Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er novembre au 31 décembre 2002
Publié le 18/03/2010
L’événement international qui a marqué les deux derniers mois de la vie politique cambodgienne est sans conteste la tenue à Phnom Penh du 8ème sommet des Etats et des gouvernement des dix pays de l’ASEAN, plus ceux du Japon, de la Corée du Sud, de l’Inde, ainsi que de la Chine, le 4 novembre. Evénement « historique » selon le roi Sihanouk. « C’est un retour de plain-pied dans la communauté internationale, à un niveau que le pays n’a pas connu depuis les années 1960 analyse un diplomate occidental. Quatre cents journalistes étaient accrédités, soit un total de plus de 1 000 invités étrangers.
Ce sommet est un succès complet pour le Cambodge, sans aucune fausse note dans l’organisation. Hun Sen en ressort la tête haute, reconnu comme un homme d’Etat digne de ce nom, qui a su impressionner ses hôtes et a pu engranger des millions de dollars. En 1999, le Cambodge était devenu membre de l’ASEAN pour briser son isolement politique, il se rend peut-être compte maintenant des dures lois économiques : l’ASEAN est avant tout un ensemble économique et commercial, seuls les pays qui assurent la compétitivité de leurs produits y ont droit de survie. Le gouvernement cambodgien, qui semble avoir instauré la corruption et le pillage des richesses naturelles par un petit nombre, comme système de gestion du pays, ne semble pas encore avoir pris les mesures et les exigences de son entrée dans cet immense marché asiatique. Seuls quelques militants des droits de l’homme semblent rester lucides dans l’euphorie générale.
La ville de Phnom Penh a vécu pendant plusieurs jours au rythme du sommet. Rien n’a été laissé au hasard : sécurité renforcée, écoles fermées, quartiers bouclés.
Les enfants des rues sont ramassés et expédiés dans un centre situé à une quinzaine de kilomètres de Phnom Penh. L’association « Les Amis » de Sébastien Marot augmente ses capacités d’accueil jour et nuit durant la période du sommet pour éviter aux enfants d’être victimes de mesures policières.
Un terminal pour les VIP (Very Important Person) est construit en neuf mois à l’aéroport de Pochentong, pour un coût de 1,5 millions de dollars, financé à 70 % par la société française Vinci, le reste par son partenaire malaisien. Le plan est dessiné par Ros Borat, Français d’origine cambodgienne.
Deux jours avant la tenue du sommet, le 2 novembre, la Chine supprime la dette du Cambodge, qui s’élèverait à 210 millions de dollars. Le Premier ministre chinois Zhu Rongji accorde, de plus, un prêt sans intérêt de 12,5 millions de dollars pour aider à la lutte contre le terrorisme international.
Selon la Far Eastern Economic Review, la dette extérieure du Cambodge s’élève à 3,02 milliards de dollars soit à peu près l’équivalent de son PNB annuel : au moins 210 millions à la Chine, 500 millions aux Etats-Unis, 1,6 milliard à l’ancienne URSS, 653 millions à la BM, la BAD et au FMI.
Le sommet a principalement porté sur les problèmes économiques et commerciaux entre les différents pays :
La Chine et les pays de l’ASEAN signent un accord-cadre qui devrait donner naissance à la plus vaste zone de libre-échange du monde. Cette zone qui comprend actuellement 1,7 milliard de consommateurs (Chine 1 200 millions, ASEAN 500 millions), devrait englober, d’ici 2010 les pays anciens de l’ASEAN, et à partir de 2015, les pays nouveaux de l’ASEAN, dont le Cambodge. Les pays de l’ASEAN ont exporté pour 8,9 milliards de dollars vers la Chine en 1999, et la Chine a exporté des produits pour 12 milliards vers les pays de l’ASEAN. Dès l’an prochain, sont prévues des baisses de tarifs douaniers sur certains produits, dont les produits agro-alimentaires. Le Cambodge, le Laos et le Vietnam se voient accorder par la Chine le statut de « la nation la plus favorisée La Chine, de redoutable concurrent, doit devenir un partenaire économique. L’ASEAN représente des marchés petits et fragmentés, peu attrayants pour les investisseurs. L’organisation fait face à un sérieux défi en matière de compétitivité.
A partir du 1er janvier 2003, 297 produits cambodgiens auront accès au marché chinois sans être soumis à aucune taxe. Au Cambodge, les produits chinois sont réputés de meilleure qualité que les produits vietnamiens. Le prêt-à-porter chinois commence à supplanter le prêt-à-porter thaïlandais.
Les dix pays de l’ASEAN signent un accord dans le domaine touristique permettant l’exemption de visas et de taxes pour les touristes de la zone ASEAN, et l’utilisation de la carte bancaire. Ils s’engagent également à prendre des mesures « strictes » pour lutter contre les abus dont sont victimes les femmes et les enfants, en lien avec le tourisme. Cet accord encourage chaque pays à préserver son héritage culturel et historique, ainsi que son patrimoine naturel.
Les dix pays de l’ASEAN et la Chine signent un accord sur les îles Spartley, dans la région desquelles se trouvent d’importantes réserves d’hydrocarbures, et que se disputent six pays de la région (Chine, Taiwan, Malaisie, Brunei, Vietnam, Philippines). Mais selon la Chine, c’est davantage une déclaration d’intention, un message lancé au monde que les pays de la région peuvent régler leurs problèmes pacifiquement. Les dix pays de l’ASEAN + 4 demandent à la Corée du Nord d’« arrêter immédiatement » son programme nucléaire militaire. Ils signent des accords visant à lutter ensemble contre le terrorisme, le trafic de drogue, le blanchiment de l’argent sale et le trafic d’êtres humains. Sur initiative du Cambodge et de l’Indonésie, ils condamnent toute agression des Etats-Unis sur l’Irak.
La Corée du Sud signe deux accords avec le Cambodge : l’un visant à promouvoir le commerce et les investissements, l’autre concernant un prêt de 20 millions de dollars pour la réparation d’une section de la route nationale 3 reliant Phnom Penh à Kampot. La Corée du Sud a déjà accordé, par le passé, des prêts s’élevant à 47 millions. Elle propose également la formation de 1 000 Cambodgiens en Corée. La Corée du Sud est « partenaire de dialogue » de l’ASEAN depuis 1991, comme l’une des 4 puissances diplomatiques après les Etats-Unis, le Japon, la Chine et la Russie. C’est la 3ème source d’importations pour l’ASEAN et le 4ème pays d’exportations. Entre 1993 et 2000, les importations de l’ASEAN en provenance de la Corée ont doublé pour atteindre 14,5 milliards de dollars, et les exportations ont plus que doublé, pour atteindre 14,1 milliards. La Corée du Sud a investi 3,1 milliards de dollars dans les pays de l’ASEAN entre 1995 et 2000. Ses échanges commerciaux avec le Cambodge s’élèvent aux environs de 30 millions de dollars, les investissements sud-coréens sont au 6ème ou 7ème rang dans le pays.
Le 13 novembre, la province cambodgienne de Kampot s’est jumelée avec la province coréenne de Kyongi. Une centrale hydroélectrique pourrait voir le jour grâce à cette coopération. Les Cambodgiens pourront exporter des noix de cocos, des pastèques et des mangues vers la province coréenne qui comprend 2,2 millions d’habitants.
Les bases d’une zone de libre-échange entre l’ASEAN et le Japon dans les dix ans à venir, sont posées. Les investissements chinois dans les pays de l’ASEAN sont supérieurs à ceux du Japon, mais cela constitue un « stimulant » pour « étendre rapidement des mécanismes » de partenariat économique. Aux termes de la déclaration signée le 5 novembre, le volume du commerce entre le Japon et les pays de l’ASEAN devrait augmenter d’une manière significative.
Le Premier ministre indien propose la création d’une véritable zone de libre-échange entre l’Inde et l’ASEAN, également d’ici dix ans. L’Inde est devenue « partenaire de dialogue » avec l’ASEAN depuis 1996, et est désormais pleinement engagée dans le processus d’intégration asiatique. L’Inde propose notamment des mesures pour faciliter les investissements des entreprises grandes et petites, avec des échanges de technologie. L’entrée en scène de l’Inde et du Japon pourront contrebalancer la puissance chinoise.
