Eglises d'Asie

Karachi : six membres de la ‘Commission pour la justice et la paix’, organisation chrétienne, ont été assassinés par des terroristes

Publié le 18/03/2010




Une nouvelle agression sanglante vient de s’ajouter à la déjà longue série d’attentats terroristes perpétrés contre des établissements chrétiens du pays depuis que son gouvernement s’est rangé aux côtés des forces américaines dans la guerre menée contre le terrorisme. L’attaque qui a eu lieu mercredi 25 septembre 2002 a touché le siège de la ‘Commission pour la justice et la paix’, un organisme ocuménique situé dans une rue commerçante de Karachi. Elle a coûté la vie à six militants chrétiens et en a blessé deux autres.

Deux individus armés de pistolets de combat ont fait irruption dans les bureaux de la ‘Commission pour la justice et la paix’ et, selon la police, ont commencé par attacher les militants présents avec des cordes. Ce n’est qu’ensuite que les agresseurs ont tiré sur eux à bout portant. La police a rappelé, à ce propos, que le 22 mai dernier, Ivan Edwin, membre de la même Commission pour la justice et la paix, retrouvé assassiné par injection de substance mortelle, avait lui aussi été attaché auparavant à une chaise (1).

Les témoins ont affirmé que les assaillants ne portaient pas la barbe et étaient vêtus de pantalons et de tee-shirts, contrairement aux terroristes ayant mené les deux attaques sanglantes contre des établissements chrétiens au nord du Pakistan le mois dernier (2). Ces derniers étaient barbus et portaient l’habit traditionnel, chemise ample et pantalon blanc. Cependant, on s’interroge pour savoir comment les terroristes ont pu atteindre le troisième étage de l’immeuble où se trouvaient les bureaux de la Commission pour la justice et la paix sans être détectés. La sécurité de l’immeuble est, en effet, assurée très strictement et l’entrée des visiteurs particulièrement contrôlée.

Les six victimes ont été immédiatement identifiées comme les membres de la petite équipe de la Commission pour la justice et la paix. L’une d’entre elles, Aslam Martin, était le coordinateur du groupe. Les deux blessés n’ont pas été touchés par des balles mais ont été sauvagement frappés par les agresseurs. La police pense que les terroristes étaient des musulmans fanatiques exaspérés par la décision du gouvernement de soutenir les Etats-Unis dans leur guerre anti-terroriste. L’attaque a eu lieu environ 24 heures après l’arrestation de deux militants de l’organisation Lashkar-e-Jhangvi, un groupe islamique radical, en lien avec la fameuse organisation Al Qaeda, accusés d’avoir fourni des grenades à main aux militants qui ont tué cinq infirmières dans la chapelle de l’hôpital baptiste de Taxila (3).

L’attentat dirigé contre la Commission pour la justice et la paix, une institution installée à Karachi depuis trente ans, connue et respectée par beaucoup pour ses actions caritatives et ses interventions en faveur de la justice sociale, est le dernier d’une liste déjà longue. En octobre 2001, des terroristes avaient ouvert le feu pendant un service protestant célébré dans une église catholique de Bahawalpur, provoquant la mort de quinze fidèles (4). Au mois de mars, cinq fidèles étaient morts au cours d’une attaque dans l’église protestante internationale d’Islamabad (5). Récemment, dans la même semaine du mois d’août, deux attaques successives ont eu lieu contre deux centres chrétiens (6). Des militants islamistes ont ouvert le feu sur une école chrétienne faisant six morts et des blessés. Des grenades ont été jetées dans la chapelle d’un hôpital chrétien qui ont tué onze personnes, y compris un attaquant.

Selon la police pakistanaise, il est à craindre que les chrétiens continuent encore longtemps d’être les victimes impuissantes du terrorisme aveugle. A la mi-septembre, les services de police de la ville ont arrêté des militants islamistes en possession d’armes, d’explosifs et des plans détaillés de deux églises chrétiennes de Karachi et d’une école identifiée comme étant une école missionnaire de l’Eglise du Christ.

Cependant, la presse locale et certaines agences de presse, se faisant l’écho de commentaires officiels, ont mis cet attentat en rapport avec l’attaque du temple hindou au Gujarat, en Inde, attentat qui, un jour avant, avait coûté la vie à une trentaine de personnes (7). Le vice-Premier ministre indien, Lal Krishna Advani, avait implicitement attribué au Pakistan la responsabilité de cette attaque. Le ministre de l’Intérieur du Pakistan, Moinuddin Haider, a confié à l’agence Reuters qu’il suspectait les services secrets indiens d’avoir commandité l’assassinat de Karachi.