Eglises d'Asie – Chine
Un missionnaire autrichien du Verbe divin, actif en Chine de 1879 à 1908, sera canonisé en 2003, devenant ainsi le 122ème saint de l’Eglise en Chine et son premier saint non martyr
Publié le 18/03/2010
A Taiwan, le P. Paulino Suo Pao-lun (Xue Baolun), ancien supérieur de la province chinoise de la Société du Verbe divin, aujourd’hui âgé de 80 ans et dont les grands-parents ont été baptisés par le Bienheureux Freinademetz, estime que la canonisation du prêtre autrichien ne déclenchera pas l’ire des autorités chinoises car le futur saint « n’est pas un martyr » et sa canonisation « n’est pas liée aux épisodes de l’histoire que Pékin considère comme sensibles En Chine populaire, Mgr Zhao Fengchang, 69 ans, évêque « officiel » du diocèse de Yangpu et Linqing, situé dans la province du Shandong, pense lui aussi que le gouvernement chinois ne réagira pas négativement à l’annonce de cette canonisation. Il a déclaré que le P. Freinademetz, dont le nom chinois est Fu Ruoshi et qui est connu comme le « Bienheureux Joseph du Shandong était « un homme très respecté des Chinois il y a un siècle, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Eglise, et connu pour son ouvre missionnaire ». Aujourd’hui, a-t-il ajouté, même si le diocèse honore toujours sa mémoire, les jeunes catholiques savent cependant peu de choses de sa vie.
Né en 1852 dans les Alpes tyroliennes et ordonné prêtre en 1875, le P. Freinademetz fut envoyé à Hongkong en 1879 où il passa deux années avant de partir pour le Shandong. Lui et son confrère le P. Jean-Baptiste Anzer furent ainsi les deux premiers missionnaires de la Société du Verbe divin (SVD) à l’ouvre en Chine continentale. En 1882, à leur arrivée dans la partie ouest de l’actuelle province du Shandong, ils rencontrèrent une hostilité certaine, les autorités chinoises punissant alors sévèrement les contacts des Chinois avec « les diables d’étrangers ou leur secte étrangère ». Après avoir fondé, avec d’autres missionnaires du Verbe divin, une école de langue pour les nouveaux missionnaires et un centre de formation pour les laïcs du Sud-Shandong, le P. Freinademetz consacra son énergie à une l’évangélisation qui a transformé une communauté de 158 catholiques dans les années 1890 en une Eglise forte de 106 000 fidèles et 44 000 catéchumènes, selon un rapport des SVD de 1924.
Mort du typhus en 1908 à l’âge de 56 ans, le P. Freinademetz a été présenté au pape Jean-Paul II par le préfet de la Congrégation pour la cause des saints comme un missionnaire qui « aimait passionnément les Chinois ». Le cardinal Jose Saraiva Martins a lu à cette occasion une partie de ses écrits : « J’aime la Chine et les Chinois. Je souhaite mourir parmi eux et être inhumé auprès d’eux. » Il a ajouté : « Cela s’est passé exactement comme il le souhaitait. » Du temps où il fut recteur de séminaire, le P. Freinademetz avait inscrit la littérature chinoise au programme pour que les séminaristes autochtones apprennent à apprécier leur propre culture. Il avait coutume de mettre en valeurs certaines valeurs morales chinoises, comme la piété filiale, la modération ou l’assiduité, dignes selon lui d’un profond respect (3).