En dépit de sa demande d’être associée individuellement à l’ASEAN, la candidature de l’Australie n’a pas été retenue. Cette candidature demande une étude plus approfondie. Bangkok y est opposé. Le Cambodge n’y est par contre pas opposé : même si les Australiens ne sont pas des Asiatiques : « Qu’on le veuille ou non, dit le ministre cambodgien des Affaires étrangères, l’Australie est un pays voisin de l’Asie du Sud-Est Déjà un grand nombre d’échanges ont lieu entre ce pays et l’ASEAN.
Le prochain sommet annuel de l’ASEAN se tiendra à Bali, en Indonésie, comme pour exorciser la menace terroriste.
Le 4 novembre, le roi Sihanouk reçoit les chefs de délégation des pays de l’ASEAN au palais royal. Il a chanté pas moins de douze de ses chansons, et a dansé comme un jeune homme.
Parallèlement au sommet de l’ASEAN, le 3 novembre, se tient la réunion des dirigeants des 6 pays de la sous-région du grand Mékong (GMS : Birmanie, Cambodge, Chine, Laos, Thaïlande, Vietnam) et de la BAD. Ces dirigeants prennent une série d’engagements communs : création d’un « couloir économique nord-sud reliant Kunming et Bangkok, via Hanoi et le Laos d’une part, et Bangkok – Ho Chi Minh-Ville, via le Cambodge, d’ici à 2007, d’autre part. Des mesures sont prises pour favoriser progressivement la circulation régionale des personnes et des biens (entre autres, la reconnaissance mutuelle des permis de conduire). Un autre « corridor » est-ouest, est prévu à plus long terme, reliant la côte vietnamienne et la Thaïlande, via le Laos. Un accord est signé pour la construction d’une centrale hydro-électrique au Laos. Des accords prévoient également un marché régional d’électricité, et envisagent une dépense de 4,5 milliards pour la construction de lignes électriques. Onze « projets phares » ont été identifiés, pour un budget global d’un milliard de dollars sur trois ans. Désormais les dirigeants du GMS se réuniront tous les 3 ans. Depuis sa fondation, il y a 10 ans, le GMS a investi plus de 2 milliards de dollars. Le 2 novembre, la Chine signe un accord pour faciliter le franchissement de ses frontières.
En marge du sommet, le 30 octobre, se tient le 3ème « Forum des populations d’Asie du Sud-Est qui rassemble quelque 270 personnes appartenant à 40 ONG, pendant trois jours. Ce forum a pour projet d’échanger des expériences autour des initiatives prises par les communautés populaires dans la lutte contre la pauvreté et en faveur du développement. Les représentants du Cambodge se plaignent que le pays reçoive trop d’aides internationales qui peuvent mettre en péril l’indépendance du pays en matière de développement. Les participants dénoncent l’utilisation de la lutte anti-terroriste internationale pour tenter d’écraser les mouvements d’opposition démocratique. Les participants du forum exigent, que les chefs de gouvernement écoutent plus leur population que la BAD, afin de rompre avec un programme du GMS qui pendant 10 ans a exclu 65 millions de personnes d’un processus qui a radicalement changé le cours de leur vie : la création de barrages, de routes, la régulation de la navigation sur le Mékong ont, selon les participants du forum, largement détruit l’environnement. Ce forum se plaint de ce que ce programme n’a pas rapporté beaucoup aux populations, mais énormément aux consultants, aux élites nationales et aux entreprises… « Nous voulons un développement qui serve le peuple, non d’un développement qui vienne de l’autre côté du monde, mais qui ne s’intéresse pas aux pauvres La BAD a reconnu que le dialogue entre le GMS et les populations locales laissait à désirer.
Si ce sommet est salué par beaucoup comme un succès « historique donnant du Cambodge une « image de paix si les accords signés permettent d’envisager un développement économique certain, Thun Saray, président de l’association de défense des droits de l’homme ADHOC, regrette que la libéralisation économique ait totalement occulté la libéralisation politique, et estime que la partie de la population la plus vulnérable, c’est-à-dire la majorité, souffrira de l’établissement de la zone de libre-échange. « C’est trop tôt dit-il.
Pendant la durée du sommet de l’ASEAN, Sam Rainsy observe une grève de la faim pour protester contre les dépenses excessives, selon lui, engendrées par ce sommet, alors que le peuple khmer a faim. Il commence sa grève d’abord à Wat Onalom, puis doit déménager, sur ordre des moines de la pagode (manipulés par la municipalité, selon le député de l’opposition) dans une petite pièce au siège de son parti.
Le coût du sommet s’élève sans doute à plus de 5 millions de dollars, c’est-à-dire beaucoup plus que celui du dernier sommet de Brunei. La municipalité a dépensé 7 500 dollars pour nettoyer les rues.
POLITIQUE
Remous au sein du FUNCINPEC
Le 31 octobre, le député Kéo Rémi annonce son intention de quitter le FUNCINPEC au terme de son mandat électoral. Il accuse son parti de faiblesse depuis qu’il s’est lié dans la coalition gouvernementale avec le PPC. Le général Nhek Bun Chhay, l’une des figures les plus populaires du parti, annonce également qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections.
Le 7 novembre, le célèbre général Nhek Bun Chhay, accompagné de Kieng Vang, secrétaire d’Etat à l’Intérieur, et Tep Kunary, gouverneur de Kandal, créent un « club » d’anciens résistants du FUNCINPEC, avec quelque 149 personnes. Ces « résistants » s’estiment avoir été abandonnés par la direction du parti. Si le prince Sirivuddh donne son appui au club, Khan Savœun, et Lay Virak, anciens résistants, ne se joignent pas à lui. Sérey Kosal regrette cette création qui risque d’affaiblir le parti. Le prince Ranariddh, pour sa part, déclare que ce club a eu son accord préalable et vise à consolider la base du parti en accordant une assistance aux pauvres. Le prince annonce qu’il va exclure Koy Kim Phân, sous-secrétaire d’Etat aux travaux publics, qui est passé dans l’opposition.
Le 14 novembre, le comité de discipline du FUNCINPEC décide d’exclure Kéo Rémi du parti. Mais le lendemain, Ranariddh intervient en sa faveur. Le 26 novembre, Sirivuddh, secrétaire général du parti, demande à Kéo Rémi de donner sa démission pour qu’il « puisse réaliser ses idéaux Mais le député refuse de se voir condamné pour avoir critiqué le prince-président.
A la mi-novembre, Nhiek Bun Chhay se rend dans la province de Battambang et se lance dans une diatribe violente contre la corruption du gouvernement, son incapacité à résoudre le problème des frontières, et le fossé qui s’approfondit entre riches et pauvres. « La moitié des taxes collectées par le gouvernement va dans la poche des fonctionnaires corrompus. Si cet argent n’était pas volé, le gouvernement pourrait augmenter la paye de ses fonctionnaires Il accuse également le gouvernement d’endetter le pays et de laisser entrer des immigrants vietnamiens. Selon lui, la corruption touche également le FUNCINPEC et le PSR.
Le gouvernement reconnaît ses mauvaises performances, mais fait remarquer que le FUNCINPEC se critique lui-même, puisqu’il fait partie du gouvernement. Il ne fait que parler, alors que le PPC travaille. « Le PPC et le FUNCINPEC sont comme mari et femme dit Hun Sen, « on se dispute, mais on doit vivre ensemble encore au moins pendant quinze ans
Slogan recueilli auprès des populations défavorisées : « Hun Sen est borgne, mais il voit mieux que s’il avait deux yeux. Ranariddh a deux yeux, mais n’y voit rien. Sam Rainsy parle, mais ne fait que semer la zizanie
Phay Siphan et Pou Savath, sénateurs exclus du PPC en décembre 2001, rejoignent le PSR. Phay Siphan accuse le PPC de s’être servi de lui comme « pot de fleurs » pour gagner la faveur des émigrés.
