Eglises d'Asie

Selon un ministre du gouvernement, la population, ayant perdu confiance dans les autorités, ne compte que sur ses responsables religieux pour assurer le retour définitif de la paix dans le pays

Publié le 18/03/2010




Devant environ 80 responsables catholiques, laïques et membres de la hiérarchie de l’Eglise, réunis le 4 juillet dernier à Colombo à l’occasion d’un colloque sur l’avenir du processus de paix engagé depuis quelques mois dans le pays, Milinda Moragoda, ministre des Réformes économiques, des Sciences et de la Technologie, de retour d’une tournée dans les provinces orientales du Sri Lanka, a fait part de son sentiment sur l’état d’esprit de la population, tamoule ou cinghalaise, du pays. Selon lui, du point de vue de la sécurité, les Sri Lankais ne font plus confiance aux forces de l’ordre gouvernementales, que ce soit la police ou l’armée. Du point de vue politique et humain, a ajouté le ministre, le personnel politique est perçu comme ayant divisé la société sur des critères de classes, de castes, d’appartenance ethnique ou religieuse. Dans un tel contexte, a conclu le responsable gouvernemental, les Sri Lankais se tournent vers leurs leaders religieux pour trouver tant un soutien que des conseils.

Outre les responsables de la Caritas locale, organisateur de la rencontre avec le Mouvement national pour la justice, la paix et la réconciliation, une association interreligieuse, plusieurs évêques catholiques étaient présents. Mgr Vianney Fernando, évêque de Kandy et président de la Commission ‘Justice et paix’ de la Conférence épiscopale, présidait les débats. Mgr Rayappu Joseph, de Mannar, et Mgr Thomas Savundaranayagam, de Jaffna, deux diocèses situés au cour des régions ravagées par la guerre menée par les Tigres tamouls et les forces de sécurité gouvernementales, étaient aussi présents ainsi que Mgr Marcus Fernando, évêque de Chilaw. Le P. Oswald Firth, directeur du Centre d’études sur la religion et la société, a déclaré qu’il était difficile de mobiliser l’opinion publique en faveur du processus de paix tant les responsables politiques se sont coupés du peuple, protégés qu’ils sont par des mesures de sécurité très importantes. De plus, la fortification des bases militaires, les limitations imposées par la marine aux pêcheurs ou encore les délais dans les pourparlers de paix sont autant de facteurs qui ne favorisent pas le retour de la confiance, a-t-il ajouté. Du côté des Tigres tamouls, les bruits récurrents selon lesquels le LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul) continuerait à recruter des mineurs et à prélever un “impôt” dans les zones qu’il contrôle ont amené Mgr Rayappu Joseph à se plaindre de façon circonstanciée auprès d’un haut responsable politique des Tigres.

Selon la chaîne de télévision d’Etat Rupavahini, après avoir été plusieurs fois repoussée, la date des négociations qui doivent avoir lieu en Thaïlande sous l’égide de la médiation norvégienne entre les Tigres tamouls et le gouvernement a finalement été fixée aux 16, 17 et 18 septembre prochain. Afin de préparer ces pourparlers cruciaux pour l’avenir du processus de paix, la chaîne de télévision a annoncé ce 25 août que le gouvernement allait, à compter du 6 septembre, lever l’interdiction visant le LTTE. “L’interdiction sera levée pour un mois [.] et pourra être réimposée si les pourparlers échouent ou si le LTTE décide de quitter la table des négociations”, a encore ajouté la chaîne de télévision, en citant le gouvernement.