Eglises d'Asie

Hongkong : après la mort du cardinal Wu, âgé de 77 ans, le diocèse de Hongkong est dirigé par Mgr Joseph Zen Ze-kiun, jusqu’ici évêque coadjuteur

Publié le 18/03/2010




Le 23 septembre dernier au matin, le cardinal Jean-Baptiste Wu Cheng-chung, évêque du diocèse de Hongkong depuis 1975, s’est éteint paisiblement, affaibli depuis six ans par un fort diabète et atteint depuis quelques temps d’un cancer du sang. Selon le P. Louis Ha Ke-loon, directeur du Bureau catholique des communications sociales de Hongkong, les derniers mots du cardinal ont été une prière appelant la bénédiction continue de Dieu sur le diocèse et la société de Hongkong. Elevé au rang de diocèse en 1946, Hongkong a ainsi perdu son cinquième évêque et est désormais dirigé par Mgr Joseph Zen Ze-kiun, nommé évêque coadjuteur avec droit de succession en septembre 1996. Le 27 septembre, la dépouille du cardinal a été déposée dans la cathédrale de l’Immaculée Conception avant la messe des funérailles qui a eu lieu le 28 septembre et qui était présidée par le cardinal Crescenzio Sepe, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, envoyé du pape Jean-Paul II à cette occasion. Le cardinal, originaire de la province du Guangdong, sur le continent chinois, a été inhumé à Hongkong, au cimetière catholique Saint Michel.

Dès la nouvelle de la mort du cardinal, les messages et les témoignages venus de Hongkong et d’ailleurs ont afflué. Pour le chef de l’exécutif de Hongkong, Tung Chee-hwa, qui est allé à la cathédrale pour rendre un dernier hommage au défunt, le cardinal a “ouvré sans relâche au service de la communauté catholique” ainsi que “pour le bien-être du peuple de Hongkong”. A Rome, le pape Jean-Paul II a dit “son immense reconnaissance pour la coopération fructueuse et infatigable” du cardinal avec le Saint-Siège et avec le Saint-Père. Au sein de l’Eglise de Hongkong, les témoignages ont souligné le rôle qui avait été celui du cardinal pour faire de cette Eglise une “Eglise-pont entre l’Eglise de Chine et l’Eglise universelle, assurant également une transition en douceur entre la colonie britannique et la Région administrative spéciale de la République populaire de Chine depuis juillet 1997.

Né le 26 mars 1925 dans le district de Wuhua, dans la province du Guangdong, au sein d’une famille d’ethnie hakka, le cardinal Wu avait étudié au Séminaire régional de la Chine du sud avant d’être ordonné prêtre le 6 juillet 1952 à Hongkong. Après un diplôme en droit canon obtenu à Rome en 1956, il avait servi un court temps à Hongkong puis aux Etats-Unis, avant d’être envoyé à Taiwan où il avait été de nombreuses années curé de paroisse. Ordonné évêque pour le diocèse de Hongkong le 25 juillet 1975, il avait été fait cardinal par Jean-Paul II en 1988, devenant le quatrième prêtre chinois à recevoir cette distinction (1).

Son action à la tête du diocèse de Hongkong, caractérisée par une certaine discrétion dans l’expression, peut être séparée en deux volets, l’un orienté vers la Chine continentale, l’autre centré sur les problèmes de la société hongkongaise. En direction de la Chine, le cardinal Wu a été le premier évêque de ce diocèse à se rendre en visite en Chine populaire. A trois reprises – 1985, 1986 et 1994 -, il s’était rendu à Pékin, à Shanghai puis sur son lieu de naissance où il avait pu rencontrer sa mère et des membres de sa famille dont il avait été séparé durant quarante ans (2). Pour développer le rôle d’Eglise-pont assigné à l’Eglise de Hongkong, le cardinal encouragea des théologiens – dont son futur coadjuteur – et des laïcs engagés à aller enseigner dans les séminaires du continent, invita des séminaristes, des prêtres et des religieuses du continent à venir étudier à Hongkong et soutint la formation et le travail du Centre d’études du Saint-Esprit.

Au sujet des difficultés de la société hongkongaise, d’importantes lettres pastorales ont été publiées sous l’autorité du cardinal Wu. Après l’écrasement du printemps de Pékin, en juin 1989, une lettre pastorale souligna l’impasse dans laquelle les autorités chinoises s’engageaient et les conséquences de leur choix pour Hongkong. Plusieurs années avant cette date, il avait demandé à ce que les droits des réfugiés vietnamiens présents à Hongkong soient respectés. En 1997, une autre lettre pastorale soulignait les enjeux de la rétrocession de Hongkong à la Chine. Enfin, en 1999, il se prononçait en faveur de la défense du droit au regroupement familial pour les enfants chinois nés de parents résidant légalement sur le territoire de Hongkong (3).