Le PSR crée un « Prix de la liberté remis le 10 décembre au sénateur américain Mitch Mc Connell, président du groupe des Républicains au Congrès, et président de la sous-commission des finances du comité des relations extérieures du Sénat américain. Le sénateur du Kentucky ne fait pas mystère de ses choix : « Le temps d’un changement de régime au Cambodge est venu dit-il. Le sénateur américain envoie une lettre de félicitations à Kem Sokha (qui a démissionné du FUNCINPEC), qui vient d’ouvrir un centre de défense des droits de l’homme. Kem Soka se défend d’être à la solde du sénateur (il en a reçu 450 000 dollars pour fonder son centre !) L’Institut National pour la Démocratie (NDI), du Parti Démocrate, soutient ouvertement Sam Rainsy. Deux sénateurs américains menacent de retirer leur soutien au FUNCINPEC en cas d’exclusion de Kéo Rémy.
Le 21 octobre, 100 membres de l’Association des Kampuchéa Krom décident de former une nouvelle association « La Communauté des Khmers du Kampuchéa Krom pour défendre les droits de leurs compatriotes.
Le Comité National des Elections (CNE)
Le 25 octobre, quatre-vingt-neuf députés se rendent à l’Assemblée nationale pour approuver la composition du CNE proposée par le gouvernement : Im Soursedey, ancien secrétaire général du CNE présidera le CNE, Ngè Chhay Lieng, secrétaire-adjoint du CNE et magistrat du ministère de l’Intérieur, sera vice-président, Méan Salik proviseur au lycée Monivong, Mme Koy Vet et Sin Chumbo, directrice du Women’s Khmer Voice Center et du Centre d’Education juridique pour la communauté de l’université de San Francisco de Phnom Penh, comme membres.
Pendant ce temps, les quinze députés du PSR (Parti Sam Rainsy) qui n’a cessé de dénoncer l’inféodation du CNE au PPC, boycottent l’Assemblée pour manifester dans la rue, rassemblant quelque 500 personnes. En dépit des pressions exercées par Ranariddh, président du FUNCINPEC, 18 députés royalistes se joignent à eux. « Quatre autres ont hésité, craignant les foudres de la direction du parti S’ils s’étaient joints à la manifestation, le quorum de l’Assemblée n’aurait pas été atteint.
Le 3 décembre sont rendus publics les noms des secrétaire général et secrétaire adjoint, ainsi que des 162 membres du CNE. Ces nominations auraient dû être faites par le CNE, elles le sont après d’âpres négociations entre le PPC et le FUNCINPEC, montrant, si besoin en est, l’inféodation de cet organisme « neutre Les 162 employés du CNE sont presque tous ses anciens employés. Plusieurs observateurs doutent donc d’un changement réel dans la tenue des élections. Le CNE doit encore choisir 109 autres membres.
Le 11 décembre, le CNE rend public son calendrier des différentes actions concernant les élections.
Les élections coûteront deux fois moins cher que celles de février dernier, soit environ 12,5 millions de dollars. Le 15 novembre, six pays se sont engagés à les financer : La Chine, le Japon (3 millions), l’Australie (1 million), la Grande Bretagne (723 250), la Suède (692 950) et les Etats-Unis (6 millions au travers d’ONG).
Le gouvernement japonais accorde 55 000 dollars aux NICFEC et COMFREL, associations de supervision des élections. Le COMFREL a déjà imprimé 400 000 brochures d’information sur les droits des citoyens. Le NICFEC prévoit d’en éditer 1 million d’autres.
Partis
Une soixantaine de partis ont exprimé leur désir d’entrer dans l’arène politique, dont une quinzaine de petits nouveaux. En date du 16 décembre, quarante-cinq étaient enregistrés.
Les étudiants du Front Démocratique des Etudiants et Intellectuels voulaient fonder un parti « Le Front du Parti Khmer mais ne reçoivent pas l’autorisation du ministre de l’Intérieur, pour vice de forme. En réalité il semble qu’on ne tienne pas à la création de ce parti anti-vietnamien.
Le 5 novembre, « le Parti républicain du développement libre » de Tep Ngoy et le « Parti pour la reconstruction nationale de Leng Seng, rejoignent le PSR.
Chaque parti devra déposer 3 750 dollars (2 500 en 1998) que le Trésor National reversera au parti, si celui-ci obtient 3 % des voix. La durée de l’enregistrement des candidats est réduite de 30 à 20 jours, pour diminuer les tensions.
Le 24 décembre, à l’Assemblée nationale, le PSR fustige le gouvernement pour son manque de transparence : les travaux de réfection de l’Assemblée nationale sont facturés 600 000 dollars, alors qu’on avant annoncé 200 000 dollars aux députés. Une délégation parlementaire conduite par Ranariddh à Bruxelles a coûté la modique somme de 90 000 dollars.
Le 25 octobre, Hun Sen annonce sa candidature comme seul et unique candidat du PPC au poste de Premier ministre. Hun Sen sera officiellement déclaré candidat par le PPC le 12 décembre.
Violence politique
De mars à octobre, on dénombre 19 meurtres de militants politiques, dont huit du PSR, cinq du PPC, deux du FUNCINPEC. Le rapport de l’association ADHOC signale 25 cas d’intimidations sérieuses. Le 16 novembre, Peter Leuprecht, représentant spécial du secrétaire de l’ONU pour les droits de l’homme au Cambodge, parle d’une « honte absolue » et exprime ses préoccupations pour les prochaines élections du 27 juillet prochain.
Le 16 novembre un conseiller municipal PSR de Kompong Speu est abattu. La police tente de camoufler ce meurtre politique en accusant le neveu de l’intéressé de l’avoir tué.
Le 2 décembre, un élu municipal du PPC de Prey Veng est assassiné.
Le 11 décembre, un couple de Bantéay Srey, dont le mari était élu du PPC, est assassiné à coups de hache, par un militant PSR. Il semble que l’on ait affaire à une histoire de superstition et de magie. Sam Rainsy déclare que cette affaire est montée de toutes pièces, selon une nouvelle stratégie du PPC.
Le 11 décembre, un chef de village PPC ouvre le feu sur un militant d’opposition.
Le 13 décembre, les Etats-Unis lancent un appel au gouvernement cambodgien pour qu’il prenne des mesures fermes pour mettre fin aux violences politiques.
Radio Abeille de Mam Sonando, se voit interdire par le ministre de l’Information, la rediffusion des émissions de Radio Free Asia et de Voice of America. Beaucoup de voix s’élèvent en protestation… mais en vain. Selon le ministère, cette mesure ne s’inspire pas de la politique, mais provient d’un défaut dans la procédure administrative… Cette radio serait écoutée par 80 % des Cambodgiens. Le Cambodge se situe au 71ème rang sur 139 pays en ce qui concerne la liberté de la presse, juste après le Mozambique, et juste avant le Burundi, la Mongolie et la Sierra Leone. La princesse Norodom Vachéara, membre du FUNCINPEC sollicite l’intervention du Premier ministre en faveur de la radio Abeille. Cette interdiction laisse mal inaugurer de la liberté d’accès des partis aux médias pour les prochaines élections.
La décentralisation politique qui aurait dû suivre les élections du 3 février est longue à se mettre en place.
SAGA du TRIBUNAL pour juger les ex-dirigeants Khmers rouges
Le 6 novembre, en visite officielle au Cambodge, le président d’Afrique du Sud propose d’aider le Cambodge à « tourner la page khmère rouge » en l’aidant à établir une commission « vérité et réconciliation Khieu Samphân approuve et penche pour cette solution : « Nous ne pourrons pas nous payer une défense digne de ce nom. Notre procès ne sera donc pas juste
La France et le Japon sponsorisent une résolution demandant instamment à Kofi Annan de reprendre sans délai les négociations avec le gouvernement de Phnom Penh pour instaurer un tribunal pour juger les ex-dirigeants Khmers rouges. L’Australie qui avait pris la tête d’un groupe de 26 pays se retire « dégoûtée Le Cambodge a choisi de ne pas parrainer la proposition nippo-française. La proposition est acceptée par la 3ème commission de l’ONU, le 21 novembre, par 123 voix contre 37 abstentions. De nombreux gouvernements (spécialement européens) estiment qu’il n’est pas souhaitable d’en passer par les exigences posées par le gouvernement de Phnom Penh, qui ne veut juger que quelques individus en prison. L’Australie, la Grande Bretagne, les Etats-Unis et l’Allemagne regrettent que le texte soit trop doux à l’égard du Cambodge qui demande la suprématie sur tout le processus judiciaire. Amnesty International et Human Rights Watch estiment que le projet « ne garantit pas pleinement l’indépendance, l’impartialité et la crédibilité nécessaires pour s’assurer que justice soit faite « Les pays d’Europe du Nord sont d’importants donateurs, si le tribunal voit le jour. Mais si des doutes persistent, ils pourraient ne pas y participer dit le directeur du Centre de documentation du Cambodge.
