Eglises d'Asie – Chine
Hongkong : un tribunal civil a reconnu un ex-prêtre catholique de Hongkong coupable d’agressions sexuelles sur la personne d’un mineur
Publié le 18/03/2010
Le procès a été largement couvert par la presse locale et fait suite à la révélation en mai 2002 de plusieurs scandales impliquant des prêtres catholiques dans des affaires d’abus sexuels commis sur des mineurs (1). Sur les trois cas portés à la connaissance de l’Eglise catholique, le cas de Michael Lau est le seul qui ait connu une suite judiciaire devant les juridictions civiles de Hongkong. L’affaire est devenue publique lorsque la victime a témoigné sur le plateau d’un journal télévisé en mai dernier des épreuves subies onze ans plus tôt. Arrêté le 4 mai 2002, Michael Lau a été placé en détention préventive depuis cette date.
Les faits remontent aux années 1991-1992 lorsque Michael Lau, d’abord séminariste puis jeune prêtre, a agressé sexuellement un enfant de chour âgé de 15 ans. Devant le tribunal, la victime a décrit la confiance qu’il avait placée en Michael Lau en tant que directeur spirituel de l’association des enfants de chour et ami proche de sa famille ; il a également expliqué comment Michael Lau l’avait agressé sous prétexte d’une « thérapie sexuelle ». Appelé à témoigner, le P. Abraham Chiu Bit-shing a expliqué avoir eu connaissance du cas en 1995 et que les deux cassettes audio des entretiens qu’il avait alors eus avec la victime et le P. Lau avaient été plus tard effacées, après que Michael Lau eut quitté la prêtrise le 15 septembre 1995. Cité par l’accusation, le P. Chiu a déclaré avoir effacé les cassettes car il ne pensait pas, à l’époque, que le cas ferait l’objet d’un jugement civil. L’avocat de Michael Lau n’a pas contesté la réalité des accusations pesant sur son client et a plaidé pour une peine légère, Michael Lau ayant déjà été puni par son départ de l’Eglise en tant que prêtre (il travaille aujourd’hui dans une compagnie d’assurances) et sa vie ayant changé. Dans les attendus de son jugement, Maggie Poon Man-kay a écrit que le témoignage de la victime était crédible et, qu’en dépit de la maladie (schizophrénie) dont la victime avait souffert dans les années suivant les faits incriminés, les faits rapportés par elle ne pouvaient être tenus pour une création de l’esprit mais avaient bien eu lieu. Elle a également précisé que le délai entre les actes incriminés et le jugement n’était pas excessif étant donné la nature du cas et ne violait donc pas les règles régissant l’administration d’une bonne justice.
Par ailleurs, le P. Chiu, qui travaille désormais aux Etats-Unis et qui est retourné à Hongkong pour témoigner lors du procès, a reconnu qu’il avait, à une occasion, appelé un journal local pour tenter d’empêcher la publication d’un article sur cette histoire. En vain car l’article fut finalement publié en juin 1995.
Le jour où le jugement a été rendu public, le diocèse de Hongkong a publié un communiqué déclarant que l’Eglise de Hongkong ne peut se prononcer sur le cas étant donné qu’elle n’avait pas eu accès au dossier et que ce dernier n’est pas clos.