Eglises d'Asie – Bangladesh
Un journaliste grièvement blessé et quatre autres menacés de mort par des militants islamistes
Publié le 18/03/2010
L’incident a eu lieu dans la ville de Faridpur. Dans cette ville, située à l’ouest de Dacca, les militants islamistes du groupe Touhidi Janata ont obtenu des autorités locales l’interdiction de la représentation d’une pièce de théâtre intitulée Khatha Krishnakhali par une troupe d’acteurs de la ville. A la suite de manifestations de rue des islamistes, la police a arrêté l’auteur et le metteur en scène de la pièce. Les comédiens se sont cachés de peur d’être interpellés. A partir du 23 août, les militants islamistes s’en sont pris aux correspondants de quatre quotidiens nationaux, le Janakantha, le Bhorer Kagoj, le Prothom Alo et le Ajker Kagoj, qui avaient rapporté les événements et soutenu la troupe de théâtre. Dans l’après-midi du 24 août, cinq individus armés de machettes et de haches s’en sont pris à Belal Chowdhury, reporter du journal local Dainik Thikana, qui avait dénoncé dans les colonnes de sa publication les menaces des islamistes de « pendre » les membres de la troupe théâtrale et les journalistes qui les soutiennent. Transporté sans connaissance dans un hôpital de la ville, Belal Chowdhury a été ensuite transféré sur un hôpital de Dacca, son état étant préoccupant.
Toujours selon Reporters sans frontières et le BCDJC, les pressions exercées sur les journalistes ne sont pas inédites à Faridpur. Prabir Shikder, le correspondant local du Janakantha, qui fait partie du groupe des quatre journalistes ayant reçu des menaces de la part des islamistes et qui, par ailleurs, a déposé plainte en son nom et au nom de ses collègues, avait, en avril 2001, échappé à une tentative d’assassinat. Les médecins avaient dû l’amputer de la jambe droite touchée par une balle. Le journaliste avait écrit quelques jours auparavant un article mettant en cause le passé de « criminel de guerre » d’un homme d’affaires local, Musa-bin-Shamsher.
Selon les observateurs, l’incident de Faridpur vient s’ajouter à une série d’autres illustrant une certaine dégradation du climat politique dans le pays (1). Dans le courant de l’été, la presse locale a rapporté que des extrémistes musulmans de la ville de Haluaghat, située au nord-est de Dacca, ont utilisé des haut-parleurs à l’extérieur des mosquées pour inciter les musulmans à tuer les chrétiens afin de venger la mort de Palestiniens au Moyen-Orient. Selon le protestant Joyanta Adhikari, président de la Commission chrétienne pour le développement du Bangladesh, la présence du « parti politique islamiste » Jamaat-e-Islami dans le gouvernement de coalition, au pouvoir à Dacca depuis octobre dernier, rend « la situation des communautés religieuses minoritaires plus vulnérable » et le gouvernement reste silencieux devant les attaques contre ces minorités.