Eglises d'Asie

Au Bangladesh, le Concile de Vatican II qui, entre autres, recommandait plus d’inculturation et une plus grande participation du laïcat exige un continuel approfondissement

Publié le 18/03/2010




La participation des laïcs et l’inculturation font certes partie du quotidien de l’Eglise du Bangladesh mais l’esprit du Concile de Vatican II a encore besoin d’être approfondi, estime le P. Gabriel Corraya, supérieur de l’unique grand séminaire du Bangladesh, le séminaire du Saint Esprit à Dacca. Dans un entretien accordé à l’agence Ucanews (1), le prêtre a esquissé un bilan de l’après-Vatican II pour son Eglise, quarante ans après l’ouverture du concile (1962-1965).

D’après le P. Corraya, à la suite de Vatican II, la liturgie s’est faite vivante et plus signifiante : “L’inculturation est devenue une priorité dans les célébrations liturgiques de nos Eglises locales, spécialement chez les Khasi, les Mandi et les autres ethnies”. Des conseils pastoraux ont été mis en place presque dans toutes les paroisses et les prêtres ont commencé à associer des laïcs aux activités paroissiales. Plusieurs commissions et conseils sont nés des directives conciliaires, a-t-il encore constaté, citant en exemple les commissions liturgiques, qu’elles soient nationales ou diocésaines. Des traductions en langues vernaculaires de la Bible et des documents post-conciliaires ont été également publiés.

« Au début, certains étaient très réservés voire même opposés à l’application des directives de la ‘Constitution de la Sainte Liturgie’ (Sacrosanctum ConciliumMais, après plusieurs séminaires orga-nisés sur le sujet, les esprits ont évolué. Maintenant, nous pouvons constater que les laïcs participent pleinement aux célébrations liturgiques”, a expliqué le P. Corraya, qui lui-même a étudié la liturgie à Rome. Il voit dans Vatican II et l’ensemble de ses documents la “grande charte” (magna carta) de la vie de l’Eglise et de la vie des chrétiens. En matière de formation, les séminaristes étudient les documents du Concile dès la première année de leurs sept ans d’étude. Il souligne également que les prêtres qui enseignent la théologie au grand séminaire sont invités à développer le concept de l’Eglise, de son ministère, de ses ministres et de sa mission “à partir des documents de Vatican II”.

Le P. Corraya affirme enfin qu’il ne voit toujours pas la nécessité d’un nouveau concile puisque Vatican II n’est pas encore pleinement appliqué : “Beaucoup de gens ne savent rien du Concile. Il reste, chez nous, encore beaucoup de choses à expliquer, interpréter et mettre en ouvre», précise-t-il. Selon lui, cela devrait se faire grâce aux séminaires, aux rencontres et aux cercles d’études organisés dans les paroisses. Des tels séminaires et rencontres ont eu lieu ces deux dernières années, surtout à l’échelon paroissial et diocésain où les prêtres essayent d’instiller l’esprit du Concile dans les paroisses, les conseils paroissiaux, la Société de St Vincent de Paul, la Légion de Marie et les autres mouvements d’Eglise. Quant à envoyer des personnes se former à l’étranger, pour rester au contact des évolutions des autres Eglises locales et de l’Eglise universelle, le prêtre affirme que son Eglise est trop pauvre financièrement pour se le permettre.