Eglises d'Asie

La Cour suprême du Pakistan prononce l’acquittement d’Ayub Masih, un chrétien précédemment condamné à mort pour blasphème contre le prophète

Publié le 18/03/2010




Selon le quotidien pakistanais Dawn (‘l’Aube’) paru le 16 août, la Cour suprême du Pakistan a publiquement déclaré l’innocence d’Ayub Masih, un chrétien du Pendjab, précédemment condamné à mort pour blasphème contre le prophète Mahomet. C’est un jury de trois juges qui, le 15 août 2002, après avoir écouté l’exposé des faits de la bouche de l’avocat à la Cour suprême, Maître Abid Hasan Minto, ainsi que le réquisitoire du procureur, a déclaré casser le précédent jugement condamnant à mort l’inculpé, jugement qui avait été prononcé par la Haute Cour de Lahore. Le tribunal a remis à plus tard la publication des raisons motivant sa décision.

Ayub Masih avait été accusé de blasphème en vertu de l’article 295 du Code pénal à la suite d’une plainte déposée par Mohammad Akram le 14 octobre 1996, le dénonçant pour avoir prononcé des paroles blasphématoires à l’égard de l’islam et du prophète. L’accusé s’était défendu avec vigueur, niant avoir formulé les phrases qui lui étaient attribuées. Il avait déclaré devant le tribunal que le plaignant voulait en réalité s’accaparer une parcelle de terre lui appartenant. Le 27 avril 1998, le tribunal de Sahiwal l’avait condamné à la peine de mort. C’est pour protester contre cette décision jugée inique que Mgr John Joseph, évêque de Faisalabad, après avoir conduit une manifestation de chrétiens devant le tribunal, s’était donné la mort, un geste qui avait frappé l’opinion aussi bien au Pakistan que dans le monde (1). Trois ans plus tard, le 24 juillet 2001, la Haute Cour de Lahore avait rejeté l’appel formulé par les avocats du chrétien et confirmé le jugement précédent (2).

En février de cette année, la Cour suprême avait accepté d’examiner une fois de plus le cas, à la suite d’une nouvelle demande de recours qui lui avait été adressée (3). Le 15 août dernier, devant les trois juges de la Cour suprême, l’avocat de Ayub Masih a souligné dans son plaidoyer les intentions réelles de Mohammad Akram lors du dépôt de sa plainte pour blasphème contre son client. Il a rappelé que le plaignant voulait en réalité s’approprier la parcelle de terre sur laquelle Ayub et son père résidaient. Après l’arrestation, il était allé occuper illégalement les lieux et avait déposé auprès du fonctionnaire compétent une demande pour que le terrain en question lui soit alloué. Le transfert de propriété avait été effectué en son nom et l’administration locale est venue témoigner au procès que Mohammad Akram s’était déjà acquitté des impôts fonciers liés à ce terrain.