Eglises d'Asie

La Commission ‘Justice et paix’ de la Conférence des évêques catholiques demande au gouvernement de pratiquer chez lui ce qu’il préconise pour la communauté internationale

Publié le 18/03/2010




Au début du mois de novembre, en compagnie de la Jordanie, de la Malaisie, du Qatar, de l’Arabie Saoudite et du Soudan, le représentant du Pakistan a déposé au bureau de l’Assemblée générale des Nations Unies un projet de résolution intitulé “Compréhension religieuse et culturelle, harmonie et coopération Le texte de la résolution engage les nations à promouvoir la tolérance religieuse et à s’efforcer de mettre un terme à la discrimination dans la société civile aussi bien que dans l’appareil gouvernemental, dans l’armée et la police comme chez les fonctionnaires et les éducateurs. Lorsque les échos de cette initiative ont été connus au Pakistan, une semaine plus tard, le 15 novembre 2002, à Lahore, la Commission nationale ‘Justice et paix’ de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, se référant à ce projet de résolution faisait paraître un communiqué où il était demandé au gouvernement pakistanais d’honorer à l’intérieur du pays les exigences contenues dans le texte déposé aux Nations Unies. Ainsi que l’a fait remarquer, Peter Jacob, secrétaire de la Commission, “ce que le gouvernement demande de la communauté internationale, il serait normal qu’il le pratique à l’intérieur du pays. Pourtant, il semble bien qu’il ne traite pas avec sérieux la question du terrorisme et de l’intolérance religieuse”.

Le communiqué de la Commission ‘Justice et paix’, également signé par son président, Mgr Lawrence John Saldanha, dresse un tableau du climat régnant dans le pays peu conforme aux voux exprimés dans le projet de résolution déposée par le Pakistan aux Nations Unies. Il affirme, en effet, que le fanatisme religieux sévit au Pakistan dans une totale impunité, lançant des attaques impunies contre les mosquées, les églises et les temples et faisant des milliers de morts. A la lumière des engagements pris dans la résolution, le communiqué détaille le changement d’attitude attendu de ses représentants devant l’opinion internationale. Il fallait espérer, disait-il, que la mission du Pakistan aux Nations Unies ne présenterait pas sous un faux jour la situation dans le pays, qu’elle ne camouflerait pas les dispositions de la Constitution et du Code pénal islamique (Hudood), de caractère discriminatoire à l’égard des minorités religieuses et des femmes, et plus particulièrement qu’elle n’escamoterait pas la loi contre le blasphème. La Commission ‘Justice et paix’ précise encore que ce sont les chrétiens qui, aujourd’hui, surtout après les événements du 11 septembre 2001, sont les principales victimes du climat d’intolérance et de haine régnant au Pakistan.

La Commission ‘Justice et paix’ propose encore au gouvernement pakistanais d’inviter l’ancien rapporteur spécial sur l’intolérance religieuse auprès des Nations Unies, Abdelfattah Amor, à revenir au Pakistan pour y contrôler si les recommandations faites par lui à l’issue de sa visite de 1996 avaient été appliquées. A cette époque, le fonctionnaire international avait demandé aux autorités pakistanaises de s’assurer que les dispositions du Code pénal islamique (Hudood) étaient compatibles avec les droits de l’homme et seulement appliquées aux musulmans. Il avait également recommandé que la mention de l’appartenance religieuse soit absente des passeports et autres pièces d’identité.

Il semble cependant que les conclusions tirées par la Commission ‘Justice et paix’ n’aient pas été à l’esprit des représentants pakistanais lorsqu’ils ont présenté la résolution aux Nations Unies. Selon le quotidien Dawn du 10 novembre, l’ambassadeur pakistanais Munir Akram, se serait ainsi exprimé à la tribune des Nations Unies : “Ces derniers mois, quelques extrémistes ont étendu leurs attaques à l’enseignement de l’islam et ont injuriés des personnalités religieuses respectées… Ces blasphèmes et cette haine ont provoqué une irritation justifiable chez les adhérents de l’islam.”