Eglises d'Asie

Les évêques catholiques s’inquiètent des empiètements sur la liberté religieuse provoqués par la politisation progressive de l’islam

Publié le 18/03/2010




Par un communiqué de presse daté du 1er août, signé par Mgr Soter Fernandez, archevêque de Kuala Lumpur et président de la Conférence épiscopale, les évêques catholiques de Malaisie ont exprimé leur “inquiétude” concernant la pratique future de la liberté religieuse dans le pays.

Leur initiative répond à un discours du Premier ministre, Mohamad Mahathir, qui déclarait en septembre 2001 que la Malaisie “est déjà un Etat islamique modèle”. Les évêques mentionnent aussi le vote, le 8 juillet dernier, de l’assemblée parlementaire de l’Etat de Terengganu permettant l’application de la charia pour diverses infractions pénales. Ils estiment que ce vote va à l’encontre de la Constitution de la Fédération de Malaisie. Ils considèrent cette décision de l’Etat de Terengganu avec “une très vive inquiétude”. Au-delà de ces événements récents, les évêques estiment que, depuis plusieurs années, les fonctionnaires gouvernementaux “imposent des règlements et des décrets qui empiètent sur la liberté religieuse des musulmans comme des non-musulmans”. La situation a plutôt tendance à empirer, ajoutent-ils.

Dans leur analyse, les évêques estiment que tout cela crée une plus grande polarisation des diverses communautés malaisiennes sur les questions de race et de religion, ce qui peut s’avérer extrêmement dangereux pour l’avenir du pays. Par ailleurs, le vote déjà cité de l’Assemblée de l’Etat de Terengganu “viole le contrat social fondamental établi lors de la naissance de la Fédération de Malaisie. Ce contrat ne peut pas être amendé sans que toutes les communautés qui forment la Fédération ne soient consultées et expriment leur accord”. Ce contrat, disent-ils, stipule que, “même si l’islam est la religion de la nation, la Malaisie est un Etat laïque et la liberté de religion y est garantie”.

Les évêques expriment aussi un certain scepticisme quant aux assurances données par le Premier ministre et le gouvernement fédéral selon lesquelles la Constitution ne sera pas amendée : “Ces assurances ne sont pas une garantie suffisante pour que la Malaisie ne dérive pas vers quelque chose qui ressemblerait à un Etat islamique intolérant”. En conclusion, les évêques appellent tous les Malaisiens, musulmans comme non-musulmans, “à refuser toutes les tentatives visant à changer la nature laïque de la Constitution 

La Fédération de Malaisie compte une population de 22 millions d’habitants partagés entre différentes communautés ethniques. Les Malais, presque tous musulmans, forment environ 55 % de la population ; les Malaisiens d’origine chinoise, environ 30 % ; les Malaisiens d’origine indienne, 9 %. Le reste de la population est composé d’ethnies aborigènes et d’Eurasiens. Les musulmans sont entre 50 et 60 % de la population. Il y a aussi 3 % de chrétiens, 6 % de bouddhistes et 8 % d’hindous, le reste de la population pratiquant des religions traditionnelles animistes.