Le 24 décembre, Kofi Annan invite une délégation cambodgienne à se rendre à New York le 6 janvier. Cette délégation sera conduite par Sok An, ministre chargé du dossier. Cette visite sera suivie de négociations qui se tiendront à Phnom Penh même.
Le 14 décembre, l’ONU vote un crédit de 44 800 dollars pour financer les frais de la délégation onusienne devant reprendre les négociations avec Phnom Penh.
Le 14 décembre, le général Sam Bith, accusé de l’attaque du train de Kampot, qui s’est soldée par la mort de 13 Cambodgiens et l’assassinat de 3 Occidentaux, passe en jugement. Nuon Chéa, N° 2 des Khmers rouges, vient témoigner de l’innocence de l’accusé en toute liberté (!). Le 23 décembre, il est condamné à la perpétuité, à la grande satisfaction des trois pays occidentaux.
L’avocat de Ta Mok demande sa remise en liberté : « En temps de guerre, nombre d’innocents courent le risque d’être tués…. » Un exemple classique », les victimes des bombardements en Afghanistan : Tout le monde peut dire qu’il s’agit d’une erreur, s’excuser et demander pardon pour cela. Pourquoi n’aurais-je pas les mêmes privilèges ? s’étonne le boucher du Cambodge. Il se défend également en disant qu’il « n’était au courant d’aucune loi pouvant le condamner
ECONOMIE
D’après une étude du CDRI (Institut de Ressources sur le Développement du Cambodge), les exportations cambodgiennes ont fortement chuté en 2002 : poisson, chute de 42 %, qui ne rapporte que 3,44 millions de dollars (au lieu de 6) ; caoutchouc, chute de 48 %, qui ne rapporte que 8,2 millions (au lieu de 16), bien que le prix du caoutchouc ait augmenté de 56 %, car la production a diminué de 20 %. L’importation d’essence chute aussi de 24 % (57 000 tonnes), le diesel de 20 %. Les investissements privés chutent de 3 %. Sur 46,19 millions d’investissements, 24,99 sont dirigés vers l’industrie, 19,01 vers le secteur des services, 2,19 vers l’agriculture. Le porc d’importation est moins cher que le porc cambodgien.
Le Conseil des ministres du 29 novembre approuve le budget 2003 : le taux de croissance du PIB (Produit intérieur Brut) est prévu de 6 %, l’inflation de 4 %. Les dépenses du ministère de la Défense passent de 2,73 % du PIB à 2,64 % (mais en absolu, passe de 64 à 67 millions, soit 5 % d’augmentation), celles des 4 départements jugés prioritaires (Santé, Education, Développement rural et Agriculture) enregistrent une hausse. 3,3 % du PIB iront à l’Education (dont le budget passe de 72 à 81 millions, soit 13 % d’augmentation) et à la Santé (dont le budget passe de 43 à 51 millions, soit 19 % d’augmentation). Le budget du ministère de l’Intérieur passe de 34 à 40 millions, soit une augmentation de 18 % Une augmentation de 18,2 % est prévue pour le salaire des fonctionnaires. Les dépenses courantes de l’Etat pourraient atteindre 11,85 % du PIB, alors que les recettes équivaudront à 13,22 % du PIB.
L’Assemblée nationale examine ce budget le 9 décembre. Il est vi-vement critiqué par les députés du FUNCINPEC et du PSR qui de-mandent que soient amélioré le système de recouvrement des taxes et de lutte contre la contrebande. « Le long de la frontière thaïlandaise, le trafic de voitures et d’essence est de notoriété publique ainsi que l’exportation frauduleuse de « bois de première qualité et de bœufs Un député PSR estime le manque à gagner par le gouvernement à 300 millions de dollars, dont 100 millions pour la seule contrebande d’essence. La billetterie d’Angkor, en dépit de l’augmentation du nombre de touristes, n’a rapporté que 4 millions au lieu de 8 l’année précédente. Les produits pétroliers n’ont rapporté que 51 % des taxes projetées, l’aviation civile n’a rapporté que 45 % du total prévu, etc.
Le même jour, le Conseil des ministres approuve également un projet d’investissements publics pour les trois années à venir. La priorité est donnée aux secteurs sociaux et économiques : 663,3 millions sont prévus pour les investissements dans le secteur économique, et 1,08 milliard dans les secteurs sociaux. 327 projets d’investissements sont prévus pour 2003-2005. Dix-neuf provinces en sont bénéficiaires immédiatement. 239 projets sont classés comme « Plans de haute priorité et totalisent 854,6 millions de dollars. 2,7 de l’investissement public sont destinés à la Santé, 21,5 aux Transports, 13,1 à l’Education, 9,3 à la production d’eau potable, 9,2 à l’agriculture. Les Télécommunications sont dotées de 2,7 %.
Le 11 décembre, l’Assemblée nationale approuve le budget, par 75 voix contre 13 (les voix du PSR). Lors de la discussion du budget, on relance la question des 800 millions de dollars entreposés par des personnalités cambodgiennes à Singapour.
Ces augmentations sont cependant théoriques : si le Conseil des ministres et celui des Finances ont déjà dépassé leur budget alloué, le ministère de la Santé n’a reçu que 45 % de son budget. D’autre part, les provinces et municipalités doivent reverser 20 500 dollars par an (environ 5 000 tous les trois mois) des fonds promis par le gouvernement pour obtenir le versement de ces fonds. Selon la municipalité de Kep, environ 30 % de cet « argent destiné au développement finit dans la poche des ministres. C’est la tradition Le ministère des Finances reçoit environ 5 % (2 156 de dollars) tous les 3 mois, celui de l’Intérieur 5 %, le Trésor 2 %, le département provincial des finances environ 500. Cela représente une perte de 85 millions de dollars. Sar Kheng, ministre de l’Intérieur, reconnaît l’existence de cette pratique.
Le 17 décembre, Nan Sy, député royaliste s’insurge à l’Assemblée nationale, contre le « laxisme » des pouvoirs publics qui octroient à tout va des autorisations pour la construction de casinos, sources de pauvreté, d’insécurité et de corruption, de blanchissement d’argent sale. Ranariddh, président de l’Assemblée, déclare que les casinos portent « atteinte à l’honneur du pays Un député PSR traite le gouvernement de « gouvernement de casinos
Le ministre des Finances Kéat Chhon, le député royaliste Nan Sy et plusieurs députés du parti, dont l’architecte Van Molyvann, s’insurgent contre la construction d’un casino derrière l’Institut bouddhique. Cette construction méprise le bouddhisme et bouche la vue de la future Assemblée.
L’Assemblée nationale accorde le projet de construction d’un nouveau bâtiment pour la dite Assemblée à une société cambodgienne, la Ly Chhong Construction. Le coût de la construction, qui devra être terminée dans six ans, est estimé à 25 millions de dollars.
Les travaux de rénovation du stade olympique par la société taïwanaise Yuan Ta Group, pour un budget de 3,6 millions de dollars, continue à susciter des remous. Les travaux de rénovations des installations sportives ne sont pas bons. Le gouvernement a passé un contrat de 70 ans avec la société qui peut ainsi construire des bâtiments autour du stade : hôtels, commerces pour 36 millions de dollars La société s’est engagée à verser 100 000 dollars par an au gouvernement, et 160 000 après la 36ème année.
