sihanoukville, en un complexe touristique. Le groupe a reçu une concession de 70 ans, et s’engage à verser 3 millions de dollars durant les 3 prochaines années au gouvernement.
L’Ouganda et le Cambodge, deux pays parmi les plus pauvres de la planète, passent un accord commercial, sans doute pour importer du coton nécessaire aux usines textile du Cambodge.
JUSTICE
Le général Sam Bith
Le 27 avril, The Melbourne Age, journal australien, affirme que le général Sam Bith, accusé du meurtre des trois jeunes européens à Phnom Voar en 1994 « vit au grand jour, dans une maison somptueuse, à côté d’un poste de police à Sdau » (province de Battambang, et dirige une entreprise de transport avec son neveu. L’ancien chef khmer rouge, promu général en 1999, convoqué comme témoin lors du procès de son subordonné Nuon Paet en 1999, était placé sous mandat d’arrêt, cité à comparaître pour la seconde fois en juin 2000, cette fois comme inculpé. Il a été suspendu de son grade par les autorités militaires. Les autorités judiciaires affirment ignorer où il se trouve…
Le 22 mai, il est arrêté à son domicile et incarcéré à la prison de Prey Sâr, près de Phnom Penh. Il refuse son avocat commis d’office, et exige les services de maître Kar Savuth, défenseur de Duch.
A l’initiative de la femme de l’accusé, Nuon Chéa, N° 2 des ex-Khmers rouges, et une quinzaine d’anciens responsables signent une pétition déclarant que Sam Bith était à l’hôpital au moment des faits.
Ce cas illustre les difficultés de l’ONU pour mettre sur place un tribunal pour juger les ex-dirigeants khmers rouges : les autorités cambodgiennes n’attendent que l’argent de l’ONU, mais tiennent à garder la haute main sur les inculpations possibles. Les autorités n’agissent que lorsqu’elles sont acculées à le faire, comme dans le cas de Sam Bith, un mois avant la tenue du Groupe Consultatif…
Le 27 juin, l’ONU annonce qu’elle retire ses observateurs auprès des cours cambodgiennes.
Le 19 juin, premier jour du GC, le gouvernement crée le « Conseil pour la réforme du système judiciaire et légal présidé par Sok An, ministre du Conseil des ministres, et dans lequel figure plusieurs ministres. Beaucoup interprètent cette création comme un coup de bluff pour impressionner les donateurs. Dans ce conseil, il n’existe aucune distinction entre l’exécutif et le législatif.
Ressortissants cambodgiens aux Etats-Unis
Le 2 mai, le gouvernement cambodgien accepte de recevoir 1 431 de ses ressortissants entrés illégalement aux Etats-Unis et qui y ont commis des délits. Une centaine d’entre eux sont actuellement incarcérés aux Etats-Unis. Six d’entre eux arrivent au Cambodge le 22 juin, mais sont tenus au secret. Il ne semble pas que d’autres suivront immédiatement. Sam Rainsy estime que ces ressortissants sont le pur produit de la société américaine, et que c’est à elle de les prendre en charge.
Le 21 mai, So Din, accusé de vol, dans la province de Kompong Cham est arrêté par la police qui lui tire trois coups de feu à dix mètres de distance et font disparaître son corps. Selon la police, il voulait lancer une grenade. Les ONG de défense des droits de l’homme enquêtent.
Initialement fixée au 1er avril, puis au 1er mai, la chasse aux copies piratées de CD, exigée pour l’entrée du Cambodge dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce) commence le 4 juin. La corruption des agents de vérification entrave gravement le sérieux de la mesure.
Droits de l’homme
Le rapport de Peter Leuprecht, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour les droits de l’homme au Cambodge, rendu public le 10 juin fustige la recrudescence des viols et des lynchages au Cambodge. Le rapport en dénombre 200 pour les six premiers mois de l’année, alors que l’on en a rapporté 150 pour toute l’année 2001. Autrefois, on en notait une vingtaine par an. Sans doute, jadis, beaucoup de victimes ne se manifestaient pas, comme elles ont la possibilité de le faire actuellement. Seuls douze cas ont été cités en justice, et suivis de sept condamnations à trois ans de prison ou à payer entre 170 et 250 dollars aux parents des victimes. Selon la Licadho, la moyenne d’âge des victimes, en 2001, serait de 12 ans (de 15 mois à 17 ans), en 2002 à neuf ans, l’âge des violeurs passerait de 20-28 ans à 18-24 ans.
