Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er juillet au 31 août 2002

Publié le 18/03/2010




POLITIQUE

Le Premier ministre Hun Sen a fixé la date des prochaines élections législatives au 27 juillet 2003. C’est dans cette perspective que doivent être lus les principaux événements politiques des derniers mois.

Réforme du CNE (Comité National Electoral)

Les deux derniers mois ont été féconds en rencontres de tous genres concernant la réforme du CNE qui doit déter-miner les conditions concrètes de déroulement du scrutin.

Le 2 juillet, des membres des trois partis politiques, de l’ONU, des diplomates, des membres d’ONG de surveillance des élections se réunissent pour réfléchir à la réforme du CNE. Le FUNCINPEC fait remarquer, avec quelque exagération, que près de deux millions de votants n’ont pas pu participer au dernier scrutin. Le FUNCINPEC et le PSR proposent que le CNE soit formé de six membres issus des partis au pouvoir.

Hun Sen, pour sa part, propose que le CNE soit formé de cinq personnalités choisies par le ministère de l’Intérieur au sein de l’élite cambodgienne. Leur candidature sera approuvée par l’Assemblée nationale.

Le PSR serait d’accord pour nommer les présidents d’associations d’observation des élections ainsi que Lao Mong Hay, ancien directeur de l’Institut Khmer pour la Démocratie, membres du CNE. Un groupe propose que les membres du CNE soient choisis par les ONG de surveillance des élections et par le roi.

Le 26 juillet, le Conseil des ministres approuve 67 amendements apportés à la loi électorale, et notamment la réforme du CNE.

Sam Rainsy écrit une lettre à la Commission européenne et au PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), les principaux donateurs de fonds pour les élections, pour leur demander de faire pression sur le gouvernement, afin qu’il modifie sa position. Le représentant de la CE répond que la CE n’offre qu’un « avis technique mais ne s’immisce pas dans les affaires internes d’un pays. Le représentant du PNUD garde le silence.

C’est la proposition du Premier ministre qui est retenue : le CNE sera composé de cinq personnalités choisies par le ministère de l’Intérieur au sein de l’élite cambodgienne, des personnalités ayant une expérience politique, et qui « ne se sont jamais opposés aux droits civiques et politiques de leurs concitoyens Les candidats seront proposés par le ministre de l’Intérieur, et devront recevoir l’assentiment des deux tiers des élus. Ces candidatures seront soumises à l’Assemblée neuf mois avant les élections. Le président et le vice-président du CNE seront nommés par décret royal, au moins sept mois avant les élections. L’enregistrement sur les listes électorales se fera au niveau des conseils communaux, épaulés par les secrétaires de mairie, nommés par le ministère de l’Intérieur. Le dépouillement du scrutin se fera également au niveau communal.

Les membres des ONG s’indignent de la proposition du Conseil des ministres, estimant que le CNE ne sera pas indépendant, et rien ne changera dans le sens de la démocratie. Le ministre de l’Intérieur dit qu’« indépen-dant » signifie ne pas autoriser la société civile à « s’emparer » des droits des institutions compétentes. Pour Sam Rainsy, le CNE « représente le parti au pouvoir 

Finalement, l’Assemblée nationale vote la nouvelle composition du CNE.

Réforme du Conseil du Trône

Le 18 juillet, une délégation de députés du PSR se rendent auprès du roi Sihanouk pour parler des problèmes de frontières et également de nouvelle réglementation concernant le Conseil du Trône, devant désigner le prochain roi. Sihanouk accepte la discussion, qui n’est plus un sujet tabou. Les neuf membres de l’actuel Conseil du Trône sont le Premier ministre, les trois présidents et vice-présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat et les deux patriarches des deux ordres bouddhiques. Hun Sen possède donc cinq voix contre neuf, aucun type de majorité n’est définie. Le PSR propose un projet de loi en treize articles sur la modification du Conseil du trône : le successeur du roi doit, entre autres, avoir mené une vie sans reproches, indépendant des trois partis politiques, et être accepté par les trois formations de l’Assemblée nationale. Shihamoni, fils de la reine, aurait la faveur du PSR. Sirivuddh et Ranariddh ont déclaré n’être pas candidats. Le projet prévoit que la reine deviendra régente en cas d’indisponibilité du roi. Actuellement c’est le président du Sénat qui remplit cette fonction. Selon le projet, le roi serait également habilité à proposer un successeur.

Le 26 juillet, Hun Sen refuse le projet de réforme du Conseil du trône. « La loi électorale est plus importante que la question du successeur du roi dit-il. Le 10 août, lors d’un forum organisé sur la question, Ranariddh, président de l’Assemblée nationale, promet de faire examiner le projet de loi par les députés. Le prince Chakrapong suggère de procéder à un référendum pour désigner le successeur du roi au suffrage universel pour éviter les querelles au sein de la famille royale, et pour que le roi soit au dessus des partis.

FUNCINPEC : stratégie pour un échec annoncé

Ranariddh, président de l’Assemblée nationale et tête de file du parti royaliste, semble vouloir se mettre à dos les membres de son parti :

Commémoration des « événements » des 5-6 juillet 1997 : Le FUNCINPEC et le PSR avaient choisi le jour du cinquième anniversaire des « événements » du 5-6 juillet 1997 pour honorer leurs morts. Près d’une centaine de personnes, dont plusieurs généraux du FUNCINPEC, ont été torturés et massacrés lors du coup d’Etat. Hun Sen s’indigne : « La blessure est cicatrisée, il est inutile de la rouvrir Ranariddh repousse donc la célébration au 11 juillet, pour une fausse raison : les invitations ne sont pas parties à temps ! Le PSR maintient la date : « Hun Sen ne tient pas à ce que quelqu’un lui rappelle ses crimes est-il écrit dans une déclaration du PSR. Le 5 juillet, 16 des 43 députés royalistes ne se présentent pas à l’Assemblée, et participent à une cérémonie religieuse au siège du parti. De leur côté, 200 membres du PSR se réunissent pour une cérémonie. Un membre du FUNCINPEC qui participe à la cérémonie du PSR traite Ranariddh de « couard et l’accuse de céder à la pression de Hun Sen. Le 11, le FUNCINPEC inaugure un monument dans la pagode de Chambak Méas, surmonté de trois statues de généraux élevés au rang de héros, et sur lequel sont gravés 500 noms de combattants morts au combat depuis 1980.

Le 7 juillet, plusieurs dignitaires du FUNCINPEC se plaignent des propos de Ranariddh qui demande à Kang Savoeun, nommé par le parti comme remplaçant de You Hok Kry, co-ministre de l’Intérieur, démis de son poste par les membre du parti pour incapacité et népotisme, de parler directement de sa candidature à Hun Sen.

Le 18 juillet, le Conseil permanent de l’Assemblée nationale approuve la candidature de Kang Savoeun comme co-ministre de l’Intérieur en remplacement de You Hockry. Le PPC se déclare neutre dans l’affaire.

Le 8 août, l’Assemblée nationale vote à bulletins secrets le remplacement de You Hockry par Kang Savoeun : sur 106 députés présents, seuls 45 votent pour la candidature de Kang Savoeun. De nombreux députés du FUNCINPEC s’insurgent contre la trahison du PPC qui n’a pas respecté les accords de partage du pouvoir entre les deux partis, établis lors des élections de 1998. Le même jour, les députés du PPC refusent le remplacement du député PSR Yim Sokha, décédé en janvier, par Cheam Hoeun. Le PSR accuse le PPC de vouloir garder la totalité du pouvoir et de n’accepter que les députés qui acceptent de travailler avec lui. Il accuse Ranariddh de n’être qu’une marionnette de Hun Sen, et réitère son invitation aux députés du FUNCINPEC de rejoindre son parti. Ranariddh déclare ne plus vouloir s’occuper du remplacement de You Hockry.

Durant quatre sessions consécutives, les 15 députés du PSR et entre 15 et 20 du FUNCINPEC boycottent l’Assemblée, rendant impossible l’examen des lois sur la protection sociale, en l’absence de quorum. Les sénateurs des deux partis font de même. Ranariddh excuse les députés de son parti en disant qu’ils sont malades… Finalement, sans doute après un accord secret, ou tout simplement parce que Heng Samrin, vice-président de l’Assemblée, menace d’amputer le salaire des absents, les députés reprennent leur travail. Le PPC, quant à lui, se défend affirmant que chacun est libre, en conscience, de voter comme il veut. Il accuse les députés réfractaires de manque de sens du bien commun de la nation.

