Eglises d'Asie

Hongkong : le nouvel évêque du diocèse réaffirme sa volonté de dire « la vérité dans la charité » et critique le projet de loi sur la subversion récemment présenté par les autorités

Publié le 18/03/2010




Une semaine après le décès du cardinal Wu (1), Mgr Joseph Zen Ze-kiun, en compagnie de Mgr John Tong, respectivement évêque et évêque auxiliaire du diocèse catholique de Hongkong, ont tenu une conférence de presse le 30 septembre dernier. Retransmise en directe sur Hong Kong Cable Television, la conférence était pour les deux responsables de l’Eglise catholique la première occasion formelle de s’exprimer depuis la mort du cardinal. Mgr Zen a réaffirmé qu’il suivrait l’exemple du cardinal Wu dont la devise était « la vérité dans la charité » et que, si par le passé il avait été pressé de dire la vérité, il placerait désormais la charité en premier lieu. Ceci étant dit, il a souligné que « la vérité sera la base » sur laquelle il appuiera son action à la tête du diocèse.

Au sujet des prises de position de l’Eglise locale dans les débats publics qui ont agité Hongkong ces dernières années, tels que le droit au regroupement familial pour les migrants venus du continent chinois, Mgr Zen a affirmé qu’il continuera à défendre les minorités car le droit de se battre pour défendre ses propres droits est sacré et ne peut être confisqué par d’autres. Il a ajouté que, par le passé, il avait ressenti de la frustration face à l’absence de réponse de la part de l’exécutif local et que la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse, qui ne doit pas être confondue avec un groupe de pression mais qui exprime la position de l’Eglise, sera amenée à jouer un rôle plus important. En réponse à la question d’un journaliste, Mgr Zen a refusé de considérer que l’Eglise était trop impliquée en politique et a déclaré qu’il était du devoir de l’Eglise de dire ce qu’elle estimait vrai dans les domaines relatifs à la moralité, aux droits de l’homme et à l’égalité, en particulier s’agissant des minorités.

Sur la question des relations avec la Chine et des relations entre Pékin et le Saint-Siège, Mgr John Tong a pris la parole pour dire que le rôle du diocèse de Hongkong était minime, la question étant très complexe, mais que l’Eglise de Hongkong pouvait aider de multiples façons, en facilitant des échanges entre les autres Eglises locales et le gouvernement chinois ou en envoyant des formateurs dans les séminaires du continent. L’évêque auxiliaire a ajouté que l’Eglise de Hongkong continuera à diffuser des informations sur les cas de persécution endurée par les catholiques chinois. Il a aussi exprimé l’espoir que la liberté religieuse se développera en Chine à mesure que le pays rendra effective son entrée dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et se préparera aux Jeux olympiques de 2008, qui se dérouleront à Pékin.

Toujours à propos de l’Eglise catholique sur le continent, Mgr Zen a précisé que ce n’était pas seulement la partie « clandestine » de l’Eglise catholique qui voyait sa liberté restreinte mais que la liberté religieuse qui était celle de la partie « officielle » de l’Eglise était également en train de se restreindre. Interrogé sur le statut de persona non grata sur le continent qui est le sien depuis quatre ans, Mgr Zen a déclaré qu’il lui était difficile de se rendre en Chine car le gouvernement chinois lui avait fait savoir qu’il ne pourrait se rendre sur le continent qu’à la condition d’y être invité par la Conférence des évêques « officiels », une structure non reconnue par le Saint-Siège. A deux occasions, depuis 1998, Mgr Zen a demandé à visiter l’Eglise de Chine en présentant un programme précis mais, à deux reprises, a précisé l’évêque, les autorités chinoises ont refusé.

Peu de jours après cette conférence de presse, Mgr Zen a de nouveau pris publiquement la parole en réagissant à la publication par le gouvernement de Hongkong d’un projet de loi anti-subversion dont les grandes lignes, mais pas le détail des propositions, ont été formulées (2). Les 3 et 5 octobre der-niers, commentant devant différents médias locaux ce projet de loi, Mgr Zen s’est dit « un peu ef-frayé » par son contenu. Réitérant l’espoir de pouvoir rencontrer bientôt le chef de l’exécutif de Hong-kong pour un échange de vues sur le sujet, Mgr Zen a déclaré que, par exemple, si la partie « clan-destine » de l’Eglise catholique en Chine était décrétée dangereuse par Pékin, le diocèse de Hongkong pourrait se retrouver dans une situation délicate car « nous faisons partie de la même Eglise ». Mgr Zen s’est déclaré prêt à aller en prison pour désobéissance à la loi s’il estime, en conscience, ne pouvoir obéir à une loi « injuste ». « Comment définir la désobéissance civile ? Si ma conscience me dit qu’une loi est injuste, je suivrai ma conscience et n’obéirai pas à la loi. Ayant dit cela, en tant que personne vivant en société, je suis prêt à accepter les conséquences [de mes choix]. Si je dois aller en prison pour cela, je suis prêt à y aller a-t-il déclaré le 5 octobre sur les ondes de RTHK.

Par ailleurs, Mgr Zen a réagi à une remarque de Gao Siren, directeur du Bureau de liaison de Pékin à Hongkong, tenue lors de la réception donnée à l’occasion du 1er octobre, fête nationale de la République populaire de Chine. S’exprimant au sujet de l’Eglise catholique, Gao Siren a déclaré que l’exemple du cardinal Wu, un « homme pragmatique et direct » au style « discret devait être suivi. Le 5 octobre, Mgr Zen a répondu en tenant les propos suivants sur Cable TV : « Les propos de M. Gao renvoient à ce que j’ai dit. J’ai dit et redit que j’apprenais du cardinal Wu. M. Gao devrait aussi apprendre de son prédécesseur. Jiang Enzhu avait coutume d’être très discret. J’espère que nous aurons des contacts plus directs à l’avenir. »