Eglises d'Asie

Hongkong : emmenés par des chrétiens, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de la ville pour protester contre le projet de loi anti-subversion du gouvernement local

Publié le 18/03/2010




Dimanche 15 décembre 2002, plusieurs dizaines de milliers de personnes – 60 000 selon les organisateurs – ont défilé dans les rues de Hongkong pour dire leur opposition au projet de loi anti-subversion que le gouvernement local est décidé à présenter d’ici quelques semaines au Legco (Legislative Council), le parlement de la Région administrative spéciale de Hongkong (1). Cette manifestation, la plus importante depuis le retour de Hongkong sous le drapeau chinois en juillet 1997 à en croire la presse locale, a réuni une large palette d’associations et de mouvements représentant une partie de la société civile du territoire et était menée par des représentants des Eglises chrétiennes. Selon des sondages locaux, 70 % de la population de Hongkong désapprouvent le projet de loi.

La manifestation a débuté au Victoria Park où plus de 2 500 chrétiens identifiés par le port d’un badge pourpre ont chanté et prié avant d’écouter un discours de Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong. Le cortège a ensuite parcouru les rues de la ville pour se rendre devant les bâtiments du gouvernement local, à Wanchai, où les manifestants se sont dispersés dans le calme. Outre des chrétiens, les manifestants, estimés à 12 000 par la police à la sortie du Victoria Park, étaient formés d’hommes politiques locaux, d’enseignants, de journalistes, d’avocats, de militants des droits de l’homme ainsi que d’étrangers, des employées de maison philippines pour la plupart. Par leurs chants et les slogans inscrits sur les pancartes, ils ont exprimé leur refus de voir prochainement votée la loi sur la sédition, la trahison et la subversion. Au fur et à mesure de la marche dans les rues de la ville, des passants se sont joints en nombre à la manifestation.

Au Victoria Park, se tenant à côté d’une grande croix en bois, Mgr Joseph Zen a dirigé la prière des chrétiens en ces termes : « Seigneur, le gouvernement et ses dirigeants ont craint d’être défiés. Nous prions que Tu apaises leur crainte et [que le gouvernement] écoute avec plus de sagesse et d’amour afin que Hongkong soit mieux protégée et de façon plus humaine. » Les manifestants chrétiens avaient été cantonnés dans une petite partie du parc public, les terrains de football adjacents ayant été tous réservés ce jour-là par la Fédération des syndicats de Hongkong, pro-Pékin, dont les militants tentaient de couvrir la voix de l’évêque de Hongkong en dirigeant sur la foule le son de leurs haut-parleurs et de leurs tambours. Une semaine avant la marche, un député proche du gouvernement avait qualifié Mgr Zen de « saint pathologique » pour son opposition au projet de loi anti-subversion.

Par ailleurs, le 24 décembre dernier, le gouvernement a mis fin, comme il était prévu, à la période de consultation publique destinée à recueillir les observations des citoyens de Hongkong sur le contenu du projet de loi controversé. Selon Timothy Tong, secrétaire à la Sécurité dans le gouvernement de Hongkong, 90 000 commentaires ont été déposés au cours des deux mois qu’a duré la consultation et des changements seront apportés au projet de loi pour tenir compte de certaines des remarques ainsi exprimées. Timothy Tong n’a pas précisé les changements qui seront éventuellement apportés au texte de loi. Selon certains observateurs, les critiques – exceptionnelles – des milieux d’affaires locaux qui craignent de tomber sous le coup de la loi dès lors qu’ils utiliseront des données financières relatives, par exemple, à des entreprises d’Etat chinoises ont été entendues et pourraient amener à une inflexion du texte de loi (2). Quoiqu’il en soit, le gouvernement de Hongkong a fait savoir qu’il procéderait ainsi qu’il l’avait annoncé : le texte de loi sera introduit devant le Legco en février 2003 selon une procédure particulière qui garantit son vote avant la fin de la session parlementaire, en juillet 2003.