Eglises d'Asie

Un syndicat d’enseignants demande que le nom de « Dieu assimilé au christianisme, soit enlevé des manuels scolaires

Publié le 18/03/2010




Selon une dépêche de France-Presse (1), un syndicat d’enseignants, le CITA (Cambodian Independent Teachers’ Association), a demandé à ce que le nom de « Dieu assimilé au christianisme, soit supprimé des manuels scolaires du Cambodge afin de lutter contre l’emprise grandissante de religions extérieures au royaume dans un pays dont l’écrasante majorité des habitants se réclame du bouddhisme. Pour Rong Chhun, président du CITA, l’article 43 de la Constitution établit clairement que le bouddhisme est religion d’Etat et, par conséquent, toute référence à Dieu dans les manuels scolaires risque de semer la confusion dans les esprits des élèves, ceux-ci pouvant la comprendre comme un renvoi au christianisme et une omission du bouddhisme.

Le syndicat d’enseignants vise en particulier un manuel scolaire de sciences sociales de la classe de terminale qui, dans son deuxième chapitre, intitulé « Le caractère de l’homme », vise à l’édification morale des élèves et, à ce titre, les invite « à placer les intérêts de Dieu au-dessus de tous les autres ». Selon Rong Chhun, cette référence à Dieu renvoie les élèves au christianisme et non au bouddhisme et constitue « un remède qui empoisonne les élèves et conduira à des émeutes sociales ». Selon , ce sont les mouvements chrétiens évangéliques et les associations musulmanes qui sont visées par le syndicat d’enseignants qui leur reproche d’avoir gagné des fidèles en leur apportant une aide matérielle (nourriture, argent, éducation, santé), très attractive dans ce pays, un des plus pauvres de la planète.

Selon le P. Charlie Dittmier, prêtre de la société missionnaire catholique des Mary Knoll, la conduite de certains groupes chrétiens qui pratiquent « l’évangélisation du sac de riz » et apportent une aide uniquement à ceux qui les rejoignent pose effectivement problème. Au début du mois de novembre 2002, le Phnom Penh Post a rapporté que des tensions religieuses étaient apparues dans des villages isolés du pays, accompagnées d’incidents anti-chrétiens. A Prey Veng, dans le sud du pays, un petit groupe de moines bouddhistes radicaux a envoyé une lettre à des villageois pour les mettre en garde contre une éventuelle guerre de religion et les inciter à rejeter le christianisme ; dans cette lettre, Jésus est caractérisé comme un « Pol Pot n° 2 en référence au dirigeant Khmer rouge dont le régime a perpétré un génocide contre sa propre population entre 1975 et 1979, faisant deux millions de morts.

Le royaume du Cambodge est peuplé de 11,5 millions de personnes, bouddhistes à 95 %. Les musulmans forment une minorité d’environ 250 000 personnes, soit environ 2,5 % de la population, et leur communauté se compose essentiellement de Cham (2). L’Eglise catholique, avec 25 000 fidèles, est ultraminoritaire et se relève peu à peu du génocide de la période Khmer rouge (3). Les communautés chrétiennes protestantes sont très difficiles à dénombrer. Le 10 octobre dernier, 400 responsables bouddhistes, musulmans et chrétiens, réunis sous le patronage du roi Sihanouk, ont fondé un Conseil cambodgien interreligieux. Ses membres se sont, entre autres choses, engagés à rejeter « les pressions ou la corcition pour convertir les fidèles » (4). Parmi les chrétiens membres de ce Conseil, on trouve l’Eglise catholique ainsi qu’un groupe protestant, Crusade for Christ, pourtant très prosélyte ; cependant, le plus important groupe protestant n’a pas signé.