65 cas de lynchages ont été dénombrés en trois ans, dont onze en 2002, et près de 50 à Phnom Penh. On en comptait environ un par mois en 2000. Seulement deux lynchages ont donné lieu à des poursuites judiciaires, mais à aucune incarcération. La police est généralement passive, parfois même activement complice.
Pavillons de complaisance
La CSC (Cambodia Shipping Corporation), société basée à Singapour, ayant obtenu la délivrance de pavillon de complaisance cambodgien depuis 1994, se défend d’abriter des « poubelles pour seaux rouillés comme l’accuse la Fédération Internationale du transport, après avoir constaté 207 déficiences lors de 233 inspections. La CSC aurait 450 bateaux dans ses registres, et rapporterait environ 100 000 dollars à l’état cambodgien par an, 85 % des revenus restant à la compagnie. Le 13 juin, le « Winner bateau battant pavillon cambodgien, avec à son bord une douzaine de marins, est arraisonné par la marine française au nord-ouest des côtes africaines. Les sommations d’usage ne servant à rien, la marine française a dû tirer au canon sur le bateau, après en avoir demandé l’autorisation à Hun Sen. Ce bateau était filé depuis des mois par les Etats-Unis, la France, la Grèce et l’Espagne. Il transportait vraisemblablement trois tonnes de cocaïne destinées à la consommation européenne, mais l’équipage a réussi à en jeter plus d’une tonne par dessus bord, tirant au fusil sur les marins qui tentaient de repêcher les ballots… La cargaison est estimée à 230 millions de dollars. Le gouvernement déclare vouloir procéder à un audit complet de la compagnie maritime.
Le 16 juin, un ferry privé turc est éperonné par un bateau battant pavillon cambodgien. C’est le sixième accident en dix-huit mois.
Montagnards
Le gouvernement demande à l’UNHCR de fermer ses bureaux dans les provinces de Mondolkiri et Ratanakiri, pour ne pas encourager la fuite de nouveaux Montagnards du Vietnam. Les organismes de défense des droits de l’homme s’inquiètent de ce que, désormais, les candidats au départ du Vietnam pour se réfugier au Cambodge soient refoulés par les autorités cambodgiennes.
Le 16 mai, deux militants du PSR sont arrêtés dans la province de Mondolkiri. Ils sont accusés d’avoir guidé les réfugiés vietnamiens au Cambodge.
L4 juin, le premier groupe de Montagnards quitte le Cambodge pour la Caroline du Nord. La plupart ont quitté le Cambodge à la fin juin.
Le 12 juin, pour la première fois, le Vietnam reconnaît avoir commis des erreurs à l’égard des Montagnards, mais demande à ses troupes de rester vigilantes pour déjouer les plans de ceux d’entre eux qui, poussés par les Américains, voudraient créer un Etat indépendant.
SOCIETE
Immigration
Pour la seconde fois, Chéa Sophara, gouverneur de la ville de Phnom Penh fait procéder au recensement des étrangers. 1 402 familles sont recensées dans l’arrondissement de Russey Kéo, parmi les 34 360 que compte l’arrondissement. L’opération est théoriquement gratuite, les policiers n’hésitent pas à faire payer entre 1,5 et 2,5 dollars l’opération à chaque famille.
Mouvements sociaux
Dans un rapport rendu public quelques jours avant la tenue du GC, l’organisation anglaise Oxfam estime que 200 000 personnes sont engagées dans des disputes concernant des terrains spoliés par des militaires et hauts fonctionnaires. « C’est le principal obstacle au développement estime l’association. 10 à 12 % de la population sont sans terres, dans un pays où 80 % sont des ruraux. Beaucoup doutent de la volonté politique du gouvernement de faire appliquer la loi foncière votée en août dernier par l’Assemblée nationa-le, car c’est au sein du gouvernement que sont les prévari-cateurs. 83 % des terres appartiennent au gouvernement. 800 000 hectares sont accordés à des concessions, mais 150 000 hectares de ces concessions ne sont pas utilisés.
