Eglises d'Asie

A Lahore, toutes les religions rendent hommage au grand imam Azad, artisan du dialogue interreligieux

Publié le 18/03/2010




A l’occasion de sa mort, les responsables des grandes religions du Pakistan ont rendu un hommage unanime au maulana Muhammad Abdul Qadir Azad, grand imam de la mosquée Badshahi de Lahore et promoteur infatigable du dialogue interreligieux entre l’islam et le christianisme. Pour le service célébré en sa mémoire, à Lahore, le 30 janvier 2003, qui avait été préparé par l’association Initiative pour l’union religieuse et pakistanaise pour le dialogue interreligieux, étaient présents environ 150 dirigeants et représentants des six plus grandes religions du pays, à savoir la religion bahaï, le christianisme, l’hindouisme, l’islam, la religion sikh et le zoroastrisme. Durant la cérémonie qui a duré trois heures, chaque communauté religieuse a prié et chanté selon sa tradition propre, ainsi que proclamé des textes tirés de ses écritures particulières.

Le maulana Azad, qui est décédé à l’âge de 63 ans, avait été, pendant trois décennies, le responsable de la très célèbre mosquée Badshahi qui possède le plus grand parvis du monde, capable d’accueillir plus de 100 000 fidèles. Un hommage très particulier lui a été rendu au cours de la cérémonie par le P. James Channan, secrétaire de la Commission épiscopale catholique pour les relations inter-religieuses : « Ce fut une grâce spéciale de Dieu pour nous au Pakistan a dit le prêtre durant son intervention. Il a rappelé les efforts accomplis par l’imam pour unifier musulmans et chrétiens, particulièrement au moment des protestations des chrétiens contre la loi sur le blasphème, une loi souvent utilisée par des musulmans pour régler des différends tout autres que religieux. L’imam fut une des premières personnalités à présenter à la communauté chrétienne ses condoléances et ses voux de paix, après le massacre de l’église de Bahâwalpur en octobre 2001. Ce massacre attribué à des extrémistes musulmans avait coûté la vie à quinze chrétiens et à un musulman (1). A cette occasion, il avait déclaré publiquement qu’un musulman ne pouvait trouver d’excuses aux profanations des lieux de culte et au massacre de ses compatriotes. Le P. Channan rappela aussi l’aide apportée par l’imam à la reconstruction d’une église de village brûlée par des extrémistes musulmans.

Mgr Lawrence Saldanha, archevêque de Lahore, dans un message lu pendant la cérémonie, a également exalté la contribution de l’imam Azad au dialogue interreligieux au Pakistan. Il a confié qu’il espérait que les autres dirigeants musulmans suivraient son courageux exemple et encourageraient publiquement leurs frères musulmans à faire preuve de compréhension et de tolérance à l’égard des chrétiens, car, a-t-il souligné, chrétiens et musulmans appartiennent au peuple du « Livre ». Beaucoup d’autres éloges lui ont été décernés au cours de la cérémonie. Un évêque épiscopalien, Mgr William Swing, a dit de lui qu’il était « un phare de lumière en ce monde de ténèbres, reflétant la compassion de Dieu pour tous » et qu’il avait donné aux autres le courage d’espérer en une paix à venir. Le révérend Charles Gibs a présenté l’imam décédé comme « un bâtisseur de pont, le pont du respect mutuel et de la collaboration dans la reconnaissance et la promotion de la commune humanité De très nombreux messages venant du monde entier ont été lus au cours de la cérémonie à la mémoire de l’imam.

C’est le fils de l’imam Azad, le maulana Abdul Khabir Azad, qui a conclu le service. Il a promis de continuer l’ouvre de son père en jetant un pont entre les religions du Pakistan. Il a annoncé la création d’une association portant le nom de son père et la construction d’un sanctuaire consacré à la mémoire de son père et au culte de l’harmonie entre toutes les religions.