Eglises d'Asie

Sichuan : les catholiques chinois construisent un lieu de prière sur une des montagnes sacrées du bouddhisme avec l’approbation bienveillante des autorités civiles et des bonzes

Publié le 18/03/2010




Après discussion avec des autorités bouddhistes au départ réticentes et la médiation du gouvernement, les catholiques ont pu bâtir un centre paroissial sur une des montagnes sacrées du sud-ouest de la Chine. La paroisse de Emeishan a érigé le Pingan Shanzhuang (‘Prieuré de la montagne de la paix’), un ensemble paroissial avec une église, consacrée à St Joseph, et une hôtellerie, située à mi-hauteur, à proximité du célèbre pavillon Quingyin. Ce complexe a coûté plus de 4 millions de yuans (480 000 euros) et a pu être réalisé grâce à l’aide de la Conférence des évêques « officiels » de Chine. Avec sa vingtaine de temples hérités des siècles passés, Emeishan, dans la province du Sichuan, est une des quatre montagnes sacrées les plus réputées du bouddhisme chinois. A son apogée au XVIe siècle, le site a compté jusqu’à une centaine de temples et des milliers de moines. Aujourd’hui, chaque année, Emeishan attire des centaines de milliers de pèlerins et de touristes.

Selon le P. Zhang Mingzhong, du diocèse de Leshan, où se situe Emeishan, l’Association bouddhiste d’Emeishan avait d’abord protesté auprès du Bureau local des Affaires religieuses et d’autres instances gouvernementales. Cependant, après discussions avec les responsables ecclésiastiques et la médiation des autorités locales qui approuvaient le projet de l’Eglise catholique, la paix et l’harmonie ont été rétablies, et, a expliqué le prêtre, les bouddhistes ont fini par accepter la coexistence. L’église est le seul établissement religieux non bouddhiste sur cette montagne.

D’après le P. Zhang, près de 500 catholiques vivent dans les environs immédiats du mont Emeishan. Avant la construction de cette nouvelle église St Joseph, ils devaient marcher deux heures pour descendre et rejoindre un moyen de transport qui les conduisait jusqu’à la ville la plus proche. De plus, comme les activités de la plupart de ces familles sont liées au tourisme, il était difficile pour eux de s’absenter tout un dimanche, jour important pour le tourisme. Dorénavant, ils se retrouvent le dimanche dans leur nouvelle église pour prier, mais, par manque de prêtre, la messe n’y est célébrée que les jours de fêtes. Le P. Zhang espère qu’avec les ordinations sacerdotales à venir dans le diocèse, un prêtre âgé pourra bientôt être nommé à Pingan Shanzhuang.

Depuis son ouverture, le 1er mai dernier, l’hôtellerie a reçu quelques milliers de visiteurs, catholiques ou non. « C’est davantage un service que du commerce lucratif, explique le P. Zhang, car il nous faut reverser 500 000 yuans chaque année à la Conférence épiscopale tout en assurant le quotidien ». Le prêtre souligne également que les revenus devraient baisser en hiver quand le mauvais temps éloignera les visiteurs.