Eglises d'Asie – Chine
Hongkong : à l’occasion de la cérémonie de son installation, le nouvel évêque catholique demande la sagesse de savoir quand prendre la parole et quand garder le silence
Publié le 18/03/2010
Trois semaines après la messe de requiem célébrée pour les obsèques du cardinal Wu Cheng-chung, la cathédrale de l’Immaculée Conception était de nouveau pleine à craquer. Près de la moitié de l’assistance avait dû prendre place dans un bâtiment de la Caritas locale, adjacent à la cathédrale, où la cérémonie était retransmise sur écran. Mais, contrairement à la messe de funérailles du 28 septembre dernier, aucun responsable du gouvernement local ni aucun dignitaire des autres Eglises et religions de Hongkong n’était venu assister à l’installation du sixième évêque catholique de Hongkong.
Dans son homélie, Mgr Zen a déclaré que le principe de séparation des Eglises et de l’Etat était un principe acquis et accepté à Hongkong mais, a-t-il ajouté à l’adresse des catholiques, ce principe ne doit pas leur faire oublier que leur foi leur enjoint de ne pas esquiver leurs responsabilités dans ce monde. Citant le pape Grégoire le Grand (590-604), Mgr Zen a dit : « Si un responsable religieux a peur de dire ce qui est vrai, que peut donc signifier son silence sinon qu’il a fui ? » La foi catholique, a-t-il rappelé, exige de tous ses fidèles un engagement à assumer un rôle dans la société ; cela signifie que, parfois, tout un chacun doit obéir et que, parfois, tout un chacun doit critiquer. « Il n’est pas plus aisé de critiquer que d’obéir. L’honnêteté ne plaît pas toujours a-t-il souligné.
Parmi les comptes rendus dans la presse de Hongkong de la cérémonie d’installation, on a pu noter l’article paru le 21 octobre dans le Ta Kung Pao, un quotidien considéré comme favorable à Pékin. L’homélie de Mgr Zen, connu pour ses fermes prises de position sur un certain nombre de dossiers ayant trait aux questions sociales ou aux relations de Hongkong avec les dirigeants de la Chine populaire, y a été considérée comme une « défense » des « ingérences » de l’évêque dans le champ politique et un « plaidoyer » pour la résistance au pouvoir politique. L’article du Ta Kung Pao estimait également, sans citer de source, que les autres responsables religieux de Hongkong n’étaient pas satisfaits des « discours politiques » de Mgr Zen et de ses commentaires relatifs au projet de loi sur la subversion, actuellement à l’étude (2), car de telles prises de position pour un responsable religieux étaient inappropriées et s’inscrivaient en violation du principe de séparation des Eglises et de l’Etat.
Parmi les nombreux invités que Mgr Zen avait conviés à la cérémonie de ce 20 octobre se trouvaient des enfants vivant à Hongkong depuis peu et dont les parents, Chinois originaires du continent, sont installés de plus longue date dans l’ex-colonie britannique. Ces dernières années, la question du droit au regroupement familial pour les émigrés chinois à Hongkong a défrayé la chronique et a constitué un test de l’indépendance des institutions de Hongkong par rapport à Pékin, au nom du respect du principe « un pays, deux systèmes ». Sur cette question, l’Eglise catholique en général et Mgr Zen en particulier ont régulièrement été en pointe (3).