Eglises d'Asie

Hongkong : une délégation du Bureau chinois des Affaires religieuses en visite à Hongkong a annulé la partie de son programme consacré à l’Eglise catholique

Publié le 18/03/2010




Le 2 décembre dernier, le diocèse catholique de Hongkong a été informé par le Bureau de liaison du gouvernement central chinois à Hongkong que la délégation du Bureau des Affaires religieuses, dont la visite dans la Région administrative spéciale (RAS) de Hongkong, prévue de longue date, s’est déroulée du 4 au 10 décembre 2002, avait annulé la partie de son programme consacré à l’Eglise catholique. Selon Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hongkong, le message n’a pas été adressé directement à l’évêché mais par l’intermédiaire du Colloque de six responsables religieux de Hongkong, structure officielle mise en place par les communautés bouddhiste, catholique, confucéenne, musulmane, protestante et taoïste de Hongkong pour promouvoir le dialogue interreligieux et l’amitié entre les responsables des grandes religions.

La délégation du Bureau des Affaires religieuses, administration qui, à Pékin, supervise la politique religieuse du régime chinois, a été reçue par le Conseil chrétien de Hongkong, représentant la communauté protestante de la RAS. Composée de dix personnes issues des départements chargés des Eglises catholique et protestantes en Chine, elle était présidée par Wang Zuoan, vice-directeur du Bureau des Affaires religieuses. Centré sur les activités des Eglises protestantes à Hongkong, le programme de la délégation comprenait initialement une visite à chacune des grandes religions représentées à Hongkong, à savoir le bouddhisme, le confucianisme, l’islam, le taoïsme, le protestantisme et le catholicisme. Pour la partie catholique, le diocèse avait dans un premier temps proposé d’organiser un déjeuner en l’honneur des délégués et une visite du Grand séminaire du Saint Esprit. La partie chinoise avait par la suite fait savoir que son emploi du temps était trop chargé pour le déjeuner mais que la visite du séminaire était maintenue.

Ce n’est que deux jours avant l’arrivée de la délégation dans la RAS que la nouvelle de l’annulation de cette visite a été communiquée. Selon une source catholique de Hongkong, il n’a pas été possible de savoir si l’annulation était le fait de la délégation elle-même ou du Bureau de liaison. Depuis quelques temps, il est notoire que les relations entre le Bureau de liaison et l’Eglise catholique locale ne sont pas au mieux. Depuis la canonisation de 120 martyrs de l’Eglise en Chine le 1er octobre 2000 (1), les responsables de l’administration chinoise prennent soin de ne pas rencontrer de personnalités officielles du diocèse de Hongkong. Il y a deux ans, Mgr Zen, alors évêque coadjuteur du diocèse, avait défendu la position de l’Eglise sur le sujet (2). Plus récemment, Mgr Zen, en sa qualité d’évêque de Hongkong, a pris publiquement position sur des sujets qui concernent à la fois Hongkong et Pékin, comme le droit au regroupement familial ou le projet de loi anti-subversion de la RAS (3).

Selon certains observateurs locaux, dans ce contexte relativement tendu, les rares gestes du Bureau de liaison à l’adresse de l’Eglise catholique de Hongkong ne peuvent pas être interprétés comme des signes positifs. En septembre dernier, à l’occasion des obsèques du cardinal Wu Cheng-chung, ancien évêque de Hongkong, des couronnes de fleurs avaient été envoyées non pas par le Bureau de liaison en tant que tel mais au nom de certains des fonctionnaires de ce Bureau. Plus qu’une marque personnelle d’estime de bureaucrates chinois, ces envois témoigneraient du fait que le Bureau de liaison tient à marquer sa distance, voire sa désapprobation, à l’endroit des responsables de l’Eglise catholique à Hongkong.