Les grands projets d’aménagements du territoire (axes routiers, centrale électrique, barrages, etc.), surtout celui de la capitale, engage des déplacements de populations. Un « Réseau d’action pour le relogement » est formé par le Forum des ONG. Un projet sur cinq financés par la BM implique des déplacements de personnes. Le Japon accepte de financer les déplacements de population.
De très nombreux cas d’abus de pouvoir, d’expulsions, de spoliations sont signalés durant les deux derniers mois.
Le 5 mai, 218 familles de Kbal Spéan, dans la commune de Poïpet, habitant à proximité d’un casino, font appel au Premier ministre : elles ont été délogées par la force armée, d’un territoire qu’elles occupaient depuis 1997, pour être envoyées à 20 km dans un terrain miné qui reste à défricher. Pendant ce temps, leurs terres sont labourées par des tracteurs, sous protection de la police. 1 000 familles de Tuol Prasat sont menacées d’expulsion pour faire place à un projet de développement thaïlandais. Soixante familles sont déjà déplacées de Tuol Prasat. Le 2 juin, une jeune fille de 18 ans saute sur une mine dans les terrains alloués aux familles déplacées.
Le 6 mai, une quarantaine de personnes représentant 48 familles de Tbaung Khmum (Kompong Cham) manifestent à Phnom Penh contre le vice-gouverneur de la province qui a « envoyé des tracteurs protégés par les forces armées détruire leurs cultures » et accaparer leurs 646 hectares de terres. En mai 1999, Hun Sen avait pourtant ordonné que les 2 000 hectares occupés par 191 familles leur soient en partie ré-attribués. Le vice-gouverneur argue de disputes entre les paysans. Le 3 mai, le représentant des familles a été arrêté par la police.
L’association ADHOC, accuse les autorités de Païlin d’avoir spolié 600 familles de l’arrondissement de Sala Krau, à deux reprises, depuis 1998, pour y construire des casinos. Un troisième ordre est donné pour chasser des familles de leur terrain pour y construire un marché international. Le terrain donné en échange aux familles est truffé de mines.
Le 8 mai, environ 200 habitants des provinces de Kompong Cham, Prey Veng, Svay Rieng et Bantéay Méan Chhey, conduits par Sam Rainsy, manifestent devant le siège de la BM pour protester contre « l’injustice de la répartition des terres Elles demandent à la BM de « faire pression pour que la loi foncière nouvellement adoptée soit effectivement appliquée
Le 14 mai, 1 900 personnes manifestent devant l’Assemblée nationale pour demander la récupération de leurs terres, perdues durant les vingt dernières années.
Le projet de développement industriel de la région de Koh Kong, à Cham Yean (Mondul Seima), entraîne la réquisition de 336 hectares occupés par une cinquantaine de familles.
Le 6 juin, 24 personnes, hommes et femmes, dont une vieille femme, qui occupaient un terrain destiné par Teng Bunma à la construction d’une zone de marché international sont arrêtées vigoureusement par la police.
Le 6 juin, une soixantaine de villageois d’Anlong Pram Pi, dans la province de Battambang, manifestent devant l’Assemblée nationale contre la spoliation de leurs terres par le bureau local de l’environnement.
Le 13 juin, une opération musclée, menée par le chef de la commune de Kork Balain, dans la province de Bantéay Méan Chhey, affilié au PPC, déloge une famille au bulldozer. Cette famille est installée sur ce terrain depuis 1984.
186 grèves ont été recensées en 2001. Le SIORC envisage de négocier des conventions collectives pour éviter ces mouvements de grève inutiles et dommageables à l’économie du pays.
Le 21 mai, les 1 500 ouvriers de l’entreprise Gen Non cessent leur grève sans pour autant avoir obtenu la réembauche d’un syndicaliste licencié.
Le 22 mai, 850 ouvriers de l’usine de textiles Wilson Garment manifestent contre le licenciement de deux personnes du service de sécurité qui tentaient de lancer un syndicat.