Le 9 juillet, le Cambodia Daily publie une liste des candidats potentiels aux prochaines élections du 27 juillet 2003. Les membres populaires et efficaces du parti sont exclus, et par contre des « riches et corrompus » y figurent. Norodom Sirivuddh et la princesse Norodom Vachéara sont absents de la liste. Par contre y figurent Ratana Devi, la fille du prince Ranariddh, You Hockry, limogé de son poste de co-ministre de l’Intérieur par les membres directeurs du FUNCINPEC. « Ces candidats ont été choisis parce qu’ils sont proches du prince et ont de l’argent Plusieurs députés du FUNCINPEC expriment leur défiance à l’égard du prince. Le 11 juillet, Ranariddh aux bords des larmes appelle à l’unité du parti.

Le 9 juillet, Son Chhay, membre du PSR, déclare que son parti est prêt pour accueillir les membres déçus du FUNCINPEC. A la mi-juillet, on affirme qu’entre 2 000 et 3 000 membres du FUNCINPEC, dont des membres de haut rang, ont l’intention de rejoindre le PSR, information démentie par le FUNCINPEC. La direction du PSR de Kandal annonce détenir une liste de 229 noms de membres du FUNCINPEC désirant se joindre au PSR. Sam Rainsy invite nommément la princesse Norodom Vachéara, demi soeur du roi, soeur de Norodom Sirivuddh et députée de Siemréap, à joindre le PSR. « Il y a de bonnes gens dans le FUNCINPEC, c’est dommage qu’ils y perdent leur temps dit le chef de l’opposition. La princesse ne dit pas non, mais affirme son engagement à l’égard du FUNCINPEC au moins jusqu’à la fin de la législature.

Le 11 juillet, Kéo Rémy, membre actif du FUNCINPEC, proche des ouvriers, dit qu’il ne veut pas rencontrer Ranariddh, car le prince ne lui dit que des choses désagréables. Le prince prend ombrage de ces paroles comme d’une marque de mépris à son égard et voudrait l’ex-pulser du parti. Kéo Rémy ne se défend pas et déclare, le 25 juillet, que son sort est entre les mains du prince. Finalement, il reste au parti.

Campagne d’intimidation à l’égard du PSR

Le PSR apparaît désormais comme le seul parti d’opposition digne de ce nom, le FUNCINPEC étant trop soumis au PPC. On comprend donc qu’il soit la cible du pouvoir en place.

Le 30 juin, un sénateur du PSR affirme que deux familles de Préah Vihéar ont été spoliées de leurs terres le 27 juin, parce que supporters du PSR.

Le 15 juillet, deux membres du PSR de la province d’Oddar Méan Chhey sont arrêtés. Les policiers se sont contenté de dire qu’ils avaient reçu l’ordre « d’en haut Le lendemain, on les accuse d’es-croquerie concernant la vente d’une fausse statue d’un bouf sacré.

Le 16 juillet, un membre du PSR est tué à Koh Andet (province de Takéo) par le fils d’un chef de commune, PPC. La police refuse pendant quinze jours d’examiner l’affaire, parce que la victime est membre du PSR.

Le 27 juillet, le PSR présente la composition de son gouvernement, en cas de victoire aux prochaines élections législatives, pour prouver qu’il peut diriger le pays.

Petits partis

De petits partis se lancent dans la course aux élections du 27 juillet 2003 :

– Ouk Pourik, commerçant en France, président du Parti Démocrate Khmer ;

– Pen Sovann, ancien Premier ministre de la RPK, à la tête du Parti du Soutien Khmer ;

– Loy Sim Chhéang, dissident du FUNCINPEC, à la tête du Parti de la Nouvelle Société ;

– Le Parti Progressiste Khmer, avec 21 candidats…

– Le 21 juillet, environ 2000 personnes, dont beaucoup originaires du Kampuchéa Krom, prennent part au congrès du Parti de l’Unité Khmère (PUK), dirigé par Khieu Rada er Srun Vong Vannak, dissidents du PSR.

– Norodom Chakrapong, dissident du FUNCINPEC, lance le Parti Chakrapong de l’âme khmère.

– Hang Dara, également dissident du FUNCINPEC, lance le Parti du Mouvement Démocratique.

En cas d’élections à la proportionnelle, ces partis n’ont aucune chance d’avoir des élus.

Depuis le 5 juillet, par décision du Conseil des ministres, l’Assem-blée nationale comprendra un député de plus, soit 123 personnes. Le PSR et le FUNCINPEC en demandaient 17 supplémentaires. Il y avait en effet environ 5,4 millions de votants en 1998, on estime leur nombre à 6,2 pour les prochaines élections du 27 juillet 2003.

Formation du Front National de Libération du Kampuchéa Krom

Le 4 juin, date de la commémoration du rattachement du Kampuchéa Krom (la Cochinchine, berceau historique du Cambodge) au Vietnam par les autorités coloniales françaises, est fondé le Front National de Libération du Kampuchéa Krom (FNLKK). Thach Sang, député du FUNCINPEC, originaire du Kampuchéa Krom, demeurant dans le Massachusetts (Etats-Unis) pour des soins médicaux, se fait le porte-drapeau du mouvement. Il rêve de faire du Kampuchéa Krom le 194e Etat de la planète, après le Timor-Oriental. Il a déjà composé un hymne national, conçu un drapeau, bleu et rouge avec 21 étoiles correspondant aux 21 provinces de la région. A en croire Thach Sang, les autorités vietnamiennes auraient mené une terrible répression durant les années 1980, en fondant elles-mêmes un front de libération. 4 000 personnes auraient été ainsi bernées. Les Khmers du Vietnam sont environ 1 million.

Vers le milieu des années 1980, effectivement, les autorités vietnamiennes ont arrêté plusieurs milliers de Khmers lors de l’opération baptisée « K 50 ». Un moine, nommé Kim Sang a été emprisonné en 1975, puis à nouveau en 1985, puis est mort deux ans plus tard suite aux tortures endurées. Les autorités vietnamiennes reconnaissent les faits, comme suite d’une « confusion Les Américains ayant recruté les nationalistes cambodgiens dans leur « Mike Forces » durant leur guerre, on comprend les soupçons des autorités vietnamiennes contre eux. Cependant la situation s’est nettement améliorée durant les dernières années, les autorités vietnamiennes autorisant la langue khmère et lançant des programmes sociaux à l’égard des Khmers. Les Khmers du Kampuchéa Krom (KKK) restent étroitement surveillés par la police vietnamienne, mais il semble exagéré de parler de persécution.

Le gouvernement crée un comité intergouvernemental mixte chargé de collecter des renseignements concernant le FNLKK, comité présidé par Hok Lundy, chef de la police nationale. Le 23 juillet, Sar Kheng, co-ministre de l’Intérieur, annonce qu’il a rassemblé suffisamment de preuves attestant que Thach Sang a créé un mouvement sécessionniste. You Hockry, co-ministre de la défense, est d’avis inverse : le FNLKK est un mouvement de résistance politique, non de résistance armée. C’est également ce qu’affirme Thach Sang : son mouvement est un mouvement pacifique, mais, au besoin, prendra les armes. « Nous n’avons ni armes, ni munitions, mais nous avons la volonté dit-il.

« La loi cambodgienne n’autorise pas la création de bases militaires sur son sol pour attaquer ses voisins déclare Sâr Kheng à la radio Free Asia du 16 juillet, très écoutée dans la diaspora cambodgienne. Ce à quoi répond Thach Sang en disant que les bases vont être créées au Kampuchéa Krom, et non au Cambodge.

