Eglises d'Asie

L’Eglise catholique apporte son soutien à des artisans pêcheurs en lutte pour la défense de leur mode de vie

Publié le 18/03/2010




Les artisans pêcheurs qui vivent le long des côtes proches de la capitale Colombo ont une fois de plus protesté afin de sauvegarder leur mode de vie traditionnelle. Ce sont les prêtres des environs de la ville côtière de Negombo, désignée souvent comme la “petite Rome” du fait de sa population majoritairement catholique, qui ont organisé un rassemblement le 21 novembre dernier, pour marquer la Journée mondiale de la pêche. Quelque 3 000 pêcheurs venus de différentes paroisses périphériques, banderoles en main, ont convergé vers l’église St Pierre. S’adressant à la foule, Odrick Fernando, secrétaire de la Société coopérative de Negombo, a demandé au gouvernement d’interdire aux bateaux étrangers de venir pêcher dans les eaux sri-lankaises et d’empêcher la réalisation de grands travaux proches des zones de pêches contre l’avis des syndicats des pêcheurs (1).

Les médias locaux ont en effet rapporté que les autorités ont autorisé une centaine de bateaux de pêche modernes appartenant à quatorze sociétés étrangères différentes de pêcher librement dans les eaux territoriales du pays, menaçant ainsi directement le gagne-pain des 150 000 pêcheurs locaux. Odrick Fernando a demandé également la révision des restrictions imposées à la pêche au nord et à l’est du Sri Lanka puisqu’un accord de cessez-le-feu a été signé en décembre 2001 entre rebelles tamouls et forces gouvernementales. La suppression des taxes sur les bateaux de pêche et leur équipement, le classement des zones des marais palétuviers en zone réservées et l’allocation aux pêcheurs d’un certain contingent de gasoil et de kérosène faisait partie également des revendications.

D’autres orateurs ont dénoncé le plan de développement de Negombo d’après lequel la région, y compris le lagon, serait divisée en onze zones sous autant d’administrations différentes, industrielle, agricole, touristique et commerciale pour le développement de l’aéroport international de Colombo. Le plan ne fait mention d’aucune zone réservée aux « pêcheurs traditionnels catholiques” ont fait remarquer les orateurs obligés de constater que leurs villages, la mer et le lagon seront sacrifiés au tourisme alors que l’économie du lieu et la vie de ses habitants dépendent largement de la pêche et non du tourisme.

Mgr Oswald Gomis, archevêque de Colombo, qui présidait la manifestation, a déclaré que, pour lui, les pêcheurs de Negombo étaient comme « l’ossature de base” de l’Eglise et a promis de faire tout son possible pour que soit sauvegardée leur qualité de vie. Il a souligné que l’archidiocèse lui-même avait reconnu que les communautés des gens de la mer méritaient l’attention de tous et avaient créé trois entités pastorale distinctes: Negombo, Colombo Kalutera, chacune dotée d’un prêtre responsable.

D’autres habitants aux bords du lagon menacés par la pollution étaient venus rejoindre la manifestation catholique. Les 33 villages installés autour du lagon sont inquiets. Les rejets toxiques des élevages de crevettes et les égouts des hôtels menacent la vie sous-marine et le site lui-même du lagon où vivent 20 000 familles. Le P. Leslie Fernando, prêtre de la paroisse Ste Marie et fondateur de l’Apostolat des gens de mer de Negombo, lui aussi s’est adressé à la foule ainsi que le P. Siri Cooray, le responsable des régions de pêcheries de l’archidiocèse de Colombo qui leur a demandé à tous de rester unis pour mieux se faire écouter. Le Vénérable Mahamankadawela Piyarathana Thero, un moine bouddhiste, président d’une organisation pour la protection des ressources nationales et des droits de l’homme, a voulu par sa présence donner à cette manifestation un caractère interreligieux : “Aucun gouvernement n’est capable de préserver notre capital”, a-t-il dit.