Eglises d'Asie

La justice interdit la publication d’un livre que l’Eglise catholique estime blasphématoire pour la Vierge Marie

Publié le 18/03/2010




Un tribunal de Colombo a ordonné l’interdiction d’imprimer, d’éditer et de distribuer une compilation de nouvelles sur la Vierge Marie et la Bible que l’Eglise considère comme blasphématoire. Le livre, rédigé en cinghalais, sous le titre Mary Nam Vu Maria (‘Maria nommée Marie’), contient six courts récits dont quatre sur des sujets catholiques. Ils ont été écrits par Manjula Wediwardene, un catholique, éditeur d’un hebdomadaire populaire cinghalais. Dans la sixième nouvelle, une Sri Lankaise, mariée et sans enfant, nommée Maria, conçoit un enfant, fruit de ses amours illicites avec un jeune homme rencontré alors qu’elle priait justement pour obtenir un enfant dans une église dédiée à Notre Dame de l’Espérance. Un peu plus tard, son amant lui ordonne de dire à son mari, un homme très religieux, que Dieu lui a “donné” cet enfant. La couverture du livre, de surcroît, est ornée de la photo d’une femme à demi nue, un crucifix dans les mains.

La vente du livre devait débuter en août 2000 mais a été stoppée par une plainte que le directeur du Centre catholique de communication, le P. Cyril Gamini Fernando, a déposée auprès du tribunal. Il reprochait à l’auteur sa malveillance en dressant un parallèle insidieux entre la Vierge Marie et Maria, son personnage de fiction. La police a fait saisir tous les exemplaires disponibles et arrêter l’auteur pour “atteinte à l’harmonie ethnique et religieuse”, pour le relâcher un peu plus tard sous caution. Le 31 octobre dernier, le juge supplétif du district de Colombo, L. S. Abeygunaratne, a prononcé l’interdiction de l’ouvrage litigieux, sans toutefois ordonner de pénalité. Le P. Fernando a exprimé sa satisfaction du verdict tout en précisant n’avoir jamais voulu engager un procès contre son auteur.

Cette polémique autour de la virginité de la Vierge Marie n’est pas une première au Sri Lanka. A la fin des années 1950, un moine bouddhiste, Mirisse Chandrajothi, avait écrit un ouvrage, Kanni Mariyage Heti (‘la Vérité sur la Vierge Marie’), qui avait suscité un tollé chez les catholiques.