A la mi-juillet, les représentants des Khmers Krom du Cambodge, qui seraient au nombre d’un million, rendent publique une pétition condamnant la politique des autorités vietnamiennes. Cette pétition comprend 2 000 noms, dont celui du sénateur Son Soubert, membre du Conseil constitutionnel, et fustige les propos tenus par Hanoi après la manifestation du 4 juin, qui accusent les Kampuchéa Krom du Cambodge de mettre en péril l’unité du Vietnam, et les qualifient « d’extrémistes Selon les signataires de la pétition, l’ambassadeur du Vietnam aurait demandé de mettre fin aux activités des associations du Kampuchéa Krom au Cambodge. Le collectif de sept associations de Kampuchéa Krom du Cambodge critique également la déclaration de Sâr Kheng, faite le 22 juillet, exigeant que les KKK soient en possession d’un passeport vietnamien et d’un visa cambodgien pour se rendre au Cambodge. Les associations demandent que le gouvernement cambodgien reconnaisse leur citoyenneté cambodgienne. Le ministre demande que les KKK puissent prouver leur ethnicité. La fédération des associations demande également qu’une mission d’enquête soit menée sur les abus éventuellement commis contre leurs compatriotes au Vietnam. Le 9 août, le ministère de l’Intérieur donne son accord pour que les ressortissants vietnamiens d’origine cambodgienne puissent entrer au Cambodge sans passeport. Reste à préciser les critères pour obtenir une carte d’identité. Mais le gouvernement cambodgien doit au préalable, prendre contact avec Hanoi.

Les Kampuchéa Krom du Cambodge ne se rendent peut être pas compte que cette mesure pourra favoriser l’entrée illégale de Vietnamiens au Cambodge…

Ranariddh refuse pour le moment d’expulser Thach Sang de son parti, car il n’est pas coupable de création d’une force militaire, et demande des preuves au ministère de l’Intérieur. Un membre influent du FUNCINPEC émet l’hypothèse que cette histoire de FNLKK est un coup monté, dans le cadre de la préparation des élections du 27 juillet 2003, comme l’a été la formation des CCF : cela donne au gouvernement des raisons d’arrêter des opposants politiques, tout en discréditant le FUNCINPEC.

Les Etats-Unis déclarent qu’ils ne soutiendront pas le FNLKK, pas plus qu’ils n’ont soutenu les CCF.

Les Etats-Unis ont commencé à déployer des inspecteurs chargés de contrôler les cargaisons qui pourraient contenir du matériel utilisé par les terroristes.

Le 25 août, Thach Sang, toujours aux Etats-Unis donne sa démission de membre du FUNCINPEC et de l’Assemblée nationale.

La loi sur la gestion des forêts

Le 30 juillet, après 41 jours de débats, souvent très houleux, à l’Assemblée nationale, est adoptée la loi sur la gestion forestière, par 83 voix sur 95 députés présents. Elle comprend 18 chapitres, soit 119 articles.

Eva Galabru, présidente de Global Wittness, ONG chargée officiellement de l’observation de l’exploitation des forêts, est très critique sur la loi : « Elle donne trop de pouvoir à peu de gens, sans contrôle, sans transparence et sans garantie que la population locale puisse bénéficier de la forêt Elle estime que la Banque Mondiale a failli à son rôle en n’examinant pas de près le projet de loi. Le responsable de la BM reconnaît que la loi est imparfaite, mais elle contient un bon nombre d’éléments nécessaires à l’amélioration de la gestion des forêts, tout dépendra des décrets d’application. Sam Rainsy, pour sa part, estime que la loi permet aux fonctionnaires corrompus de continuer à déforester sans scrupules pour leur propre profit.

La loi établit un jour national de plantation d’arbres, le 9 juillet, et encourage les nouveaux mariés à planter deux arbres.

Au moins neuf annulations de séances en quatre semaines pour manque de quorum ont marqué les débats : au début, les députés du PPC ne tenaient pas à remettre en cause une source juteuse de profit ; ensuite, le PSR se plaint que ses avis ne sont jamais pris en compte, ou qu’on ne lui donne pas la parole : il utilise le boycott comme un moyen de pression. « On ne sert qu’à entériner des textes élaborés par le gouvernement, nos propositions finissent toujours à la poubelle se plaint également un représentant du FUNCINPEC. Le Centre de Développement Social (CDS) a observé que durant plusieurs sessions de l’Assemblée, 5 % des projets de lois avaient subi des changements notables, 15 % d’infimes changements, et 80 % restaient inchangés. L’opposition demande à ce que la loi soit renvoyée devant le Conseil des ministres. La loi permettra aux malfaiteurs de couper du bois en toute légalité. « Il vaut mieux n’avoir pas de loi qu’une mauvaise loi dit Sam Rainsy.

Deux sociétés forestières, la Colexim Enterprise et Everbright sont nominées pour recevoir le prix d’excellence par la FAO, lors de la réunion des pays d’Asie-Pacifique, en décembre, au scandale de Global Wittness qui a prouvé l’implication des deux sociétés dans les coupes de bois illégales, et la surexploitation des forêts.

Le 7 juillet, les députés de l’opposition s’étonnent de ce que 3 361 mètres cubes de bois précieux aient été commandés pour la construction de la nouvelle Assemblée nationale… 25 millions de dollars sont prévus pour la construction du bâtiment.

Le 29 juillet, Hun Sen signe un décret plaçant les Cardamomes en zone protégée. Dans ces montagnes qui couvrent 402 000 km vivent beaucoup d’espèces animales rares ou en voie de disparition. En prin-cipe l’abattage du bois est interdit depuis le 1er janvier, mais durant les débats concernant la loi de gestion des forêts, le PSR et Global Witness affirment que la déforestation y continue à vive allure.

Une société chinoise, la Cambodia Haining Group, a reçu une concession de 23 000 hectares dans la province de Kompong Speu pour y exploiter la cassave et les palmiers à huile. Plus de 5 000 arbres ont été abattus, des scieries sont apparues, le tout dirigé par le Pheapimex, « l’une des sociétés industrielles qui commet le plus de crimes » (et très proche de Hun Sen), comme la qualifie Global Witness, sans qu’aucune royaltie ne soit versé à l’Etat.

Quarante concessions agricoles ont été attribuées par le Conseil des ministres, représentant 800 000 hectares, situées pour la plupart en domaines forestiers. Quatorze d’entre elles comprennent plus de 10 000 hectares. Quinze n’ont pas de contrat avec le ministère de l’Agriculture, huit seulement ont déposé la somme requise par les lois cambodgiennes, seize sont impliquées dans des conflits avec les paysans des environs. Aucune réglementation ne les concerne : « C’est une carence de la loi de gestion des forêts dit le représentant du CDRI, auteur de l’enquête.

Dans la région d’Andong Méas, dans la province de Ratanakiri, des policiers vietnamiens abattent des arbres dans une région contestée entre les deux pays, et chassent les gens de leurs terres.

ECONOMIE

Agriculture

La sécheresse affecte une grande partie du pays. Au 30 juillet, il était tombé 31 cm de pluies à Phnom Penh pour les six premiers mois de l’année, soit 40 à 50 % de moins que d’habitude. Un consensus commence à apparaître afin d’accuser la déforestation comme cause aggravante de la sécheresse et des inondations, dues également aux changements climatiques perçus un peu partout dans le monde. Durant le mois d’août, des milliers de paysans, spécialement des provinces de Prey Veng, de Svay Rieng et de Kandal, viennent mendier leur subsistance à Phnom Penh. Le roi fait un don de 7 tonnes de riz, distribuées par le PSR. Le 9 août, environ un millier d’entre eux, menés par le PSR, manifestent devant le siège de BM et de la BAD pour dire aux deux organismes financiers internationaux que les aides allouées pour la suppression de la pauvreté ne leur parviennent pas.

2 600 tonnes des semences de riz « léger à croissance rapide, sont distribuées par le gouvernement, après le 15 août, lorsque les pluies se sont enfin décidées à tomber. Selon le gouvernement seulement 37 % des terres arables ont été plantées.

Depuis la mi-août, le Mékong connaît une forte crue, due aux pluies diluviennes en Chine, et aux eaux de la fonte des neiges de l’Himalaya. Les provinces de Stung Treng, de Kratié et de Kompong Cham en sont affectées. On y déplore quatorze morts, 450 000 personnes ont du être temporairement déplacées. Un pont a été emporté près de Phnom Penh. Occasion pour le gouvernement pour demander une aide internationale, alors que la crue est plutôt une bénédiction pour l’agriculture, et non une catastrophe comme en Europe centrale.

