Eglises d'Asie

Les minorités religieuses bénéficieront de sièges législatifs réservés lors des prochaines élections

Publié le 18/03/2010




Le 1er août 2002, en prévision des élections d’octobre, le général Pervez Musharraf signait un décret mettant en application un certain nombre d’amendements à la Constitution, dont certains sont vivement contestés par les partis d’opposition (1). Cependant, l’un d’entre eux a été plutôt bien accueilli par toutes les minorités religieuses. Il s’agit de la restauration de la disposition législative attribuant des sièges législatifs réservés aux diverses minorités non musulmanes. Cette disposition avait été abolie lors de la suppression du système des électorats séparés annoncée par le chef d’Etat, le 16 janvier dernier (2). Autant le retour à un système d’électorat associé avait satisfait les électeurs pakistanais qui la demandaient depuis longtemps, autant l’abolition de sièges propres aux diverses minorités religieuses avait suscité leur mécontentement (3).

Selon le nouveau décret, lors des élections d’octobre, les sièges au Sénat et à l’Assemblée nationale, actuellement dissous, seront en augmentation de 100 pour la première assemblée et de 342 pour la seconde. Dix des sièges de l’Assemblée nationale seront réservées aux minorités, à savoir aux chrétiens, hindous, sikhs et autres religions. La même disposition sera appliquée dans les assemblées provinciales. L’Assemblée législative du Pendjab comportera 371 sièges dont huit seront attribués à des non-musulmans. Celle du Sindh, qui en comportera 168, en réservera neuf aux minorités. Par contre, il n’est pas prévu de représentation non musulmane pour les Assemblées provinciales des provinces de la Frontière nord-ouest et du Baloutchistan.

Cette combinaison entre le système des électorats associés et des sièges réservés était demandée depuis longtemps par les divers dirigeants et responsables laïques des différentes religions non musulmanes. Mgr John Malik, évêque de l’Eglise (anglicane) du Pakistan à Lahore, s’est réjoui de la restauration annoncée, qui selon lui est susceptible de renforcer l’union nationale. Pour Shahbaz Clement Bhatti, un catholique responsable de l’Alliance des minorités de tout le Pakistan (4), la nouvelle disposition législative mettra fin au complexe d’infériorité ressenti par les citoyens adeptes d’une religion non musulmane.

Cette satisfaction est loin d’être partagée par un certain nombre de partis d’opposition islamique. C’est en particulier le cas du parti Jaamat-i-Islami dont le dirigeant Qazi Ahmed Hussain a critiqué en bloc l’ensemble des amendements à la Constitution. Il trouve trop importante la place faite aux membres des minorités religieuses dans le nouveau système électoral, ceux-ci pouvant désormais voter avec tout le monde et exercer leur influence sur l’élection d’un musulman tout en bénéficiant d’un siège assuré pour leurs coreligionnaires.