A la fin du mois d’octobre, le Centre de Développement Social lance une pétition réclamant l’arrêt du chantier et la destruction de tous les bâtiments édifiés autour du stade. Elle rassemble plus de 1 000 signatures. Une autre pétition est préparée par les députés royalistes, à laquelle s’associent quelques députés PPC. « Combien avez-vous touché d’argent sur ce chantier demande le député royaliste Nan Sy. Le ministre des Finances Kéat Chhon, affirme que le projet de rénovation du stade n’a jamais été soumis au Conseil des ministres, mais que c’est le ministre de l’Education nationale qui s’en est chargé, sous la supervision de Hun Sen. Le 18 décembre, Tol Lah, ministre de l’Education nationale déclare que les constructions ne seront pas arrêtées. Certains demandent la démission du ministre.
Plans d’exploitation des forêts
Une étude du CDRI (Institut de Ressources sur le Développement du Cambodge) estime que les paysans sont de plus en plus pauvres, les paysans sans terre de plus en plus nombreux. En 2001, ils étaient 13 % de la population, ils sont 15 % en 2002. Selon les chercheurs, il conviendrait de prendre des mesures « systématiques » que seraient la garantie des prix agricoles minima, la modernisation et la diversification de l’agriculture. D’autre part, selon cette étude, la « subsistance » des paysans khmers, qui représentent plus de 80 % de la population du pays, provient de ressources autres qu’agricoles : pêche, ramassage du bois, résines, petits commerces, petits boulots passagers. La forêt et les étangs sont donc vitaux pour eux.
Les quelque treize ou quatorze sociétés d’exploitation forestière travaillant au Cambodge devaient rendre publics leurs plans de « gestion forestière durable du 11 au 29 novembre. Ces plans engagent la gestion des forêts pour 25 ans. Dès le début, le forum des ONG dénonce la « mauvaise foi du gouvernement la parodie de transparence, et la complicité de la BM, qui accorde un délai trop court pour l’examen des plans fournis. Il faudrait au minimum 2 mois pour les examiner. Plusieurs groupes de représentants des villages concernés se plaignent de n’avoir pas reçu de copie des plans. On leur en donne ensuite avec parcimonie, mais les plans en noir et blanc empêchent de se rendre compte des réalités. La BM prétend n’avoir pas d’argent pour faire des photocopies ! Ly Sokhun, chef du département des forêts, dit que ces plans sont destinés aux seuls étrangers… Le 25 novembre, les fonctionnaires des provinces de Kompong Thom, Kratié, Kompong Speu, Préah Vihéar, déclaraient n’avoir pas encore reçu de photocopies…
Global Witness qualifie la politique de la BM qui cautionne le département cambodgien des forêts d’« incompréhensible » ! « Les forêts cambodgiennes sont volées, à la barbe de la BM ! Or il s’agit de l’avenir des populations. L’organisation constate que les plans fournis n’ont pas été établis avec honnêteté, les surfaces boisées sont exagérées, les informations et chiffres inventés, certaines pages ont été copiées d’un dossier à l’autre. Ce sont les fonctionnaires du département des forêts ou du ministère de l’Agriculture qui ont écrit les dossiers soi-disant présentés par les sociétés forestières ! « Les forêts auront été volées aux Cambodgiens par une poignée d’individus qui considèrent cette ressource comme leur propriété privée Selon l’association, aucun plan ne présente réellement les garanties d’une gestion « durable » et respectueuse des droits des habitants.
La BM garde profil bas et refuse de condamner l’ensemble du processus. Il faut faire confiance à « la bonne foi » du gouvernement, dit son représentant.
Le 2 décembre, Global Witness, Wildlife World et le Forum des ONG remettent leurs commentaires au département des forêts. Global Witness remet un dossier d’une quarantaine de pages soulignant qu’« il ne faut absolument pas approuver les plans en l’état ». Selon l’association, les plans d’au moins quatre sociétés « ne devraient même pas être pris en considération L’approbation de ces plans aboutirait aux mêmes excès que durant les années 1990. Il n’est d’autre part plus prévu 5 ans de probation, comme dans les discussions initiales, mais directement un plan engageant les forêts pendant 25 ans. Dans l’après-midi, une centaine de Cambodgiens représentant les diverses communautés concernées par le plan forestier présentent des remarques qui ne sont pas acceptées. Ils sont reçus le lendemain par le roi Sihanouk.
Le 5 décembre, le département des forêts réitère sa fin de non-recevoir aux 175 représentants des provinces. Le responsable du département les menace, puis fait donner la police armée de bâtons électriques et de matraques. 12 représentants sont blessés, l’un a une jambe cassée, un autre meurt d’une attaque cardiaque. Un conseiller étranger du Forum des ONG pense que « les pays donateurs devraient faire un peu attention à ce qu’ils soutiennent c’est à dire au pillage des forêts par un petit nombre de membres du gouvernement. Le département accuse Global Witness d’avoir manipulé les manifestants et menace du lui couper les fonds. Global Witness, officiellement conseiller du gouvernement, qualifie l’attitude du gouvernement de « répréhensible et demande à la BM de geler immédiatement la tranche de 15 millions de dollars prévus depuis l’an dernier pour les opérations générales du gouvernement, et un autre prêt de 5 millions pour l’établissement des plans et leur application.
Le 24 décembre, Hun Sen entre dans une vive colère contre le dernier rapport de Global Witness, et annonce l’intention de son gouvernement de mettre fin à sa mission. Le ministre de l’Agriculture, écrit à la BM pour demander le retrait de Global Witness. « Nous en avons le droit, parce que nous sommes un Etat souverain, nous ne sommes soumis à aucun autre est-il écrit dans la lettre.
Selon Human Rights Watch, le gouvernement a l’intention de poursuivre Eva Galabru, responsable de l’association, en justice. HRW exprime son inquiétude au sujet de « ce qui apparaît être une campagne de harcèlement, d’intimidation, de menace d’action juridique contre les observateurs de la politique forestière de Phnom Penh La volonté de s’attaquer à Global Witness est ressentie comme une tentative de réduire au silence un mouvement démocratique naissant.
Le 20 décembre, les sénateurs américains Mc Connell et Patrick Leahy écrivent une lettre à la BM et à tous les pays donateurs d’aides internationales pour qu’ils suspendent leurs aides, afin de rendre le gouvernement cambodgien responsable de ses actions.
Le 25 décembre, dans un acte inhabituel de courage, Ranariddh déclare que Global Witness devrait continuer son travail de surveillance : « Si les ONG s’en vont, la transparence en souffrira dit le président de l’Assemblée.
Prêts, aides et investissements
Le 17 octobre, la Chine offre 1,9 millions de dollars au ministère du Développement rural pour construire 500 puits. C’est le troisième don de ce type depuis 1995, qui a permis de creuser 1 000 puits. (3 800 dollars par puits, soit plus de 10 fois plus que ceux creusés par les ONG).
Le 24 octobre, l’Allemagne s’engage à verser à la Commission du Mékong 4,5 millions de dollars durant les 5 prochaines années pour financer la reforestation des cours d’eau marquant les frontières entre le Cambodge, le Laos, le Vietnam et la Thaïlande. Entre 1990 et 1995 ces pays ont déboisé ces secteurs à raison de 1,6 % par an, soit le taux le plus élevé du monde.
Le 24 octobre, la BAD (Banque Asiatique pour le Développement) accorde un prêt de 18 millions de dollars pour l’amélioration de l’eau potable dans les zones rurales. Le gouvernement y ajoutera 3,5 millions, et les provinces concernées de Kompong Thom, Kampot et Pursat, également 3,5 millions chacune.
Le 24 octobre, la BAD accorde 1,26 million de dollars, provenant en partie du Fonds japonais d’éradication de la pauvreté, pour « un projet d’assistance pour le revenu des pauvres à travers les améliorations de leur environnement, à Phnom Penh ». La BAD offre également une aide de 1,8 millions de dollars, du même fond japonais contre la pauvreté, pour améliorer le quotidien des paysans les plus pauvres dans le sud du pays, pour mettre en place de petites infrastructures, tels des étangs, des plantations.
Le 28 novembre, le gouvernement japonais accorde une somme de 168 600 dollars pour quatre projets d’éducation.