Le 27 mai, plus d’un millier d’ouvriers de l’usine de confection Wear Well Cambodia se mettent en grève suite au licenciement de deux délégués syndicaux, dont l’un accusé d’escroquerie. Ils y ajoutent 12 revendications.
Le 17 juin, 500 ouvriers de l’usine textile Sino Nature bloquent les sorties de leur usine que la direction a fermé sans en prévenir ni le personnel, ni le ministère des Affaires sociales, ni le ministère du Travail. Cent ouvriers ont travaillé dans de mauvaises conditions pendant cinq mois, et n’ont reçu que vingt dollars.
Le même jour, environ 500 ouvriers de la Supreme Choice Factory manifestent devant le ministère du Commerce, pour manifester contre la direction qui a fermé l’usine sans accorder les trois mois de prime de licenciement. La veille, les ouvriers ont vu embarquer les machines à coudre et les ordinateurs hors de l’usine.
Ces grèves tombent à un mauvais moment : les commandes en provenance des Etats-Unis sont nombreuses et la proximité de la tenue du Groupe Consultatif est une bonne occasion pour révéler le manque de progrès dans l’amélioration des conditions de travail. A quelques semaines de la tenue du GC, Chéa Vicéa, du SIORC, adresse une lettre aux représentants du FMI, des Etats-Unis et de la France pour leur demander de « faire pression sur le gouvernement pour qu’il agisse selon ses engagements en faveur des droits des travailleurs
Santé
Le 7 mai, la France remet un scanner d’une valeur de 400 000 euros à l’hôpital Calmette. Ce scanner, le nec plus ultra de la technique, servira, entre autres, à déceler les traumatismes crâniens dont sont victimes 1 400 personnes par an. L’examen sera gratuit pour les indigents, coûtera entre 90 et 120 dollars pour les autres.
Certains traitements aux anti-rétroviraux reviennent à un peu moins de 90 dollars par mois (27 en Thaïlande). En février 2001, la société indienne CIPLA a annoncé qu’elle pouvait offrir des anti-rétroviraux à Médecins sans frontière pour 350 dollars par mois, et à 600 au gouvernement. Une partie des 6 millions de dollars accordés par le Fonds Global de lutte contre le Sida devrait être affecté à l’achat de ces médicaments.
L’opposition s’insurge de ce qu’une seule société (sans doute proche du pouvoir) reçoit l’exclusivité de l’importation de rétroviraux.
Médicam fait appel aux donateurs afin qu’un meilleur accès des pauvres aux soins ne soit pas négligé. L’organisation demande également de se méfier de « l’essor du secteur privé de la santé qui pratique des prix élevés et n’est pas toujours très sérieux. Selon Médicam, 49 % des prescriptions seraient « douteuses
Quelques semaines avant la réunion du Groupe Consultatif, Médicam affirme dans une déclaration que la mauvaise qualité des services de santé du Cambodge demeure un important facteur d’appauvrissement et empêche le développement économique. Une famille dépense en moyenne 29 dollars par an en soins médicaux, soit 11 % du PIB – c’est l’un des taux le plus élevé du monde.
Trafic d’êtres humains
Le Cambodge descend d’une catégorie dans le rapport des Etats-Unis concernant le trafic des personnes, celui des pays ne faisant pas le minimum d’efforts pour lutter contre ce fléau. La corruption est particulièrement épinglée. Dix-neuf pays sont dans ce cas. Sar Kheng, ministre de l’Intérieur proteste contre les conclusions du rapport. Le 10 juin, à la chambre des députés, Sam Rainsy accuse (avec raison) certains hauts fonctionnaires de se livrer au trafic d’êtres humains.
Selon les statistiques compilées par l’Organisation internationale des migrations (OIM), en 2001, il y avait entre 80 000 et 100 000 prostituées au Cambodge, dont 30 % de moins de 18 ans, filles et garçons. 400 à 800 femmes et enfants sont envoyés chaque mois à l’étranger pour y travailler comme prostitués, victimes de réseaux organisés. 2 592 enfants sont morts du sida, 2 614 mineurs seraient séropositifs. Les prostituées étaient au nombre de 1 500 en 1990, puis de 20 000 en 1992, après l’arrivée de l’APRONUC.
