Eglises d'Asie

En collaboration avec leurs compatriotes de toutes religions, les chrétiens du Pakistan multiplient les initiatives en faveur de la paix

Publié le 18/03/2010




Ces derniers jours, les chrétiens du Pakistan ont intensifié leurs efforts et multiplié les initiatives destinées à renforcer la paix et éviter le déclenchement des hostilités des Etats-Unis avec l’Irak (1). La plupart de ces actions ont été menées en association avec des compatriotes de religion musulmane ou encore adeptes des religions minoritaires.

La plus récente de ces manifestations a eu lieu le 20 février dernier, à Multan, ville éloignée d’Islamabad de 630 km. Une pyramide de la paix y a été élevée, portant sur quatre de ses six faces l’inscription : “Que la paix l’emporte sur la terre !”. Pour l’inauguration de cette pyramide haute de 2m 50, organisée par la Société de prières pour la paix du monde et une ONG affiliée aux Nations Unies, s’étaient rassemblés des hindous, des chrétiens et des musulmans. La stèle située à l’intérieur de l’Institut pastoral dominicain de Multan porte sur ses diverses faces des messages de paix écrits en anglais, ourdou, italien et arabe. Au début de la cérémonie, ont été lus des textes parlant de la paix, extraits de la Bible, du Coran, de la Baghavad Gita. Après quoi douze colombes de la paix ont été lâchées alors que la stèle était recouverte de pétales de roses. Des conférenciers des principales religions ont pris ensuite la parole sur le thème de la paix menacée par les préparatifs de guerre contre l’Irak. Au programme de cette journée d’inauguration avait été également prévue une marche pour la paix d’une demie heure. Des enfants, des étudiants, des prêtres catholiques, des religieuses, des membres du clergé musulman, des militants de l’action sociale et des droits de l’homme y ont participé en portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : “Oui à la paix ! “Non à la guerre ! “La paix est possible ! ou encore “Donnez une chance à la paix !”..

La veille de cette manifestation, à Kasur, située à 320 km. au sud-est d’Islamabad, une réunion de prières interreligieuse pour la paix avait été organisée sous le patronage de la Commission épiscopale catholique pour le dialogue interreligieux. A cette occasion, le gouvernement local avait annoncé que les fêtes des cerfs-volants, marquant l’arrivée du printemps, ne seraient pas célébrées cette année par solidarité avec la population irakienne. Deux jours plus tôt, à Lahore, une autre réunion de prières pour la paix réunissait à la cathédrale du Sacré Cour des catholiques, des protestants, des musulmans, des hindous et des sikhs. Mgr Lawrence John Saldanha, archevêque du lieu, qui présidait l’assemblée y a déclaré : “La guerre est toujours une aventure coûteuse et désastreuse. Les perdants sont toujours les pauvres…” Encore plus tôt, le 7 février, le clergé et l’ensemble des religieux catholique de Lahore avaient mené une marche pour la paix depuis le Club de la presse jusqu’au consulat des Etats-Unis. Là, ils avaient remis au Consul une lettre de protestation contre la guerre adressée aux deux chefs d’Etat George Bush et Tony Blair.

S’ajoutant à ces diverses manifestations, diverses dénonciations de la guerre en Irak se sont élevées des milieux chrétiens. Dès le 16 janvier dernier, l’archevêque catholique de Lahore, Mgr Lawrence J. Saldhanha, et le secrétaire du Conseil national des Eglises au Pakistan, Victor Azariah, avaient signé une lettre aux chrétiens, destinée à les aider à affronter la situation de crise qui pourrait résulter d’une éventuelle guerre en Iraq (2). Ils avaient également envoyé une lettre ouverte au président des Etats-Unis, Georges W. Bush, le conjurant de renoncer à la guerre. Le 18 février 2003, cinq hauts dirigeants chrétiens regroupés dans le Forum national d’action chrétienne ont publié un communiqué “condamnant toute action visant à résoudre le problème de l’Irak par la guerre” Les auteurs du communiqué y affirmaient aussi qu’une attaque contre l’Irak ne serait pas “une guerre contre le terrorisme international mais bien une attaque illégitime contre un Etat souverain”.