Le 5 novembre, la compagnie pétrolière cambodgienne Sokimex, proche du pouvoir, annonce la construction d’un hôtel de 260 chambres à Siemréap, qui devrait être achevé en 2004 et qui emploiera 300 Cambodgiens. Il y a actuellement 56 hôtels à Siemréap, dont cinq de luxe. Une dizaine d’hôtels seront ouverts d’ici à 2004.
Le 6 novembre, le Premier ministre japonais annonce une contribution pour la réparation de la route Phnom Penh – Néak Luœung. Il étudie la possibilité de construire un pont sur le Mékong à Néak Lœung. Le 23 décembre, le gouvernement japonais décide de consacrer 1,12 million de dollars à huit projets, dans le cadre Kusanone, avec un nouveau type d’aide accordé aux ONG japonaises.
Le 12 novembre, la Commission européenne accorde un don de 67,8 millions d’euros pour trois secteurs : soutien au développement rural, secteur social et développement du commerce.
Le 21 novembre, la BAD approuve un prêt de 10,9 millions de dollars pour l’aménagement et la conservation du Tonlé Sap. Pour sa part, le gouvernement devra débourser 4 millions.
Le 24 novembre, la Corée du Sud ouvre un centre Internet qu’elle a financé à hauteur de 250 000 dollars et qui comprend 30 ordinateurs. Le 24 octobre, dans le cadre d’un transfert de technologie informatique, la Corée du Sud avait déjà donné 75 ordinateurs et 38 imprimantes, le Japon 100 ordinateurs, la Chine en promet 100 autres. Le 25 novembre, le PNUD donne pour 12 000 dollars d’équipements à l’Autorité nationale pour le développement de l’informatique.
La BM passe un contrat avec une société chinoise pour la fourniture de 13 764 motos destinées aux militaires démobilisés, pour une valeur totale de 6,93 millions de dollars. Cette compagnie est la plus chère des 13 sociétés contactées par appel d’offres. Une société cambodgienne offre les mêmes services pour 4,96 millions.
Le 5 décembre, la BAD approuve un prêt de 10 millions de dollars destiné à renforcer les capacités d’action des conseils municipaux élus en février dernier.
Quarante-cinq jeunes fonctionnaires bénéficient d’une formation de deux mois en Inde concernant -governance (nouvelles technologies appliquées à l’administration et au commerce).
Selon le ministre du Plan, cinq milliards de dollars seraient nécessaires pour sortir des millions de personnes de l’extrême pauvreté.
Le 16 décembre, la Suède accorde un don de 14 millions de dollars, versés en trois ans au PNUD pour le financement du programme gouvernemental Seila (aménagement du territoire).
Le 17 décembre, la coopération japonaise s’engage à verser entre deux à trois millions de dollars sur cinq ans pour renforcer la présence de femmes dans les institutions dirigeantes du pays.
Le gouvernement polonais accorde un don de 10 000 dollars pour la construction d’une école à Khien Svay, dont l’inauguration coïncidera avec la journée nationale polonaise, le 3 mai prochain.
Selon une étude du PAM (Programme alimentaire mondial), 671 000 Cambodgiens ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence d’ici à la fin de l’année, à cause de la sécheresse et des inondations. Il lui faut donc trouver 6 500 tonnes de nourriture. Le 21 octobre, l’ambassadeur du Vietnam accorde un don de 500 tonnes de riz. Le gouvernement australien lui accorde un don de 2,2 millions de dollars. Le 22 novembre, les Etats-Unis font un don de 160 000 dollars. L’Inde fait don de 10 000 tonnes de riz. Le PAM lance des programmes « travail contre nourriture pour creuser ou restaurer des étangs, refaire des digues, des routes, etc. Selon le gouvernement, les dégâts dus au cycle inondations-sécheresse (résultat en grande partie du massacre des forêts par ce même gouvernement) aurait coûté 34 millions de dollars, et aurait affecté 3,4 millions de citoyens.
Le 2 décembre, le Cambodge et le Vietnam signent un accord de coopération agricole, culturelle et commerciale, ainsi que sur le problème des litiges frontaliers : lutte contre les pêches illégales, les exportations illégales de bois. Le Vietnam continuera à exporter de l’électricité à Bavet, Ponhéa Krek et Mémot. La situation sur la frontière est « étrangement » calme.
La Commission du Mékong met en place un système de surveillance satellitaire. Le 27 novembre, l’Agence spatiale canadienne signe un accord avec la Commission du Mékong pour mettre à sa disposition les technologies les plus sophistiquées d’observation de la terre. Le 16 décembre, les Etats-Unis versent 1,25 million de dollars. Le coût final s’élèvera à 25 millions. Les quatre gouvernements intéressés y contribueront pour 4 millions chacun.
La Thaïlande fait don de 60 000 paires de chaussures de tennis pour promouvoir sa coopération avec l’armée cambodgienne.
SOCIETE
Justice
Le 16 octobre, un nouveau bâtonnier est élu parmi 10 candidats, en la personne de Ky Tech, qui remplace Me Ang Tong. Dix-neuf mem-bres du barreau sont également élus. Ces élections sont contestées par un groupe d’avocats qui affirment que le jour du scrutin, des policiers et gendarmes ont envahi les locaux où se tenait l’élection.
Le chef de la pagode de Thmâr Sâr, dans la province de Prey Veng dont les prêches avaient conduit quatre bonzes et deux nonnes à se suicider, a passé 48 heures de garde à vue avant d’être libéré. « Notre code pénal condamne l’incitation au crime, pas l’incitation au suicide dit le juge.
Les juges voient leur salaire monter de 30 à 300 dollars par mois. On espère ainsi faire disparaître la corruption.
Le 19 novembre, une soixantaine de personnes lynchent deux voleurs présumés de motos dans la province de Kompong Speu.
487 juristes se présentent pour le concours d’entrée à l’Ecole royale de la magistrature qui n’accueillera que les trente meilleurs. Le cursus de cette école est directement inspiré de celui de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM) de Bordeaux. Trois magistrats cambodgiens, diplômés de ENM, et cinq juges qui y ont effectué un stage de spécialisation font partie de l’équipe enseignante, ainsi que des maîtres de conférences français et japonais.
Le 28 novembre, une cour thaïlandaise autorise l’extradition de Sok Yœun, militant PSR, accusé apparemment injustement d’attentat à la vie du Premier ministre cambodgien, et réfugié en Thaïlande. Condamné à six mois de prison pour entrée illégale sur le territoire thaïlandais, il a obtenu le statut de réfugié par l’UNHCR. Cette décision provoque un tollé parmi les organisations de défense des droits de l’homme. Cette extradition peut encore être annulée par une cour d’appel.
Le 16 décembre, le responsable de l’Institut cambodgien pour les droits de l’homme, organisme gouvernemental, est arrêté pour falsification de documents et détournement de 240 000 dollars. Ses membres, aux salaires mirobolants, ont emprunté de larges sommes pour se construire des maisons. La Suède qui avait accordé 116 000 dollars à l’Institut entre 2001 et 2002, suspend son aide, et demande la restitution d’au moins 20 000 dollars. Le Canada suspend également son aide. Cependant, suite à des pressions émanant des plus hautes sphères du pouvoir, le prévenu a été libéré le 21 décembre…
Le 19 décembre, une grenade est découverte dans la cour du tribunal de Kompong Chhnang après le premier jour d’une audition concernant un trafic de bois. Le 16 décembre, une autre avait été lancée dans le tribunal de Kompong Thom blessant une femme et tuant un chien.
Le 15 décembre, la police de Siemréap arrête neuf personnes suspectées d’avoir posé des bombes à Siemréap. Ces bombes artisanales contiennent chacune 1,5 kg de TNT extrait de roquettes ou d’obus de mortier, et des clous, un peu comme celles de l’attentat de Bali. Elles sont disposées à 800 m. de l’hôtel où se tenait la réunion ministérielle des pays de l’ASEAN sur le développement rural. Ces bombes étaient programmées pour exploser toutes les 30 minutes. Selon le gouvernement, les poseurs de bombes voulaient faire fuir les touristes de Siemréap. Mais pourquoi les auraient-ils placées dans un quartier populaire ? Pour d’autres, ce serait un règlement de compte impliquant la pègre cambodgienne. Pour d’autres encore, ce serait une manœuvre du gouvernement, pour lui permettre de renforcer sa lutter contre les partis d’opposition avant les élections. Au moins neuf suspects sont arrêtés.