14 jeunes prostituées vietnamiennes, visiblement victimes d’un trafic humain, sont libérées d’un bordel par les soins de l’AFESIP (Association de protection des femmes en situation difficile), puis envoyées en prison par la police, comme immigrantes illégales. L’ONG et le ministère de la Condition féminine protestent. Quatre d’entre elles seront libérées après quelques jours.
Mines et destruction d’armes
Le 2 mai, 6 243 armes ramassées lors d’une opération « Flamme de la Paix » financée et supervisée par la Commission européenne, sont détruites à Bantéay Méan Chhey. Le 24 juin, 4 956 armes sont brûlées dans la province de Kompong Speu dans le cadre de la même opération. On aurait ainsi détruit plus de 11 654 armes. Mais il en resterait entre 500 000 et un million en circulation…
Des Canadiens lancent une étude sur l’implantation des mines en interrogeant les villageois. L’étude constate que 46 % des villages, soit 6 367 d’entre eux, sont encore affectés par des mines ou des bombes non explosées. Selon les militaires américains, 155 000 bombes ont été déversées dans l’Est du Cambodge. Or, 10 à 20 % des bombes n’explosent pas, dans la forêt ou en terrain mou, la proportion peut monter à 30 % en certains endroits.
Treize démineurs cambodgiens partent en mission pour 6 mois en Erythrée. « C’est une grande fierté pour nous affirme le secrétaire général du CMAC. Une équipe avait déjà opéré au Kosovo. Une prochaine mission devrait partir pour l’Afghanistan.
En mars, 95 accidents sont causés par des mines et engins non explosés. En huit provinces du Cambodge, on ne dénombre aucun accident par mines l’an dernier. De janvier à avril 2002, on relève 343 accidents, contre 345 l’an dernier. Les accidents ont diminué de 60 % depuis 1998. Plusieurs accidents se produisent en juin dans le secteur d’Ang Snuol, des enfants jouant avec des obus non explosés. Au moins cinq d’entre eux sont tués.
En mai, le Danemark annonce une contribution de 600 000 dollars au CMAC, au titre de 1999. La subvention avait été bloquée par manque de confiance au CMAC. Le Japon annonce une contribution de 6,5 millions en équipements pour les années 2002-2003. En 2001, le CMAC a nettoyé 9,63 km de terres, soit 37 % de moins que prévu. Le CMAC emploie 2 264 personnes, dont 80 à Phnom Penh. Précédemment 3 080 personnes étaient employées à Phnom Penh.
Education nationale
Le nombre des élèves du primaire a crû de 14 %, et atteint 2,7 millions d’enfants. Dans le secondaire, la croissance est de 19 % et atteint 460 000 élèves. Le recensement de 1998 notait que seulement 25 % de la population avait terminé l’école primaire.
Vingt lauréats d’un concours lancé par le Japon en 2000 ont bénéficié de bourses d’études pour le Japon, et y étudieront le droit, l’économie, les relations internationales et l’agriculture.
Sport
La sélection nationale handisport (handicapés) ramène treize médailles de la compétition handisport régionale qui se tenait en Malaisie du 1er au 4 mai : six en or, cinq en argent, deux en bronze.
Le 5 mai, lors des jeux de la Confédération de Football de l’ASEAN, le Cambodge perd de 5-0 devant le Vietnam, mais gagne de 2-0 devant Macao.
La Coupe du monde de football donne lieu à une frénésie de paris, confiés par le gouvernement à la Cambosix, unique société (proche du pouvoir) autorisée. En réalité, beaucoup de petites échoppes ouvrent leurs portes aux parieurs. La police fait des descentes pour demander de l’argent plus que pour mettre fin aux trafics. On note une recrudescence des vols, un kidnapping, et un assassinat sans doute liés aux jeux.
Bienfaisance
Mobitel verse 50 000 dollars à Krousar Thmey et Friends pour les 12 prochains mois (façon de se racheter sur les 2 500 dollars versés comme « salaire fictif » au ministre des Postes et Télé-communications…)
PROBLEMES DE FRONTIERES
Durant les deux derniers mois, le groupe des Etudiants Khmers pour la démocratie manifestent, écrivent au roi, rendent visite au roi pour dénoncer des violations de frontières de la part du Vietnam. Le roi répond que c’est du ressort du gouvernement. Des députés se rendent dans la province de Svay Rieng pour examiner la situation. Le gouvernement nie tout empiètement vietnamien au Cambodge.
