Eglises d'Asie

En décembre 2002, pour la première fois, une conférence universitaire internationale a été organisée en Chine au sujet de la peine de mort

Publié le 18/03/2010




Publié l’an dernier, un rapport International soulignait que la Chine populaire exécutait plus de prisonniers à elle seule que tous les autres pays du monde réunis. Pour l’année 2001, l’organisation de défense des droits de l’homme recensait 4 015 condamnations à mort et 2 468 exécutions capitales et précisait que les chiffres réels étaient probablement bien plus élevés (1). Dans ce contexte, il est remarquable de noter que, pour la première fois, une conférence internationale a été organisée en Chine et s’est donnée pour objet l’étude de la peine de mort. La conférence a eu lieu les 9 et 10 décembre derniers à la Faculté de droit de l’université de Xiangtan, dans la province du Hunan. Elle était co-organisée par le département de droit de l’Académie chinoise des Sciences sociales, une instance ayant rang de ministère où est menée une intense réflexion sur la modernisation de la société chinoise, et par l’Institut danois des droits de l’homme.

Selon le P. Franco Mella, missionnaire italien des PIME (Institut pontifical des missions étrangères) à Hongkong, interrogé par l’agence Ucanews le 14 janvier dernier, les médias ont tardé à rapporter la nouvelle de cette conférence. Le premier article a paru le 9 janvier 2003 dans le Nanfang Ribao, quotidien de la province du Guangdong, avant que d’autres médias, en Chine ou en-dehors du pays, ne s’en fassent l’écho. Selon ces articles de presse, une trentaine de chercheurs chinois et étrangers ont pris part à l’événement. Selon un des intervenants à la conférence, Michael Radelet, expert américain reconnu des études sur la peine de mort et professeur de sociologie à l’université du Colorado, aux Etats-Unis, « presque tous les participants ont convenu que le champ de l’application de la peine de mort en Chine doit être restreint. Certains ont dit leur souhait de voir la peine de mort complètement abolie, considérant le châtiment suprême comme une violation totale des droits de l’homme. Au fur et à mesure que la Chine souscrit à des accords internationaux, une plus grande attention aux droits de l’homme est nécessaire, a estimé une partie des participants à la conférence ».

Pour le P. Mella, le fait que cette conférence ait eu lieu « montre que des progrès sont réalisés en Chine » sur la question de la peine de mort et de la défense des droits de l’homme. Le 15 janvier, la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse catholique de Hongkong, des organisations protestantes, des ONG engagées dans la défense des droits de l’homme ainsi que la branche locale International ont remis une pétition portant 1 200 signatures au Bureau de liaison du gouvernement central chinois à Hongkong. Les signataires de la pétition réclamaient l’abolition de la peine capitale sur le continent. Pour Or Yan-yan, de la Commission ‘Justice et paix’, la tenue de la conférence dans le Hunan est une bonne chose car une telle conférence donne l’occasion à des chercheurs chinois de proposer eux-mêmes l’abolition de la peine capitale au lieu que ce soit « l’Occident qui donne l’impression de forcer la main » des Chinois sur ce thème. Pour Michael Radelet, le fait qu’un sondage réalisé très récemment en Chine populaire indique qu’une large majorité de Chinois se prononce pour le maintien de la peine de mort indique que les citoyens de ce pays commencent tout juste à recevoir une information sur ces questions et à y réfléchir.