Eglises d'Asie

Hongkong : responsables catholiques comme avocats, militants des droits de l’homme et universitaires font part de leur opposition au projet de loi sur la subversion

Publié le 18/03/2010




Tandis que la consultation publique organisée par les autorités gouvernementales de Hongkong au sujet de leur projet de loi sur la subversion se poursuit, des responsables catholiques aux côtés de tout un ensemble de militants des droits de l’homme, d’avocats et d’universitaires manifestent leur opposition à ce texte qu’ils estiment dangereux pour le maintien de l’autonomie dont jouit Hongkong vis-à-vis des autorités de la Chine populaire. Le 1er novembre dernier, une partie des opposants à ce texte s’est réunie à l’initiative de la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse catholique de Hongkong. Outre les implications que le texte de loi pourrait avoir pour l’Eglise catholique, différents intervenants ont détaillé la façon dont les dispositions législatives envisagées influeront sur la vie des Hongkongais et le respect de leurs libertés fondamentales.

La consultation lancée par les autorités de Hongkong a démarré le 24 septembre dernier et se prolongera jusqu’au 24 décembre prochain. A son terme, l’article 23 de la Loi fondamentale, texte qui sert de Constitution à Hongkong depuis sa rétrocession le 1er juillet 1997 à la Chine populaire, sera remanié. La Loi fondamentale prévoit en effet que la Région administrative spéciale de Hongkong doit voter ses propres textes législatifs afin d’interdire tout acte de trahison, sécession, sédition ou subversion dirigé contre le gouvernement central de la Chine ; le vol de secrets nationaux est également inclus dans la législation anti-subversion dont Hongkong doit se doter. Dès le début du mois d’octobre dernier (1), Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque catholique de Hongkong, a publiquement déclaré que les textes législatifs proposés par l’exécutif hongkongais étaient sujets à des interprétations restrictives mettant en danger la protection de la liberté religieuse et les autres libertés ainsi que les contacts entre communautés catholiques des deux côtés de la frontière qui sépare Hongkong et le continent chinois.

Lors de la réunion du 1er novembre dernier, Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint Esprit, a déclaré que le plus grand danger que faisait peser la législation anti-subversion était d’ouvrir la voie à l’application à Hongkong des lois en vigueur sur le continent chinois. En ce qui concerne l’Eglise catholique, a-t-il ajouté, les lois envisagées pourraient signifier que deux catholiques associés pour contacter ou aider une communauté catholique « clandestine » du continent pourraient se voir accusés de mettre en danger la sécurité nationale. Prendre contact avec des organisations « hors la loi » devenant un délit, les gens seraient dissuadés de travailler avec des organisations rattachées à l’Eglise à Hongkong. Citant l’exemple de feu le cardinal Ignatius Gong (Kung) Pinmei, ancien archevêque de Shanghai, Anthony Lam a rappelé l’extension qui a été donnée, par le passé, aux crimes « contre-révolutionnaires » afin de combattre des personnalités qui étaient vraiment peu susceptibles de renverser le régime en place à Pékin.

Outre des responsables catholiques, d’autres voix se sont élevées à Hongkong pour dénoncer les textes à l’étude. Un Front civil pour les droits de l’homme, réunissant 31 organisations actives dans les domaines syndicaux, politiques ou chrétiens (y compris la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse catholique de Hongkong), s’est créé. Des universitaires de huit universités ont lancé une pétition appelant à un dialogue rationnel autour des textes proposés et demandant le respect des droits de l’homme et des libertés académiques.

A la date du 29 octobre, le gouvernement de Hongkong, par la voix de Regina Ip Lau Suk-yee, secrétaire du Bureau pour la Sécurité, a déclaré que 175 des 254 réponses reçues à ce jour par ses services étaient favorables à la législation proposée, 19 étaient neutres et 60 opposées.