Mouvements sociaux
Les mouvements sociaux ont moins d’ampleur durant les deux derniers mois que précédemment, et ne touchent que quelques usines. On commence à voir émerger un peu plus de justice, en grande partie sur pression des Etats-Unis.
Huit syndicats s’unissent pour la première fois pour signer une critique à l’encontre d’un projet gouvernemental selon lequel une augmentation des salaires constituerait un frein à l’investissement. Selon les syndicats, c’est avant tout la corruption, les aléas juridiques, le prix des transports, la bureaucratie, l’insécurité, et le manque d’infrastructures qui freinent les investissements.
Plus de 300 ouvriers (sur 800) de l’usine de confection INSM manifestent pour protester contre un contremaître qui a frappé une ouvrière, puis contre la décision prise par la direction de licencier vingt syndicalistes, pour retard de la reprise du travail après la fête des morts. On reproche également à la direction de licencier les ouvriers à la fin de leur période d’essai, et ainsi de ne pas leur verser un salaire supérieur à trente dollars.
Le 14 novembre, la société coréenne Sam Han Cambodian Fabric, qui emploie 9 000 ouvriers, accepte de réembaucher un responsable syndical blessé par le service d’ordre, puis licencié. Les syndicats accusent le service d’ordre d’être armé.
Le 22 novembre, les 1 200 ouvriers de New Orient, en grève depuis sept jours, reprennent le travail.
Le 26 novembre, deux syndicalistes arrêtés en juillet et accusés d’avoir incité à une grève en mars 2001 sont relâchés. On peut déceler derrière cet acquittement la pression des syndicats des Etats-Unis, l’action du Centre d’aide légale au Cambodge et de la fédération des syndicats cambodgiens.
Le 27 novembre, les ouvriers en grève de l’usine Sam Han Cambodia Fabric obtiennent le licenciement de leur directeur accusé de corruption et de pratiques sociales douteuses (licenciement et réembauche contre pot de vin).
Le 9 décembre, 200 ouvriers de l’usine textile Sino Nature Garnment manifestent devant l’Assemblée nationale à cause de la suppression de leur bonus de 5 dollars par mois, pour cause de grève.
Le 12 décembre, 1 000 ouvriers de l’usine Lucky Sweater manifestent devant le ministère des Affaires sociales pour protester contre la fuite de leur patron qui ne leur a pas payé le dernier mois. Ils demandent la vente des 17 000 pièces fabriquées afin que leurs salaires soient versés. Mais l’exportation de ces pièces ne fournira que 80 000 dollars et les fournisseurs réclament aussi les 320 000 dollars de dettes laissées par le patron en fuite.
Le 23 décembre, quatre-vingt ouvriers de la scierie Colexim, société mixte, créée avec un investisseur japonais, protestent devant le ministère de l’Agriculture contre la décision du directeur de fermer l’usine.
Le 25 décembre, les petits planteurs d’hévéas manifestent devant l’Assemblée nationale, car l’armée est venue les contraindre à vendre leur latex à 800 riels le kilo, alors qu’ils le vendaient à d’autres entre 1 200 et 1 400. Certains envisagent d’arracher les hévéas pour planter des bananiers à leur place.
Le ministre du Commerce envoie une lettre à vingt-huit usines pour leur demander de « répondre dans les 48 heures sur des accusations de politique anti-syndicale. La liste des usines lui a été fournie par l’ambassade des Etats-Unis le mois dernier, lors de discussion sur l’augmentation des quotas d’exportation vers les Etats-Unis. « Le gouvernement semble n’agir que sur la pression d’organisations ou de gouvernements étrangers observe un syndicaliste étranger. Cette arme va disparaître en 2005 avec la suppression des quotas vers les Etats-Unis.
Les Etats-Unis augmentent leur quota d’importation de vêtements de 3 %. Il était jusqu’ici de 9 %. Ce geste est dû à une réelle amélioration des conditions de travail et à un respect accru des syndicats. D’un autre côté, les Etats-Unis taxent de 15,8 % les produits cambodgiens, dont 48 % des produits textiles. Ils ont ainsi collecté 122 millions de dollars des 780 millions d’exportations cambodgiennes en 2002.
Le 11 décembre est signé un décret de création du Conseil d’arbitrage des conflits du travail, dont l’activité commencera au cours du premier trimestre de l’an prochain. Ce conseil d’arbitrage tripartite, fort de 15 membres (5 nommés par le gouvernement, 5 par le patronat, 5 par les syndicats), était prévu par le code du travail. Certains employeurs regrettent que ne soient pas choisis de véritables professionnels, maîtrisant parfaitement les lois du travail.
Spoliations
Le 14 novembre, seize familles sont expulsées manu militari de leur lopin de terre qu’elles occupaient depuis plus de dix ans. Les militaires ont rasé les maisons, emporté les matériaux. Le terrain a été vendu au casino Grand Diamond pour 1,7 million de dollars. Un journaliste cambodgien qui avait dénoncé les expropriations est agressé à Poïpet, le 3 décembre. Il accuse notamment la gendarmerie d’avoir spolié cinquante-neuf familles de Kbal Spéan.
Santé
L’association française d’urologie (AFU) apporte son parrainage à l’Association cambodgienne d’urologie (ACU) qui n’a que huit mois d’existence et huit membres. L’AFU passe pour être la meilleure au monde. Une clinique de Phnom Penh pratiquerait la dissolution des calculs par endoscopie. L’hôpital Calmette est en voie d’équipement dans cette discipline.
La capitale Phnom Penh compte 421 pharmacies légales, et 67 illégales. En province 2 815 officines travaillent en marge de la loi.
Le 12 novembre est inauguré le nouveau centre Kantha Bopha de Siemréap, qui comprend entre autres, un amphithéatre de 600 places, quatre autres plus petits pouvant contenir 60 personnes, une bibliothèque médicale. Ce centre conçu par l’architecte français d’origine cambodgienne Ros Borath, a coûté 3,5 millions de dollars, dont 650 000 donnés par la Suisse. L’idée est de former de nouveaux complexes hospitaliers « sans corruption
On compte environ quinze victimes par jour par le fait d’armes illégales, soit plus que par les mines… L’Union européenne et le Japon ont lancé un programme « Armes contre Développement » dans la province de Pursat. 2 442 armes et 4 172 explosifs ont ainsi été récupérés, en échange de quoi ces deux pays ont construit quatre écoles, trois ponts et réhabilité sept tronçons de route. La police locale a elle aussi été dotée de nouveaux équipements et reçu une formation.
Depuis le début du programme de récupération des armes de poing, lancée il y a deux ans et demi, notamment par l’Europe et le Japon, 102 000 armes ont été détruites.
Grâce à l’emploi de la malarine (association de la méfloquine et de l’artésumate), ainsi qu’à une campagne de prévention (distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide), le nombre des cas de paludisme a chuté de 170 387 en 1997 à 115 614 en 2001, le nombre des décès constatés de 865 à 476. L’Europe a soutenu ce projet pendant 5 ans, avec une enveloppe de 32 millions d’euros.
Désormais, la Health Sector Support Project, (dont la BM est l’un des principaux bailleurs de fonds avec 2,2 millions de dollars pour les cinq ans à venir), l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et le Fonds global créé par de nombreux pays (et des fondations comme la Bill Gates Foundation) devrait financer la lutte contre la malaria au Cambodge. Après le retrait de l’UE, l’ONG PSI (Population Services International), basée à Washington DC, devrait prendre la succession de l’Europe à la tête de la lutte contre la malaria. PSI est déjà distributrice des préservatifs « Number One » et de la pilule contraceptive OK.
Le 20 décembre, la BM accorde un prêt de 27 millions de dollars, courant sur 40 ans, pour financer des projets dans le domaine de la santé. La France signe deux conventions de financement de 450 000 dollars dans le cadre du programme Esther Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau en faveur des malades du sida.
