Eglises d'Asie

Les minorités religieuses dénoncent les manipulations électorales du gouvernement et s’inquiètent des futures alliances politiques

Publié le 18/03/2010




Le 17 octobre dernier, à Karachi, un groupe provincial de représentants de minorités religieuses du pays a accusé publiquement le gouvernement d’avoir truqué les dernières élections législatives nationales et provinciales qui ont eu lieu le 11 octobre dernier (1). Saleem Khurshid Khokhar, qui a prononcé cette accusation lors d’une conférence de presse, est le président de la section de l’Alliance des minorités pour la province de Sindh, dont font partie deux catholiques, Shahzadi Michael et Younas Gill, membres de la municipalité de Karachi, et un protestant, Khalid Mehmood. Il a notamment déclaré que, depuis les élections, le sentiment d’insécurité des minorités s’était intensifié en raison de la victoire remportée par les partis islamiques à l’issue d’un scrutin arrangé à l’avance.

Les dirigeants de l’Alliance sont en train de recueillir des données concernant le déroulement des élections sur tout le territoire du pays. Cette enquête prouvera sans conteste les manipulations exercées sur les élections par le gouvernement du général Pervez Musharraf. Leur objectif était d’essayer de limiter le nombre des sièges des partis politiques démocratiques, comme le Parti populaire du Pakistan (PPP), le parti d’opposition de Benazir Buttho, et la ligue musulmane du Pakistan de façon à augmenter le nombre de sièges des partis religieux qui, au cours des élections passées, n’ont jamais gagné que quelques sièges. . De fait le Mutehada Majlas-e-Amal (Conseil uni pour l’Action, MMA) coalition des six principaux partis islamiques, a remporté 51 sièges des 342 qui composent l’Assemblée nationale. Ainsi le MMA se trouve être aujourd’hui la troisième formation politique du Parlement pour ce qui concerne son nombre et formera un élément important du gouvernement de coalition qui sera mis en place à partir du 1er novembre. Plus encore, dans deux des quatre provinces du pays, il sera le seul parti admis à former le gouvernement local. Les commentateurs de la presse locale ont également dénoncé la stratégie du général Musharraf, qui a consisté à favoriser les partis religieux musulmans afin de limiter les chances du PPP, le parti de Benazir Bhutto étant considéré par l’actuel leader comme le principal obstacle à la pérennisation de son pouvoir.

Le président de l’Alliance des minorités, Khokhar, a fait remarquer que les membres des minorités religieuses, tout particulièrement les chrétiens, sont les victimes habituelles de la police, des services gouvernementaux, ainsi que des extrémistes religieux. C’est la raison pour laquelle, ils ont généralement voté pour le PPP, considéré par eux comme le parti le plus libéral. Selon Khokhar, ce vote n’est pas apparu dans le résultat final. Les manipulations du gouvernement ont eu lieu aussi bien avant qu’après les élections. Elles ont transformé totalement les résultats. Des candidats qui avaient été donnés vainqueurs au cours de la nuit ont été déclarés vaincus au petit matin. Aucun des trois candidats présentés par l’Alliance des minorités du Pakistan aux Assemblées provinciales, deux pour la province de Sindh, et un pour celle du Punjab, n’a pu remporter de siège.

A la fin de la conférence de presse, les dirigeants de l’Alliance ont exprimé leurs préoccupations en ce qui concerne l’issue des négociations récemment engagées entre le PPP et les partis religieux.