D’après les chiffres du ministère de l’Agriculture, 656 boufs, 2 buffles et 458 porcs ont été atteints de fièvre aphteuse. Cette épizootie est due aux changements de température, à la surexploitation des bêtes, et à leur sous-alimentation. Depuis 2000, 25 % des 3,5 millions de bêtes ont été vaccinées. Chaque année 7 000 boufs sont exportés légalement en Malaisie.

En termes de ressources financières, un ouvrier est 5 fois plus productif qu’un paysan. Pour augmenter la production agricole, les experts pensent qu’il convient d’améliorer les routes, ce qui diminuerait les prix des produits importés et exportés de la campagne. 12 millions d’hectares de terres sont laissés en friches. Le PNB n’a augmenté que de 2 % au Cambodge, durant les années 1990, alors qu’il a augmenté de 3 % au Laos et de 6 % au Vietnam. Le rendement du riz est passé de 1,4 tonne à l’hectare à 1,87. Selon des experts internationaux, il faudrait doubler ce chiffre avant 2005 pour faire face aux besoins nutritionnels de la population.

Le prix du caoutchouc cambodgien est en augmentation : de 580 dollars la tonne en 2002, il passe à 660 en janvier, et à 950 en juillet. Le Cambodge en exporte entre 40 000 et 50 000 tonnes par an. L’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a créé un grand marché acheteur de caoutchouc. Mong Rethy, proche de Hun Sen, exporte entre 60 et 70 % du caoutchouc cambodgien. Trois cent cinquante familles ont collaboré pour planter 1 000 hectares de plantations familiales.

Poisson

Le Cambodge a exporté environ 40 000 tonnes de poisson durant la dernière saison, soit un dixième de la production totale (390 000 tonnes), mais n’en a exporté que 10 000 cette année. Cependant la moitié des exportations passent en contrebande en Thaïlande (3/4 du total) ou au Vietnam (1/4 du total), qui les réexportent à Hongkong, à Bangkok ou ailleurs. Environ 100 tonnes de poisson séché partent vers les Etats-Unis. 1,28 millions de dollars sont ainsi entrés dans les coffres de l’Etat.

Tourisme

L’hôtel de l’Indépendance, gloire du Sangkum à Sihanoukville est vendu en leasing à la Canadia Bank. Plusieurs squatters sont autorisés à demeurer provisoirement au bord de la plage Sokha à Sihanoukville. Sokimex (dirigé par Sok Kong, président de la chambre de commerce, frère de Sok An), prévoit d’y construire un parc l’an prochain.

Trois nouveaux points de passage entre le Cambodge et les pays voisins : Bavet (Svay Rieng) Kaom Samnâr (Kandal), O Smach (Odddar Méan Chhey), ce qui porte désormais à sept les entrées au Cambodge avec délivrance de visas officiels : Phnom Penh, Poipet, Siemréap, Cham Yéam (Koh Kong), plus les trois nouveaux postes.

De nouvelles compagnies de bateaux rapides relient Phnom Penh à Siemréap, faisant chuter les prix du transport de plus de moitié. La sécurité pourrait en pâtir.

Transports

Les denrées transitant par le port de Sihanoukville, s’élèvent à 803 831 tonnes pendant les six premiers mois de l’année (contre 839 336 tonnes en 2001), soit une baisse de 4,3 % par rapport à l’an dernier. Cependant le nombre de bateaux a augmenté de 4,4 % (427 cargos) et le nombre de conteneurs de 8 %. Le trafic du port de Phnom Penh diminue de 13 % par rapport à la même période de 2001 : seulement 65 bateaux ont accosté durant les 6 premiers mois de l’année (contre 102 en 2001), et ont déchargé 3 500 conteneurs, avec 17 113 tonnes de marchandises. Ce trafic a rapporté 403 408 dollars à l’Etat. 7 000 tonnes ont été exportées. En 1998 le port de Phnom Penh avait un trafic de 658 000 tonnes, en 2000 de 468 000. Seul le nombre de pétroliers est en augmentation (261 durant le premier semestre). Ce ralentissement est dû aux tracasseries administratives du Vietnam et aux droits trop élevés qu’y perçoit ce pays pour circuler sur le Mékong.

Une nouvelle compagnie aérienne Mekong Air Lines voit le jour le 7 juillet. Cette société nationale est détenue à 51 % par des capitaux cambodgiens, le reste par la société australienne VIA Aviation. La compagnie loue deux Airbus A 320 de 150 places, et un ATR de 48 places. Des vols directs relieront la Corée du Sud et le Cambodge deux fois par semaine à partir de l’an prochain. La société cambodgienne President Air Lines ouvre plusieurs liaisons avec l’étranger.

La société pétrolière thaïlandaise PTT se retire du Cambodge où elle avait cinq stations services, en raison d’un prix d’exploitation trop élevé. Elle s’est déjà retirée de Chine, du Laos, des Philippines. Par contre, Chevron Texaco et la société japonaise Moeco sont autorisées par le gouvernement cambodgien à conduire des recherches sur le bloc A (6 278 km ) dans le golfe de Thaïlande pendant trois ans. Ces opérations coûteront entre 5 et 10 millions de dollars.

Un bateau battant pavillon cambodgien, le Sea Runner, est détenu par les autorités anglaises, pour « un catalogue de déficiences pouvant le faire sombrer Selon la Llyod’s, les pavillons de complaisance cambodgiens sont « les pires de toutes les compagnies au monde De 1995 à 2000, 24 bateaux cambodgiens ont sombré, 41 sont entrés en collision avec d’autres bateaux. Le 12 août, un incendie se déclare à bord un cargo battant pavillon cambodgien, le Bintang Haraban, au large de Vladivostok, transportant 8 000 m de bois de Sakhaline vers la Corée du Sud.

Chambre de Commerce

Le 11 juillet, la direction de la Chambre de Commerce met à l’écart six de ses membres les plus importants (sur 36 qu’elle compte), pour absence aux réunions et pour non-paiement des cotisations mensuelles de 50 dollars. Les exclus accusent le président Sok Kong de « tuer l’économie du pays Sok Kong, président de la toute puissante société pétrolière Sokimek et frère de Sok An, ministre du Conseil des ministres, est reconduit à son poste, le 29 juillet. Il était le seul candidat à sa succession, et a recueilli 32 voix sur 33. Quatre vice-présidents sont également élus, et douze nouveaux membres ajoutés aux 36 membres du Conseil d’administration. Les membres du bureau versent entre 200 et 300 dollars par mois de cotisation.

Industrie

Les entreprises cambodgiennes peuvent exporter tout type de marchandise vers l’Europe sans acquitter de droit de douanes, et sans limitation de quantité. Mais les exportateurs n’ont utilisé que 10 à 20 % des possibilités offertes. Les exportations vers les 15 pays de l’Europe, essentiellement des chaussures et du textile, représentent une valeur de 250 millions de dollars.

Le 7 août, le Premier ministre a rencontré les investisseurs pour leur 6ème forum. Ceux-ci ont exprimé clairement leurs doléances, spécialement la corruption, la contrebande qui gangrène l’économie du pays à tous les échelons. Hun Sen a promis, une nouvelle fois, d’y mettre bon ordre. Nestlé, les cigarettes Alain Delon se sont retirés du Cambodge, d’autres entreprises, comme Eastern Steel (société mixte nippo-cambodgienne) ou British Tobacco, envisagent également leur retrait du pays. « Ce serait un très mauvais signe pour les investisseurs dit le représentant Steel.

Prêts, aides et investissements

Le 27 juin, le PNUD accorde un don de plus de 1,5 millions de dollars pour la formation des parlementaires et de leur secrétariat pendant trois ans.

Le 27 juin, le gouvernement indien accorde 23 bourses au personnel de la royale Air Force Cambodgienne. L’an dernier, l’Inde avait déjà accordé 22 bourses à des militaires.

Le 3 juillet, la France accorde 6,2 millions de dollars pour quatre projets du gouvernement. La France a également financé également 3 ponts inaugurés le 16 juillet près de Phnom Penh. Le 12 août, la France accorde 700 000 euros à la société Artisans d’Angkor.

Le 22 juillet, le Fonds monétaire international (FMI) approuve le versement immédiat de 11,2 millions de dollars de prêts, complément d’un accord passé en octobre 1999.