Drogue
Un conteneur en provenance du Cambodge, contenant 360 kg de marijuana, pour plus 3,2 millions de dollars est saisi à Hongkong. Le rapport de l’ONU pour 2001 qualifie le Cambodge de plus grand producteur de Marijuana, dont le revenu rapporte autant que les usines de textile du pays, pourtant premier poste d’entrée de devises….
Le 25 novembre, Pich Chivorn, chef de l’autorité nationale de lutte contre la drogue, est limogé pour « manque de résultats Il semble, au contraire, qu’il ait trop bien mis à jour les liens entre les cartels de la drogue et les personnes haut placées au gouvernement, qui freinent l’application des lois.
Education nationale
Le ministère de l’Education nationale a augmenté le salaire de ses enseignants, qui passe de 30 à 55 dollars dans le supérieur, de 25 à 34 dans le primaire. A Phnom Penh, le nombre des inscriptions à l’école primaire a chuté de 40 % par rapport à l’an dernier. On attribue cette chute à l’ex-pulsion des squatters de certains quartiers, ou au retard dans les inscriptions dû aux inondations. Selon le président de l’Association Indépendante des Enseignants du Cambodge (AIEC), la baisse des 12-14 ans est due à la pauvreté. En dépit de toutes les déclarations officielles, même si le droit d’inscription d’entrée à l’école est supprimé, 14 % des parents ont dû en payer cette année. Les élèves doivent payer les documents et prendre des cours privés (dans la campagne, cela représente environ 4 par mois et par enfant, ce qui est considérable dans une société peu monétarisée), ce qui empêche l’accès de l’école aux plus pauvres et handicape sérieusement l’avenir du pays.
Le 30 novembre, à Kompong Chhnang, l’AIEC, dirigée par Rong Chhum, défie la police qui voudrait interdire à 200 enseignants d’élire des délégués. La police prétend que l’association n’a pas prévenu les autorités (ce qu’elle a fait le 27). Rong Chhum parle d’intimidation et de violation de la constitution. L’AIEC dispose de délégués élus dans 4 provinces (Sihanoukville, Préah Vihéar, Kompong Speu, Kompong Chhnang). Le 11 décembre, la police de Kompong Thom interdit l’entrée d’une école aux instituteurs qui devaient participer à un vote, prétextant que l’AIEC n’a pas été enregistrée auprès du ministère de l’Intérieur.
La principale revendication de l’AIEC est l’augmentation des salaires de 25-30 dollars actuellement à 100 dollars mensuels. Le 13 décembre, plusieurs députés du PSR et du FUNCINPEC demandent au gouvernement la hausse des salaires des enseignants à 100 dollars. Les députés font remarquer qu’en dépit de la faiblesse et de la corruption du système de justice, le gouvernement a déboursé un million de dollars pour les juges, faisant passer leur salaire de 30 à 300 dollars.
En dépit de l’interdiction municipale et de pressions multiples sur les enseignants, plus de 300 courageux de l’AIEC venus de province manifestent devant l’Assemblée nationale, le 16 décembre. « J’inculque une culture de corruption dans l’esprit des enfants de 6 à 7 ans. Je vends ma conscience, je vends mon honneur et ma dignité, mais c’est simplement pour me nourrir, non pas pour me faire construire une somptueuse villa ou nourrir une seconde épouse dit un représentant du mouvement. Nan Sy, député royaliste, affirme que « si le gouvernement parvenait à réduire la corruption, il pourrait sans aucun mal augmenter vos salaires Si rien ne bouge, Rong Chum promet une nouvelle grève du 1er au 15 février. Une augmentation de salaires représenterait une dépense de onze millions de dollars par mois.
A partir du 1er janvier, la vente de friandises, les cours privés rendus obligatoires, les notations partiales des enseignants aux élèves qui paient… autant de moyens de survie du corps enseignant, seront interdits. Si cette mesure est appliquée avec rigueur, bon nombre d’enseignant abandonneront leurs fonctions pour chercher un autre emploi par lequel ils pourront vivre « Si on prive les professeurs de leurs revenus, on va finir par tuer le système éducatif public déjà mal en point ».
L’ONG Krousar Thmey a formé une soixantaine d’enseignants durant les mois d’août et septembre pour permettre à 435 enfants sourds ou aveugles de suivre une scolarité.
On compte à Phnom Penh 160 écoles privées. L’enseignement des langues étrangères constitue le fonds de commerce de la majorité de ces écoles. 34 140 élèves les fréquenteraient, 1 081 professeurs y enseigneraient. Trente-quatre ont ouvert dans la plus pure illégalité. « Des inspections rigoureuses sur les compétences des professeurs et les conditions d’études aboutiraient à la fermeture de 60 % d’entre elles, mais on ne peut raisonnablement pas les fermer dit le responsable du dossier à la mairie de Phnom Penh.
L’UNESCO a suspendu son aide à la faculté d’architecture, prétextant l’absence de doyen depuis avril 2001. Elle met fin ainsi à un programme de 8 ans. « L’Education supérieure est dans les mains d’un gouvernement élu, non dans celles du Japon ou de l’UNESCO affirme le représentant de l’UNESCO. Les professeurs y étaient payés entre 250 et 400 dollars (les Etrangers 3 000). En réalité l’organisation internationale voudrait une réforme de l’administration de l’école.
La BAD accorde un don de trois millions de dollars pour un plan visant à favoriser l’accès de l’école aux enfants des minorités ethniques et à réaliser l’égalité entre garçons et filles. Actuellement, 84 % des garçons vont à l’école primaire, contre 82 % des filles, 17 % des garçons entrent dans le secondaire, contre 14 % de filles.
Patrimoine
Le 17 octobre, 178 pièces d’art transportées de Siemrap à Phnom Penh en 1993 sont exposées au Musée de Phnom Penh : « Il s’agit de véritables trésors souligne le conservateur du musée.
780 objets d’artisanat, comme des bols, des instruments et 21 statues de pierres, pillés dans un ancien temple, sont confisqués les 30 septembre et 11 octobre dernier, et envoyés à Siemréap, car le musée national de Phnom Penh est plein.
Durant la dernière semaine d’octobre deux statues de Bouddha en bois de 55 et 70 cm, et une statue en pierre de Ganesh de 27 cm, sont saisies à l’aéroport. On estime qu’il s’agit d’originaux datant du XIVe et XVIIIe siècle.
Le 17 novembre, la police intercepte 47 œuvres d’art destinées à être exportées clandestinement vers la Thaïlande. Elles proviennent de Bantéay Srey et de Ta Prom. Parmi elles, un grand Bouddha sans tête.
De nombreux outils anciens sont exportés clandestinement en Thaïlande pour aller y orner des hôtels ou restaurants.
Le 4 décembre, les autorités douanières de l’aéroport de Pochentong saisissent dix-huit statues du XVIe et XVIIe siècles dans des bagages de touristes.
Une cinquantaine d’éléphants (sur les 200 à 400 qui vivent au Cambodge actuellement) ont été abattus au cours des deux dernières années. Si rien n’est fait pour les protéger, en 2010, les éléphants pourraient disparaître du pays.
Fête des eaux
Du 18 au 20 novembre, se tient la traditionnelle fête des eaux. Plus d’un million et demi de provinciaux viennent encourager les 408 pirogues de 57 rameurs chacune. Hun Sen en sponsorise 300. Le PSR n’en a sponsorisé aucune, car c’est l’affaire des pagodes. 126 équipages sont déclarés gagnants.
Plus de 1 500 volontaires de 47 ONG ont distribué 100 000 dépliants d’information sur le sida et 150 000 préservatifs aux quelque deux millions de personnes venues assister à la fête des eaux, pour les prévenir des dangers du Sida. Les bordels ont été fermés. Plus de 40 000 rameurs constituent des « personnes à risques La municipalité a dépensé plus de 51 000 dollars pour la préparation de la fête. La société canadienne Cintri, désormais responsable de la propreté de la capitale, a mobilisé 300 agents d’entretien et vingt camions supplémentaires, pour assurer une propreté remarquable.
Pavillons de complaisance
Deux bateaux battant pavillon cambodgien s’affrontent en mer du Japon. On croit d’abord à une histoire de pirates, mais il semble que ce soit une histoire de conflits commerciaux.
Le 30 juillet de