Eglises d'Asie

Plusieurs centaines de moines bouddhistes ont manifesté à Colombo contre la levée de l’interdiction du LTTE, la formation des Tigres tamouls

Publié le 18/03/2010




Rassemblés dans une nouvellement formée Conférence nationale des moines bouddhistes, plusieurs centaines de membres du clergé bouddhiste du pays ont défilé dans les rues de Colombo le 2 septembre dernier avant de tenir un meeting dans le plus important centre de conférences de la capitale. La principale revendication des moines a été de demander au gouvernement de revenir sur son projet de levée de l’interdiction pesant sur le LTTE, la formation politique et militaire des Tigres tamouls (1). Les religieux ont déclaré qu’ils allaient soumettre leur requête à la présidente Chandrika Kumaratunga qui, elle-même, s’est dite opposée à la levée de l’interdiction du LTTE.

A la tribune du centre de conférences, des moines se sont succédé au micro pour demander à la présidente de prendre le portefeuille de la Défense afin d’empêcher le Premier ministre de légaliser le LTTE, déclarant que la nation était en danger d’éclatement. Au micro, des moines se sont également montrés critiques envers leur hiérarchie, lui reprochant de ne pas prendre une position ferme face aux problèmes ethniques du pays. Le moine Dharanagama Kusaladhamma a déclaré que le clergé bouddhiste n’était pas contre la paix dans l’île mais qu’il s’opposerait à sa partition de facto entre une partie cinghalaise et une partie tamoule. Il a accusé des “forces insidieuses” d’être à l’ouvre dans le pays afin de marginaliser la communauté cinghalaise et bouddhiste, majoritaire. “Aujourd’hui, ce pays est dirigé par l’Eglise catholique, la Norvège et le LTTE a-t-il assuré.

Cependant, dans la nuit du 4 au 5 septembre à minuit, soit avec un jour d’avance par rapport au calendrier annoncé, le Premier ministre a levé l’interdiction qui pesait depuis janvier 1998 sur le LTTE. Engagé dans des pourparlers décisifs de paix avec le LTTE, pourparlers qui doivent débuter ce 16 septembre en Thaïlande sous médiation norvégienne, Ranil Wickremesinghe avait en effet annoncé qu’il accéderait à la revendication des Tigres de se voir de nouveau autorisés officiellement et sans condition dix jours avant le début des pourparlers. Le 9 septembre, une manifestation de soutien à la politique de négociation du Premier ministre a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de Sri Lankais dans les rues de Colombo. Prenant la parole devant la foule, Ranil Wickremesinghe a déclaré que ce qui était entrepris était seulement le commencement d’un long et difficile chemin vers la paix : “Nous travaillons en vue de la transformation d’un groupe rebelle, qui a trouvé sa justification par les combats, en une organisation qui ouvrera à l’intérieur d’un système politique démocratique. Ce n’est pas une tâche aisée.”