Eglises d'Asie

L’Eglise catholique dénonce un film décrivant les bouddhistes comme des fauteurs de guerre

Publié le 18/03/2010




Un responsable de l’Eglise catholique a récemment dénoncé un film mettant en scène des bouddhistes comme fauteurs de guerre et déclaré que toute tentative visant à semer la discorde entre les différentes composantes ethniques de la société sri-lankaise était condamnable. Le film, « Au nom de Bouddha a été réalisé par un Indien et co-produit par un Sri Lankais tamoul et un Indien catholique. Il a été projeté en avant-première au Festival international d’Oslo en novembre dernier, et un mois plus tard à Londres devant un public sélectionné. Dans un communiqué diffusé le 8 janvier dernier, le P. Cyril Gamini Fernando, secrétaire de la Commission catholique nationale pour les Communications sociale, a déclaré que l’ensemble des critiques cinématographiques avait discerné dans ce film la volonté de présenter la guerre civile au Sri Lanka comme celle des bouddhistes affrontés à une minorité Tamoul non bouddhiste.

Le communiqué de presse catholique disait : « Nous sommes conscients qu’en raison de la guerre qui a fait rage dans ce pays pendant plus de 20 ans, toutes les croyances, les communautés et les langues ont souffert cependant, juger le bouddhisme et les bouddhistes responsables de cette guerre, ne déforme pas seulement la vérité mais est aussi une tentative délibérée de susciter des conflits interreligieux qui n’ont jamais existé dans ce pays. Si c’est ce que veut démontrer ce film, l’Eglise catholique se doit de le dénoncer.

Soulignant que l’Eglise condamnait catégoriquement toute tentative de discorde par un usage abusif du cinéma, il ajoutait qu’au moment même où les entretiens pour la paix se déroulaient entre le gouvernement sri-lankais et les Tigres de Libération de l’Eelam tamoul (LTTE), l’Eglise se refusait d’entériner un film provocateur fondé sur un mensonge flagrant : « Si la vérité a été déformée, nous n’hésiterons pas à soutenir nos frères bouddhistes dans leur protestation contre la projection de ce film. »

Neville de Silva, journaliste sri-lankais de religion bouddhiste, a assisté à la projection de Londres. Il a déclaré aux médias sri-lankais que le film ne condamnait pas seulement les soldats sri-lankais pour leurs violations des droits de l’homme, mais qu’il suggérait injustement que des soldats bouddhistes avaient commis ces violations au nom même du bouddhisme. Il a illustré son propos en rapportant que le film commence par le chant des « pirith » (cantiques bouddhistes), pendant que les moines bénissaient des soldats en partance pour la guerre.

Depuis 1983, les Tigres tamouls du LTTE se battent pour obtenir un territoire indépendant au nord et à l’est de l’île. Près de 65 000 personnes ont été tuées au cours de cette guerre, l’une des plus longues guerres civiles qu’ait connu l’Asie. Depuis février 2002, le gouvernement et les rebelles observent un cessez-le feu, des négociations se déroulant entre le gouvernement de Colombo et les Tigres. Au début de 2003, le ministre des Affaires étrangères de Colombo, Tyronne Fernando, de religion chrétienne, a déclaré devant le Parlement que son gouvernement ferait pression sur les bouddhistes pour que soit dénoncé ce film controversé. Il a ajouté que l’ambassadeur du Sri Lanka à Londres s’en entretiendrait avec les chefs des missions diplomatiques de l’Inde et de pays bouddhistes comme le Japon et la Thaïlande.