Les investissements étrangers directs ont crû de 17,6 % durant les six premiers mois de l’année, et s’élèvent à 60 millions de dollars. C’est bien, mais insuffisant. Le Conseil du Développement du Cambodge a approuvé 27 projets.

Le Japon a accordé 671 373 dollars dans ses projets destinés à développer les infrastructures de base. 90 332 dollars sont destinés au programme de déminage de la province de Préah Vihéar, mené par six équipes de MAG.

Eaux et Frontières

Le Vietnam creuse un canal de 10 km. entre le Mékong et le Bassac, à la hauteur de Kham Samnâr et Chrey Thom au Cambodge. Au 1er juillet, 80 % des travaux seraient achevés. Les Cambodgiens sont inquiets des répercutions de ces travaux sur l’évacuation des eaux d’inondation. Un autre canal de 57 km., entre So Ha-Cai So, est envisagé à la frontière des provinces de Svay Rieng et de Prey Veng. 2 690 familles seront installées sur les bords surélevés du canal, pour éviter l’inondation. Ce canal permettra l’irrigation de 19 000 hectares. Le Cambodge proteste auprès de la Commission du Mékong, car ce canal empêchera les eaux de l’inondation de s’écouler normalement vers la mer.

Le Vietnam est en train de construire un nouveau barrage sur la Sé San, appelé Sé San 3, situé à environ 20 km. de la frontière cambodgienne. Ce barrage produira 260 mégawatts et coûtera 273 millions de dollars. En 1996, un autre barrage a déjà été construit sur la même rivière, aux chutes de Yali, à 70 km. de la frontière et produit 720 mégawatts, pour un coût de un milliard de dollars. Ce barrage a entraîné des difficultés pour les habitants de Ratanakiri en 1999 et 2000. La nouvelle construction été précédée d’une étude concernant les conséquences sur l’environnement au Cambodge, confiée à une société suisse et suédoise, mais sans accord du comité du Mékong. La BAD se retire du financement de tels travaux qui sont financés par des aides étrangères. Un autre projet, Se San 4, sera lancé l’an prochain, à quelques kilomètres de la frontière cambodgienne.

SOCIETE

Le Cambodge est classé au 130e rang sur 173 pays pour le développement humain, entre le Ghana et le Vanuatu. Le Vietnam est 109e, le Laos 143e, la Thaïlande 70e. Ce classement réalisé, par le PNUD, prend en compte le développement de la démocratie à tous niveaux de la société, de la liberté de la presse, de la pauvreté, du niveau d’éducation, de santé, de paix. Le Cambodge gagne ainsi 5 places par rapport à 1990.

Justice

Le 2 juillet, un homme de 20 ans, violeur récidiviste est condamné à douze ans de prison. C’est la première fois que la justice prononce une si lourde peine pour ce genre de délit.

La fonction de notariat disparue depuis 1975 fait sa réapparition. Benson Samay, avocat de Ta Mok, et proche du PPC, est désigné par le gouvernement comme le premier notaire du pays. 68 pays de par le monde connaissent ce système notarial fondé en France en 1539, mais reconnu pas l’Etat français qu’en 1945 et instauré au Cambodge en 1954. Benson Samay devrait, en principe, verser 150 000 dollars à l’Etat comme « dépôt Cependant, le 6 août, 112 avocats, sur les 210 inscrits au barreau, signent une pétition demandant la démission ou le retrait du titre d’avocat de Benson Samay qu’ils accusent de vouloir imposer son monopole sur la profession. Benson Samay a déjà ouvert plusieurs cabinets dans les principales villes du pays.

Durant le mois de juillet, plusieurs auteurs de meurtres à l’égard de candidats ou membres du PSR et FUNCINPEC lors des dernières élections communales sont condamnés, mais toujours pour des crimes de droit commun, jamais pour des crimes politiques, ce que déplore le PSR.

Le 15 juillet, un ancien policier et deux de ses complices sont condamnés à 20, 15 et à 5 ans de réclusion par le tribunal de Svay Rieng pour vol et du le meurtre d’une candidate du PSR abattue par balle à son domicile. Le 24 juillet, le meurtrier d’un membre du PSR tué à Kompong Cham l’an dernier est condamné à 11 ans de prison. Le 3 août, la police arrête le fils du chef de la police de la province de Kandal qui a tiré des coups de feu sur un garde corps de Hun Sen. Est-ce simplement pour montrer que la police n’épargne personne?

En juillet, le journal d’opposition Monosékar Khmer (‘La Conscience khmère’) est saisi et condamné à une suspension de 30 jours pour avoir diffusé un article diffamatoire à l’égard du FUNCNPEC qu’il accusait d’obéir au doigt et à l’oil de Hanoi. Le Club cambodgien des journalistes prend fait et cause pour le journal. Le Comité Cambodgien de 18 ONG de défense des droits de l’homme déplore la condamnation comme une atteinte à la liberté de la presse.

Le 25 juillet, un moine vietnamien, Thich Tri Luc, de l’Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam, réfugié au Cambodge le 10 avril, ayant obtenu le statut de réfugiés par l’UNHCR le 28 juin, disparaît de la guest house où il habitait. On suppose qu’il a été kidnappé par la police secrète vietnamienne et rapatrié au Vietnam. Ce moine a déjà été arrêté en 1992, et détenu en prison pendant 10 mois sans jugement. A nouveau arrêté en 1994, il a été condamné à deux ans et demi de prison. Le ministère vietnamien des Affaires étrangères ainsi que les responsables de la police cambodgienne déclarent tout ignorer de l’affaire. L’UNHCR ne fait aucun commentaire. L’association américaine Human Rights Watch demande une enquête.

Deux réfugiés chinois appartenant à la secte Falungong, au Cambodge depuis 1999, où ils enseignaient la langue chinoise, et en possession de papiers de l’UNHCR, disparaissent, sans doute remis à Pékin le 9 août. La police affirme ne rien savoir. Marie Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, en visite officielle au Cambodge du 20 au 22 août, déclare son inquiétude à la suite de la disparition du moine et des deux adeptes de Falungong. Elle lance également un appel devant les députés pour qu’ils combattent le trafic humain et l’exploitation sexuelle.

Le 8 juillet, 3 274 armes sont détruites à Banlung, chef lieu de province de Ratanakiri.

Prostitution et pédophilie

Plusieurs pédophiles étrangers sont jugés durant le mois de juillet, ce qui laisse penser que les autorités gouvernemen-tales voudraient freiner le tourisme sexuel :

Déjà en 2000, un Anglais, John Keeler avait été condamné à 3 ans de prison pour débauche avec des petites filles.

Le 16 juillet, Berutti, un Italien, âgé de 30 ans, arrêté en juin 2001, est condamné à dix ans de prison, pour avoir eu des relations sexuelles avec des enfants de 11 à 15 ans. Il devra verser 1 000 dollars aux familles des victimes.

Un autre Italien, Luigi Falchi, arrêté le 26 novembre 2001, est jugé le 1er août à Bantéay Méan Chhey. Il est condamné pour « attouchements sexuels » sur trois enfants de 13 ans, car aucune preuve n’est apportée, à part le témoignage des enfants. Il est condamné à un an de prison, dont huit mois et neuf jours fermes, le temps qu’il a passé en préventive.

Un Français, Pierre Guynot, est jugé et acquitté une première fois le 30 novembre 2001. Il est rejugé le 26 juillet à Sihanoukville. Pourtant les charges contre lui sont lourdes et paraissent claires. Son acquittement entraîne la réprobation unanime des ONG de défense du droit des enfants. « Le droit des enfants a été violé deux fois : une fois par le Français, une autre fois par la cour déclare Sébastien Marot de l’association Mith Samlanh. « On fait venir les enfants qui ont le courage de témoigner, puis on ne les croit pas ! Il n’y pas eu de justice pour les victimes, et pire encore, le malfaiteur est libre de poursuivre ses actes de débauche 

Un Anglais de 69 ans est arrêté et écroué pour avoir demandé à une fillette de 12 ans d’avoir des relations sexuelles. Il risque d’être condamné entre dix et vingt ans de prison.

Les 2 et 3 août, deux Australiens professeurs d’anglais, sont incarcé-rés à Siemréap pour pédophilie avec des jeunes filles de 11 à 15 ans.

