Eglises d'Asie

Commis le jour de Noël dans un lieu de prière protestant, un attentat anti-chrétien a causé la mort de trois jeunes filles

Publié le 18/03/2010




Dans le village de Chianwala, situé dans le district de Daska, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Lahore, un attentat à l’explosif a causé la mort de trois jeunes chrétiennes, âgées respectivement de 6, 10 et 15 ans, et blessé treize autres personnes, dont trois grièvement. Non revendiqué, cet attentat semble avoir été motivé par un sentiment anti-chrétien. Dès le lendemain du drame, la police du Pendjab a interpellé deux personnes du village de Chianwala pour leur implication présumée dans l’attentat. Le même jour, un religieux musulman de la région, nommé Afzar et apparemment membre d’une organisation islamiste interdite, ainsi que son fils ont également été arrêtés pour interrogatoire. Selon la police, il est reproché à Afzar d’avoir, l’avant-veille de Noël, tenu des propos haineux envers les chrétiens lors d’un prêche prononcé dans une mosquée de Daska. Afzar aurait notamment déclaré qu’il était “du devoir de tout bon musulman de tuer des chrétiens”.

Le 25 décembre dernier, une quarantaine de fidèles, des femmes et des enfants en majorité, se pressaient dans le lieu de prière protestant (presbytérien) de Chianwala pour la célébration de Noël. Selon les témoignages, deux personnes revêtues de burquas, l’habit traditionnel porté par certaines musulmanes, sont entrées dans le bâtiment et y ont jeté un engin qui a immédiatement explosé. Le policier de faction devant le lieu de culte n’était pas à son poste ce jour-là. Les deux individus, hommes ou femmes, ont pu repartir sans encombre. “Nous étions en prière, les yeux fermés, lorsque l’explosion s’est produite, a rapporté le révérend Rahmat Asim. Tout est arrivé si rapidement, j’ai seulement entendu les enfants pleurer et les ai vus en sang.”

Selon différentes dépêches d’agence de presse, le religieux musulman arrêté au lendemain de l’attentat est membre ou soutient activement Jaish-e-Mohammad, un mouvement extrémiste qui combat la souveraineté indienne sur l’Etat du Jammu-et-Cachemire, majoritairement musulman. Le Jaish-e-Mohammad (‘Armée de Mahomet’) est resté actif dans la région bien qu’il ait été interdit par les autorités pakistanaises en janvier dernier. Un porte-parole du mouvement, le mufti Abdul Raouf, a cependant démenti tout lien avec l’attentat de Chianwala.

Immédiatement condamné par le président Pervez Musharraf et le Premier ministre Mir Zafarullah Khan Jamali, l’attentat a été le seul incident que la communauté chrétienne, fortement éprouvée ces derniers mois par différents attentats la visant directement (1), ait eu à déplorer en cette journée de Noël. A Islamabad, un sac contenant deux grenades et des chargeurs d’armes automatiques a été trouvé dans un buisson à une centaine de mètres de l’église protestante Saint Thomas mais les services religieux de Noël ont pu se dérouler normalement.