Eglises d'Asie

Dans une région reculée du nord du pays, une hindoue convertie au catholicisme désamorce un risque de conflit communautaire par son offre de pardon

Publié le 18/03/2010




Dans une région isolée de la partie nord du pays où le christianisme reste très minoritaire mais compte un nombre croissant d’adeptes (1), une hindoue convertie au catholicisme et violemment attaquée par l’un de ses voisins musulmans a désamorcé un risque de conflit communautaire en offrant le pardon à son agresseur. La scène s’est déroulée le 13 septembre dernier dans le village de Tengrachala, dépendant de la paroisse catholique de Kewalchala, située dans le district de Sripur, à 90 km. au nord-ouest de Dacca.

Le début de l’histoire remonte au 7 juillet dernier lorsque Mohammed Ramjan Ali, musulman âgé de 60 ans, s’en est pris violemment à une de ses voisines, Konoklota Sarker, de confession catholique, après qu’il eut aperçu des poules appartenant à cette dernière picorer le riz qu’il avait stocké. Six hommes se seraient joints à Ali, battant si violemment la femme qu’elle a dû être hospitalisée. Selon une source catholique locale, Ali nourrissait de longue date un ressentiment contre Sarker et sa famille du fait qu’elle et ses proches avaient refusé les propositions qui leur avaient été faites de se convertir de l’hindouisme à l’islam et avaient finalement choisi de rejoindre l’Eglise catholique.

Après avoir quitté l’hôpital, Konoklota Sarker a décidé de ne pas porter plainte à la police, estimant qu’une démarche auprès des autorités ne ferait qu’envenimer les choses. Elle a préféré demander l’aide de son curé, le P. Dominic Rozario, qui, en collaboration avec le responsable du village, Mizamur Rahman, a convaincu les deux parties de l’utilité d’une médiation publique, médiation organisée par Rosaline Costa, coordinatrice de Hotline Bangladesh, une ONG catholique bangladaise. Le jour retenu pour la médiation fut le vendredi 13 septembre dernier, après l’heure de la prière pour les musulmans.

Selon Rosaline Costa, c’est dans un climat de tension que se déroula la rencontre : après avoir offert une prière universelle, le P. Rozario et Rosaline Costa invitèrent les deux parties à venir se parler. Cinquante personnes de chaque côté les accompagnaient. Mohammed Ali tremblait de peur, craignant une lourde sanction. Cependant, Rosaline Costa parla du pardon, soulignant que “la paix garde les gens de toutes religions ensemble et qu’elle les mène à Dieu”. Comme sanction, il fut demandé à Ali de payer, dans la mesure de ses moyens, les frais médicaux engagés par Konoklota Sarker. M. Ali s’approcha alors de K. Sarker, lui prit les mains et implora son pardon que celle-ci lui offrit immédiatement. Pour Konoklota Sarker, “le pardon peut tout calmer et même empêcher le sang de couler”.