Si le jugement d’étrangers retient l’attention des journaux étrangers de Phnom Penh, c’est d’abord parce qu’ils concernent la communauté internationale. Cependant les associations de défense des droits de l’homme, pensent que le gouvernement met en exerce la dépravation des étrangers pour ne pas se pencher sur les violations beaucoup plus nombreuses perpétrées par les Cambodgiens eux-mêmes.

Désormais, soixante-dix agents de l’unité de la police touristique patrouilleront dans les guest houses, les hôtels et autres lieux d’hébergement à la recherche des pédophiles étrangers.

Le 5 août, quatre prostituées vietnamiennes mineures, arrêtées en juin et poursuivies pour entrée illégale au Cambodge, sont acquittées, six autres, ainsi que quatre cuisinières, sont condamnées à deux ou trois mois de prison. Toutes sont expulsées du pays. Ce jugement satisfait les ONG de défense des femmes en difficulté, ainsi que la ministre des Affaires féminines, qui s’étaient insurgées contre le fait que des victimes de trafic humain soient incarcérées, alors que les responsables du crime sont en fuite.

Le 4 août, dix-sept prostituées vietnamiennes sont libérées par la police, des bordels de Svay Pak, suite à la plainte de plusieurs d’entre elles. Onze d’entre elles semble être mineures qui auraient été vendues. Huit d’entre elles qui n’ont pas de papiers, seront rapatriées dans leur pays, et non pas emprisonnées, comme le précédent groupe, pour immigration clandestine. Un patron de bordel est arrêté.

Le 18 juillet, Hun Sen déclare ne pas être dupe sur la réouverture des karaokés dans le pays. Il dit observer l’attitude des gouverneurs avant de sévir. Il en resterait au moins 20 à Phnom Penh, « les plus grands, bien défendus par les hommes du pouvoir 

Jugement des ex-responsables Khmers rouges

Le 2 juillet, pour la première fois, Hun Sen indique qu’il est disposé à trouver un compromis avec l’ONU sur la question du jugement des ex-responsables Khmers rouges. Il n’exclut plus d’amender la loi votée par l’Assemblée nationale. Il affirme également que des progrès ont été faits à un « haut niveau » en dépit du retrait de l’ONU du processus, le 8 février dernier. Les gens plus proches du dossier ne parlent que de discussions limitées. L’ouverture de Hun Sen est saluée unanimement par les associations cambodgiennes de défense des droits de l’Homme. Cependant l’ONU juge les propos de Hun Sen insuffisants : « Nous attendons toujours des signes tangibles que nos exigences minimales, nécessaires à un procès équitable et crédible seront satisfaites déclare le porte-parole de l’ONU. Sam Rainsy accuse le gouvernement de traîner les pieds, pour éviter que des membres du gouvernement ne soient mis en jugement.

Interrogé sur un éventuel jugement des anciens responsables khmers rouges, le vénérable Tep Vong, patriarche suprême de l’ordre Moyanikay, reste très évasif. « Je ne peux pas imaginer combien misérable doivent être les âmes de Pol Pot, Hu Yuon, Hu Nim et Lon Nol dit-il.

L’arrestation de Sam Bith, en juin dernier, les pressions exercées par les pays donateurs pour faire convoquer à nouveau Chouk Rin, chef khmer rouge impliqué dans le meurtre de trois jeunes gens étrangers, et acquitté en 2000, inquiètent d’anciens petits chefs Khmers rouges. « Je vais partir dans la forêt, je ne veux pas attendre que l’on m’arrête dit l’un d’entre eux. Un professeur interrogé dans la campagne affirme sans ambages que si l’on doit juger les ex-dirigeants khmers rouges, il faut aussi juger toute la population âgée de plus de 45 ans, dont lui-même… Il y a certaines choses qu’il vaut mieux ne pas remuer.

Kofi Annan déclare qu’il attend un mandat du Conseil de Sécurité pour rouvrir le dossier.

Mouvements sociaux

On signale encore plusieurs mouvements sociaux, ainsi que des conséquences concrètes des mauvaises conditions de travail : évanouissements, mort. Commence cependant à se faire jour une volonté réciproque de négocier l’ensemble des rapports entre patronat et employés.

Une trentaine d’employés sont incommodés par des fumées de pesticides à l’usine de textile Flying Dragon qui en emploie 800. Cette intoxication est due à la mauvaise ventilation des lieux. Sur une trentaine d’usines inspectées par le BIT, quinze ont mal ventilées.

Le 5 juillet, quarante-six employées s’évanouissent à l’usine FP Light Industry, à cause d’émanation de fumées toxiques et d’excès de travail. « Habituellement entre deux à huit seulement s’évanouissent chaque jour dit un fonctionnaire des affaires sociales. La société oblige à faire des heures supplémentaires.

Le 15 juillet, deux délégués syndicaux de l’usine textile Tommy, mise à sac le 14 juin 2001, sont arrêtés par la police. Selon leur syndicat, ces deux militants n’ont aucune responsabilité dans l’affaire qui a coûté 30 000 dollars au propriétaire de l’usine, par la destruction de machines et le vol de denrées.

Le 18 juillet, près de 400 employés de l’usine textile Fong Sing manifestent devant le ministère du Commerce pour protester contre des salaires au dessous du minimum, contre le licenciement de responsables syndicaux, contre l’obligation de faire des heures supplémentaire, et contre la menace de licenciement pour un arrêt à l’occasion d’un mariage ou pour maladie. Le 16, la direction a licencié un contremaître et menacé de licencier qui elle voulait. Les ouvriers reçoivent un salaire de 50 dollars mensuels, à condition de coudre 350 chemises par jour.

Le 22 juillet, 38 ouvrières chinoises manifestent devant leur ambassade : deux entreprises de textiles, la Far East Textile et Yean Tong, les ont fait venir travailler au Cambodge en leur promettant des salaires de 250 à 400 dollars. Elles ont été recrutées par l’association Huo Minh et dû payer 2 500 dollars au départ de Chine. Cependant, à leur arrivée, on leur a confisqué leurs passeports, et imposé un rythme de travail de 15 à 18 heures par jour, sans recevoir plus de 10 à 20 dollars par mois. L’ambassade leur propose de les rapatrier en Chine.

Le 24 juillet, six ouvrières de l’usine de confection United Art sont prises d’un malaise soudain. Transportées vers un hôpital voisin, l’une d’entre elles meurt à son arrivée. La veille, quatre autres étaient tombées en syncope… Surmenage, manque de nourriture par économie afin d’envoyer de l’argent à leurs familles, manque de calcium, fumées toxiques de l’usine voisine? La famille de l’ouvrière décédée touche 800 dollars, correspondant à 3 mois de travail et aux frais d’incinération. Elle laisse un mari et deux jeunes enfants.

Le 26 juillet, près de 200 ouvriers de l’usine Borey Kamakar de Kompong Speu, manifestent pour le troisième jour afin d’obtenir les 45 dollars de salaire minimum mensuel. La société défalque 25 dollars chaque mois comme coût de formation. Certains sont ainsi en formation depuis trois mois !

Le 30 juillet, environ 200 ouvriers de l’usine textile Khong Sing se mettent en grève pour protester contre leurs mauvaises conditions de travail. Ils réclament en autres que leurs noms soient écrits en cambodgien et non pas en anglais sur leur carte de travail.

Le 9 août, quatorze ouvrières d’une usine de confection de Kandal sont intoxiquées par les fumées. Trois doivent être hospitalisées. La direction de l’usine interdit l’inspection des lieux par la police.

La société Eternal Way Cambodia déverse des déchets toxiques dans le Tonlé Sap depuis des années. Le ministère de l’Environnement se plaint que plusieurs usines de Phnom Penh n’observent pas les mesures antipollution, grâce à des pots de vin versés aux bons endroits. Ajoutée à la déforestation, à l’érosion qui en découle, à l’augmentation de la population, on peut comprendre pourquoi le poisson se fait rare dans le Mékong inférieur ainsi que dans le Tonlé Sap.

Le 1er août, la première usine textile est ouverte dans la province de Kompong Chhnang, et emploie 2 000 ouvriers. Elle pourra en employer 5 000. Cette société M & V de Macao, entend diriger ses exportations vers l’Europe.