Au terme de négociations qui ont duré trois jours, le 19 juin, le Cambodge et le Vietnam ont décidé d’ouvrir six points de passages pour faciliter le commerce entre les deux pays. Un second point de passage international est ouvert à Kirivong.
PATRIMOINE
Kampuchéa Krom
Le 4 juin, 1 949 moines sont invités sur la place du Mérou, devant le musée national, en souvenir de la date de la cession de Kampuchéa Krom, soit 65 000 km au Vietnam par la France, le 21 mai 1949. Ce même 4 juin, voit la naissance aux Etats-Unis, d’un « Front National pour la Libération du Kampuchéa Krom qui dit vouloir combattre le Vietnam pour récupérer la province perdue. Le sénateur Tach Sétha, président de la Fondation du Kampuchéa Krom se désolidarise d’un tel Front, refusant l’usage de la force, ou la création de forces armées, mais seulement ouvrer pour que le respect des droits des Khmers du Kampuchéa Krom par les autorités vietnamiennes. (A part le Sangkum du réaliste Sihanouk, tous les régimes qui se sont succédés à Phnom Penh depuis 30 ans ont demandé le retour du Kampuchéa Krom.)
Angkor
Durant la seconde semaine du mois de mai, quatre mètres de plafond d’une galerie de Ta Prom se sont effondrés. L’Inde s’est engagée à réparer Ta Prom. Les termites ont fragilisé les temples, les pluies diluviennes ont fait le reste. On avance la déforestation comme autre cause, car le manque d’arbres donne au vent plus de prises sur les grands arbres des deux temples.
Un paysan découvre une statuette de Vishnou datant du Xe siècle à Thmâr Sâr, haute de 50 cm. et pesant 9 kilos. Il ne voulait la remettre qu’au roi. Des inconnus lui en donnaient 30 000 dollars. Finalement il a accepté de la remettre à Sok An, ministre du Conseil des ministres.
Le 23 janvier, la Thaïlande saisit un grand nombre d’objets d’art passés en contrebande du Cambodge. 95 objets devraient être rendus au pays.
En mars 2001, 106 statues bouddhistes décapitées, mais en très bon état sont découvertes près du temple de Bantéay Kdei. Cinq mois plus tard on en découvre 167 autres ainsi qu’un pilier de 1,2 m. recouvert de 1 008 images de Bouddha assis. Ces découvertes pourraient jeter une nouvelle lumière sur l’histoire religieuse du Cambodge.
Une convention de jumelage d’une durée de cinq ans est passée entre la ville de Versailles et l’autorité Apsara. La collaboration vise à échanger des collaborateurs, des informations, la production de spectacles et l’organisation d’expositions.
DIVERS
La municipalité de Phnom Penh fait installer un groupe électrogène de 650 KW et 30 projecteurs pour éclairer le temple de Préah Vihéar, de 19 à 21 heures qui « brille comme la lune dans le ciel La construction d’une école et d’un hôpital au pied de la colline est en projet.
Grâce à des photos par satellite, on a pu repérer une colonie de 150 grues antigones dans la province de Takéo, le plus gros animal volant du monde. Il y a 1 500 spécimens de cette grue dans le monde. Cet animal est représenté sur les bas-reliefs d’Angkor.
Le Cambodge hébergerait entre 100 et 400 éléphants. On découvre fréquemment des bêtes abattues pour leur prendre leur ivoire qui se monnaye pour 200 dollars le kilo. Un éléphant peut avoir des défenses pesant entre 20 et 40 kg.
Le 27 juin, le Conseil des ministres décide de classer les Cardamomes comme zone de biosphère. Les trois concessions forestières qui, s’étendant sur 398 136 hectares, du million que représentent les Cardamomes devront cesser leurs activités. On y trouve des espèces rares, telles que le crocodile siamois, le tigre indochinois et plusieurs sortes de gibbons.