Eglises d'Asie

Les minorités religieuses préparent activement les élections nationales du mois d’octobre et revendiquent leurs droits politiques

Publié le 18/03/2010




Dans la perspective des prochaines élections nationales qui auront lieu en octobre prochain, les diverses minorités religieuses se sont employées activement à organiser des formations politiques qui les représentent équitablement ainsi qu’à imposer la présence de leurs candidats au sein des grands partis politiques du pays. Deux réunions importantes ont marqué cette préparation du scrutin d’octobre par les religions minoritaires. L’une s’est tenue le 14 juillet à Islamabad et a vu la naissance d’une “Alliance” commune aux diverses religions non musulmanes. La seconde, qui s’est rassemblée à Hyderabad, a été le théâtre de débats importants et fructueux. Avant que le chef de l’Etat ne restaure, par amendement constitutionnel, les sièges parlementaires réservés aux minorités (1), les participants avaient discuté des avantages et inconvénients liés à cette disposition législative.

Le 14 juillet dernier, plus de 200 représentants des minorités chrétienne, hindoue, sikh, parsi et bahaï ainsi que des ethnies bheel, meghwar et kalash, ont créé ensemble une nouvelle formation politique, l’“Alliance des minorités de tout le Pakistan un groupe destiné à lutter pour la défense des droits de ses divers partenaires. C’est un catholique, Shahbaz Clement Bhatti, président du Front chrétien de libération, qui a été élu à la direction de l’Alliance. Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, le nouveau groupe a appelé le gouvernement à abolir la loi sur le blasphème ainsi que les autres réglementations à caractère discriminatoire. Pour mettre fin à la marginalisation qui frappe les minorités et créer le climat d’harmonie et de tolérance qui devrait prévaloir dans le pays, l’Alliance des minorités demande qu’on en revienne aux dispositions en vigueur dans la Constitution de 1979. Les partis politiques ont été priés de donner aux candidats des minorités la place qui leur convient dans le cadre du système des électorats séparés récemment rétabli par le pouvoir (2), afin que la représentation des minorités religieuses soit équitablement assurée dans les assemblées nationales et provinciales.

Les divers orateurs qui se sont succédé à la tribune au nom des minorités présentes se sont exprimés, pour la plupart, sur le thème de la discrimination. Le nouveau président a résumé ainsi le sentiment général : “Nous ne devons pas être crucifiés sur l’autel de la discrimination pour la seule raison que nous n’appartenons pas à la communauté majoritaire… Le Pakistan est le pays des masses écrasées qui luttent pour lui et non celui des terroristes extrémistes et des partisans de l’intolérance et du fanatisme.”

Une autre réunion organisée par le groupe ‘Justice et paix’, le 21 juillet dernier, a consacré une partie de ses débats au problème de l’opportunité de réserver des sièges parlementaires particuliers aux minorités religieuses, un problème qui a été tranché par le décret du président du 1er août suivant. La question se posait alors de savoir si les minorités devaient faire campagne pour le maintien de sièges réservés, une disposition qui avait été supprimée avec l’abolition des électorats séparés. Un certain nombre d’intervenants, comme Peter Jacob, secrétaire de ‘Justice et paix’, Rochi Ram, membre du Parlement, ont fait valoir leur opposition aux sièges réservés au nom de la démocratie et de l’unité de la nation qui devaient être préférées à l’identité religieuse ou ethnique. Les chrétiens devraient être éduqués à voter pour le bien commun plutôt que pour des intérêts particuliers, ont-ils fait remarquer. Certains autres, en particulier, des députés en exercice, comme Saleem Khokhar, détenteur d’un siège réservé aux chrétiens à l’Assemblée provinciale du Sindh, se sont prononcés pour le maintien des sièges réservés. Selon eux, la plupart des Pakistanais manquent de maturité politique et votent encore en fonction des castes, des groupes sociaux et des religions. Les minorités devant encore faire face à la discrimination, il est nécessaire que les hommes politiques les représentent spécialement et luttent pour leurs droits.