Progrès dans le dialogue social

Le 1er juillet, l’Organisation internationale du travail (OIT) rend public un rapport d’inspection portant sur une trentaine d’usines où travaillent 21 000 employés, dont 19 000 femmes. Elle constate qu’un nombre appréciable d’usines ont fait de sérieux efforts qui correspondent à ses suggestions, mais qu’un certain nombre doit faire encore des efforts. Les enquêteurs n’ont pas trouvé de preuves concernant le travail des enfants ni sur l’exploitation sexuelle. Par contre, ils dénoncent de nombreux cas d’obligation de faire des heures supplémentaires, des problèmes dans le versement des salaires, dans le manque de liberté des syndicats. « Mais c’est le fait de peu d’usines 

Le 19 juillet, Ranariddh, président de l’Assemblée nationale signe une lettre présentée par un député membre du comité des Affaires sociales de l’Assemblée, envoyée au ministre des Affaires sociales pour qu’il examine le cas des usines Goldfame Enterprise International Knitter et Cambodian Carton qui ont licencié des responsables syndicaux en janvier dernier. Les ouvriers sont obligés de travailler quatorze heures par jour. En mai, le ministre des Affaires sociales avait refusé de faire réembaucher un syndicaliste licencié. On estime entre 400 à 500 les syndicalistes licenciés depuis quatre ans.

Depuis 2000, 180 contremaîtres de 180 usines ont reçu une formation de deux jours concernant les droits de l’homme.

Le 31 juillet, le principal syndical cambodgien SIORC, dans un document de huit pages, annonce qu’il abandonne la politique d’affrontement pour une approche plus diplomatique, afin de réduire le nombre des grèves et d’établir des conventions collectives, usine par usine. Le Cambodge doit en effet faire face à la concurrence étrangère, les grèves découragent les investisseurs potentiels et nuisent à l’économie du pays. Les patrons réagissent favorablement à la proposition. « C’est un signe de maturité de syndicats dit leur porte-parole. Quelques jours plus tard, le 7 août, le SIORC s’insurge contre les déclarations du ministre du Commerce qui voudrait, éventuellement, rabaisser les salaires du travail de nuit. Le syndicat acceptera une augmentation de 50 % pour le travail de nuit (au lieu des 100 % demandés initialement), si le patronat accorde le samedi comme jour de congé pour les travailleurs de nuit.

Le 5 août, les députés commencent à étudier un texte de loi destiné à mettre en place un système de protection sociale des travailleurs du secteur privé, en cas d’accident, de maladie, de chômage et de départ. Durant les débats, les députés du PSR dénoncent les mauvaises conditions de travail dans de nombreuses usines : dans certaines on donne des amphétamines pour augmenter les cadences.

Selon une étude du FMI et du PNUD, le salaire moyen des ouvriers du Cambodge s’élèverait à 61 dollars, à peu près comme le salaire des ouvriers vietnamiens, et un peu moins que les ouvriers chinois, mais au dessus des ouvriers du Bangladesh (40 dollars) et d’Indonésie (40 dollars).

Spoliations de terrains

Même en dépit du vote de la loi foncière par l’Assemblée nationale, les conflits continuent.

Deux cent familles du village de O Svay, à la frontière du Laos, sont en conflit avec une société de production de fécule à partir de patates douces cultivées sur une concession 7 400 hectares obtenue en 1999 pour 70 ans. Mais la dite société aurait débordé les limites de sa concession en empiétant sur les rizières des paysans.

Le 30 juin, un sénateur du PSR affirme que deux familles de Préah Vihéar ont été spoliées de leurs terres le 27 juin, parce qu’elles étaient du PSR.

Quatre-vingt-dix familles de Battambang donnent des détails écrits sur la tentative de spoliation de leurs 150 hectares de terres survenue à la fin mai, dans le district de Koh Kralar. Un homme d’affaires aurait acheté ce terrain, comme faisant partie d’un lot de 450 hectares. Ces paysans cultivent cette terre depuis 1991.

Le 22 juillet, à Koh Kong, Sam Rainsy mène le cortège des spoliés de Mondol Seima, où le gouvernement a lancé un projet de développement industriel. Le gouverneur leur propose 1 000 riels (0,3 euro) le m . Ce projet de développement s’étend sur 336 hectares et la moitié des entrepreneurs sont des Thaïlandais. Les paysans seraient d’accord de vendre leurs terres à 2,25 dollars le m . Le gouverneur de la province se défend en disant qu’il lui faudrait 450 000 dollars pour acheter l’ensemble des parcelles.

Le 29 juillet, 48 familles de Péam Chor, dans la province de Prey Veng manifestent à Phnom Penh contre les fonctionnaires qui ont vendu 58 hectares de leurs terres aux Vietnamiens. Le vice-gouverneur de Prey Veng accuse les paysans de les avoir vendues eux-mêmes.

Suite à la protestation des parlementaires de l’opposition, le contrat octroyant la pêche d’alevins est retiré de la société qui l’avait passé.

Au début juillet, 2 pêcheurs de Srè Ambel, dans la province de Koh Kong, sont tués par des pêcheurs industriels. C’est le quatrième cas de meurtre en deux ans. On les accusait d’avoir volé un bateau. En réalité il semble que les pêcheurs industriels basés à Stoeung Hauv, à Sihanoukville, font régner leur loi.

Le 7 août, les villageois de Muk Kampul lancent des pierres sur leur maire qui avait augmenté le prix de l’électricité de 100 %. Le 12 août, 40 familles de paysans de Koh Roka, s’en prennent à leur maire qui a vendu leurs terres.

Drogue

Le 29 juin, une Taïwanaise est arrêtée à l’aéroport de Pochentong en possession de 1,9 kg d’opium. Le 10 juillet, un couple de Cambodgiens est arrêté à Battambang en possession d’un kilo d’opium noir et de 400 pilules d’amphétamines.

Le 18 juillet la police thaïlandaise saisit 430 000 pilules de métamphétamine, d’une valeur de 244 000 dollars, au nord de Bangkok. Elle pense que cette drogue provient du Laos, par Stoeung Streng, au Cambodge. Stoeung Treng serait devenu une plaque tournante du trafic de drogue en direction du Vielam et d’autres pays. Le 7 août, la police saisit 61 000 pilules d’amphétamine à Bantéay Méan Chhey, destinées à la Thaïlande. Dans la région de Samlaut, la police arrache 1 541 plants de marijuana.

Handicapés

Le nombre des handicapés au Cambodge est estimé entre 160 000 (chiffres de 2000) et 220 000 (chiffres de 1998), dont 45 000 du fait des mines. Pour sa part les Nations Unies estimaient en 1999 que 15 % de la population cambodgienne, soit plus de 1,4 millions de personnes souffraient d’un handicap. Hun Sen lance un appel pour que les sociétés emploient des handicapés. Deux cent soixante d’entre eux ont été récemment embauchés.

Santé

Durant le premier semestre de 2002, on déplore 63 morts par accidents dans la capitale (soit dix de plus que l’an dernier), 572 blessés (contre 468 en 2001) en 359 accidents (324 durant la même période de 2001). Ces accidents sont dus au non respect du code de la route, à l’excès de vitesse et à l’ivresse.

De janvier à mai 2002, 402 personnes ont été blessées ou tuées par les mines ou explosifs non explosés (contre 423 l’an dernier).

La dengue a déjà tué 46 personnes, dont 15 à Phnom Penh cette année. 461 personnes en sont mortes en 1998, 185 en 2001 La diminution impressionnante des décès est due à la pulvérisation de plus de 8 tonnes d’insecticide Abate au mois de mai dans 15 provinces. Une autre pulvérisation a lieu à partir du 22 juillet. La commission européenne a accordé 700 000 dollars à la Croix-Rouge cambodgienne pour combattre la dengue. Généralement l’épidémie de dengue est cyclique et apparaît tous les trois ans. Elle tend à devenir annuelle et à s’étendre aux provinces.

La malaria serait en baisse de 20 % par rapport à la même période de 2001, et a affecté 27 645 personnes. Cette baisse est sans doute due aux distributions de moustiquaires imbibées et à la diffusion de la malaria.

Pour la troisième fois, l’hôpital de Kompong Chhnang a reçu un don en matériel de l’Association française de Solidarité et de l’association Qualuet Gavaud Nadège, représentant une valeur de 36 692 euros.

Un séminaire d’un mois, commencé le 1er août, entend mobiliser les moines bouddhiques contre le sida, ou plutôt contre les conséquences du sida, en leur faisant prêcher sur la solidarité et la tolérance à l’égard des victimes du sida.

Le 5 août, le ministère de la Santé propose des directives aux sages-femmes et médecins pour lutter contre la propagande de multinationales qui proposent du lait pour bébé afin de remplacer le lait maternel. Selon le ministère, les sociétés Nestlé, Dumex et France-bébé emploient des tactiques répréhensibles en donnant des échantillons de lait maternisé dans les maternités et profitent de l’ignorance des mamans pour leur en vanter les bienfaits. 96 des mamans cambodgiennes allaitent elles-mêmes leur enfant. Un enfant sur dix meurt avant l’âge d’un an. 124 sur 1 000 meurt avant l’âge de 5 ans. 4,4 femmes sur 1 000 meurent en couches.

Un rapport de la direction municipale de la Santé de Phnom Penh, présenté le 5 août, révèle que 30 % des 127 restaurants inspectés présentent des conditions d’hygiène correcte, 40 % de passable. Un atelier d’artisanat en agroalimentaire sur trois laisse à désirer. 80 % des vendeurs auraient cessé d’avoir recours à des produits chimiques pour embellir leurs plats. Selon Pasteur, la moitié de la glace vendue est vecteur de maladies, dont la typhoïde, deux sandwiches au pâté sur trois vendus dans la rue présentent des risques.

Immigration

Le ministre de l’Intérieur fait procéder à un recensement des étrangers. Le 8 juillet, le journal d’opposition Monosékar Khmer (‘La Conscience khmère’) diffuse une note remise au ministre de l’Intérieur, déclarant que les détenteurs d’une carte d’électeurs sont « pratiquement cambodgiens justifiant ainsi la présence de nombreux immigrants vietnamiens. Le journaliste est arrêté et interrogé pendant dix heures par la police afin de connaître la personne qui lui a remis ce document. Le journal prévoit de porter plainte pour atteinte à la liberté d’expression et arrestation sans mandat.

Le recensement des étrangers conduit dans les 24 provinces entre le 15 mai et le 26 juillet en dénombre 59 796, répartis en 16 052 familles, appartenant à 17 nationalités. Les Vietnamiens sont les plus nombreux avec 15 925 familles, suivis des Thaïlandais (58 familles) des Chinois (28 familles), des Laotiens (23). Ces chiffres sont manifestement faux.

Education nationale

Des primes sont promises aux enseignants qui accepteront de se déplacer : 76 dollars pour un changement dans la même commune, 128 pour un changement dans une autre commune, 300 pour ceux qui iront en campagne. Si le volontariat ne suffit pas, le ministère procèdera à des désignations. A cause de la corruption rampante, les enseignants qui veulent rester dans les chefs-lieux versent de l’argent à l’administration.

Des sessions de rattrapage sont prévues pour diminuer le taux de redoublement, de 25 % l’an dernier, pour le faire passer à 15 %. Dans la capitale, le taux de redoublement était de 12,57 % avant l’examen, et de 11,11 % après l’examen. La mauvaise scolarisation de la jeunesse cambodgienne, due en grande partie aux maigres salaires des enseignants, est un handicap à long terme de la croissance économique du pays.

Le ministère de l’Education nationale décide de ne plus exiger le baccalauréat pour l’entrée en université, mais un comité examinera les notes obtenues au cours de l’année et celles du baccalauréat. En soi, cette réforme paraît bonne, sauf qu’elle diffuse la corruption à tous les niveaux, comme le déplorent beaucoup d’étudiants. Tel étudiant qui ne vient jamais en classe et a de meilleures notes que l’élève assidu, parce qu’il paye 2 à 40 dollars par matière. Le ministère défend sa mesure en affirmant que le contrôle continu par les notes n’intervient que pour 14 % dans les résultats examinés par le jury d’admission. D’autre part, 700 professeurs ont été sanctionnés pour avoir touché des pots de vin en échange de bonnes notes.

Malgré des mesures draconiennes pour les épreuves du baccalauréat, on signale encore de nombreux cas de triches. Les épreuves de mathématiques ont été largement distribuées avant la date de l’examen. Un candidat d’une école de Phnom Penh affirme avoir dépensé 15 dollars pour avoir les sujets à l’avance. L’Association Indépendante des Enseignants du Cambodge affirme que les réponses aux examens ont été achetées entre 1 000 et 1 500 dollars, ce que dément le ministère.

Le 14 août, le ministère de l’Education nationale révèle les résultats du baccalauréat : 40 % de réussite seulement. Cependant le nombre des candidats est passé de 30 000 en 2001 à 47 122 cette année. Cela donne 18 766 bacheliers nouveaux.

La Banque mondiale soutient la réforme de l’université avec un prêt de 30 millions de dollars étalé sur quatre à 5 ans. Cette réforme pré-voit notamment la création de bibliothèques, la fourniture d’ordina-teurs, d’enseignement pour les professeurs. Cependant, avant tout octroi d’argent, l’université doit créer un comité d’accréditation chargé d’évaluer la qualité des enseignements et des diplômes décernés. Ce comité comprendra 4 membres, représentant vingt éta-blissements, et devra être indépendant des influences politiques. Une douzaine d’écoles privées ont fleuri durant les deux dernières années.

Le Royaume comprend environ 25 000 étudiants, soit 1,2 % de la classe d’âge concernée, contre 20,7 % dans l’ensemble des pays de l’ASEAN, et 5,7 % dans les pays voisins les moins développés. On prévoit que les effectifs quadrupleront d’ici à 2010. Jusqu’à présent, le système universitaire cambodgien a superposé dans le désordre ceux de la France, de l’URSS, de la Chine et du Vietnam. C’est désormais le modèle américain qui prévaut.

La municipalité de Phnom Penh lance un projet de démarchage des familles qui voudraient bien accepter l’un des quelque 1 000 enfants des rues de la capitale, contre une aide financière. L’idée est accueillie avec sympathie par les ONG en charge de ces enfants, mais ces ONG ne cachent pas les difficultés de sa réalisation.

Sport : réfection du Stade olympique

Le 1er juillet, le ministre de l’Education Nationale, déclare que les travaux de réfection du stade olympique sont effectués à 80 %. Une enquête menée par la fédération de natation amateur estime, pour sa part, qu’ils ne sont avancés qu’à 30 ou 40 %. La société taïwanaise Yuan Ta a décroché la concession de 3,6 millions de dollars en mai 2000 pour la réfection des équipements du stade et de 36 millions pour la construction et l’exploitation de nouvelles infrastructures sportives et commerciales qui s’étend sur une durée de 70 ans, avec paiement de 100 000 dollars à l’Etat par an après les six premières années d’exploitation. Le journal pro-gouvernemental Réasmey Kampuchéa accuse la société taïwanaise de traîner les pieds et « d’avoir assez d’argent pour arroser les fonctionnaires afin de conserver son contrat de concession 

Selon le gouverneur de la ville de Phnom Penh, le ministère de l’Education nationale a approuvé la construction de 80 appartements illégaux sur le site du stade olympique. La société compte vendre chacun de ces appartements pour la somme de 90 000 dollars. « La société s’est plus intéressée à la construction des appartements qu’à la réparation du stade dit un observateur bien placé.

Le 7 août, les judokas cambodgiens décrochent 10 médailles, dont deux en or, à Ho Chi Minh-Ville, lors des septièmes jeux de l’Asie du Sud-Est.

Entre les 6 et 10 août, les lutteurs cambodgiens ont décroché une médaille d’or et une d’argent aux Philippines.

Une société de publicité japonaise, Dentsu, s’engage à soutenir financièrement la fédération nationale cambodgienne, sans doute à hauteur de 100 000 dollars.

Religion

Le bouddhisme compte aujourd’hui 3 798 pagodes et 53 000 moines. 15 000 jeunes sont inscrits dans les écoles bouddhistes.

Le dalaï lama n’est pas autorisé à participer à la troisième conférence bouddhiste mondiale par les autorités cambodgiennes qui n’acceptent les moines chinois envoyés par le gouvernement de Pékin.

DIVERS

Bopha Dévi, fille du roi Sihanouk et ministre de la Culture, gagne un procès contre un journal thaïlandai