Eglises d'Asie – Chine
Hebei : après une période d’un an et demi d’évaluation politique par les autorités chinoises, le grand séminaire “officiel” de Shijiazhuang a été à nouveau autorisé à recruter des étudiants
Publié le 18/03/2010
Selon le P. Ma Yinglin, une telle procédure est normale en Chine où il est courant que les instituts de formation soient ainsi évalués par les autorités. Cependant, tout en reconnaissant qu’une telle évaluation “prend généralement moins de temps il n’a pas donné d’explications convaincantes justifiant la durée de l’inspection à laquelle a été soumis le séminaire de Shijiazhuang. Il a simplement précisé que “certains de ses responsables” avaient été occupés par ailleurs et que, de ce fait, “la période d’évaluation [avait] dû être prolongée”. Tout en reconnaissant ne pas savoir si d’autres séminaires “officiels” dans le pays étaient sujets à de pareils contrôles de la part des autorités chinoises, il a ajouté qu’étant donné que de nombreux catholiques vivent dans le Hebei et que cette province a donné beaucoup de vocations religieuses et sacerdotales, il était normal que le séminaire soit évalué. Mgr Liu Jinghe, évêque “officiel” de Tangshan (Yongping) et nouveau président du séminaire, a précisé quant à lui que, durant la procédure d’évaluation, les cours dans les deux sections du séminaire, philosophie et théologie, n’avaient pas été interrompus.
A Hongkong, lors d’une rencontre le 17 février dernier avec les journalistes du Club des correspondants étrangers, l’évêque du diocèse, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, a évoqué la situation du séminaire de Shijiazhuang. Si, en apparence, la situation de l’Eglise catholique en Chine continentale s’est améliorée, le contrôle exercé par les autorités s’est en fait resserré, a-t-il déclaré. Mgr Zen a ajouté que “les jeunes prêtres d’aujourd’hui sont moins enclins à obéir [aux autorités chinoises] que les prêtres âgés” et, de ce fait, le gouvernement “persécute les séminaires”. Citant l’exemple du séminaire de Shijiazhuang, Mgr Zen, qui a enseigné à de nombreuses reprises dans des séminaires “officiels” du continent avant sa nomination à la tête du diocèse de Hongkong, a dit que Pékin “regrettait de nous avoir laisser enseigner dans les séminaires”.
Selon Xinde, l’évaluation menée au grand séminaire, qui a débuté le 3 septembre 2001, devait à l’origine durer deux mois seulement. Son objectif, élaboré à partir d’un document de l’Administration centrale des Affaires religieuses, consistait à renforcer et améliorer la formation dispensée dans les instituts religieux, “renforcer en la redressant” la direction du séminaire, améliorer le contenu de son programme d’éducation politique et vérifier les procédures de recrutement des séminaristes. Toujours selon Xinde, l’évaluation devait être menée en quatre temps : une phase d’“étude une seconde d’“éducation intense une troisième d’“évaluation” et une quatrième de “rectification et conclusion
Les trois premières phases se sont déroulées du 15 septembre 2001 au 1er novembre 2001. Selon Xinde, les séminaristes ont commencé ce programme par un entraînement militaire de neuf jours. Ils ont ensuite été envoyés visiter Xibaipo, dans le district de Pingshan (Hebei), lieu où Mao Zedong et ses troupes ont installé leur dernière base avant de prendre le pouvoir et de s’installer à Pékin en 1949. Le rapport du service catholique d’information précise que les séminaristes ont étudié la “théorie des trois représentations” du président Jiang Zemin (1). Toujours selon cette source, les étudiants au cours de la phase d’“éducation intense” sont allés à Pékin assister à une cérémonie de levée du drapeau national, et visiter différents monuments du siècle dernier, afin de comprendre “comment le peuple chinois ne peut se libérer de l’oppression que lorsque la nation est riche et puissante”. Durant la troisième phase, d’“évaluation un moine bouddhiste est venu les entretenir au sujet de l’adaptation de la religion à la société et de l’importance de ce processus.
Durant le même temps, des missions semblables ont été menées auprès de l’Association patriotique des catholiques du Hebei, de la Commission provinciale pour les Affaires de l’Eglise catholique et de l’ensemble des services proposés par Xinde (service d’information, site Internet et maison d’édition). Dans ces différentes institutions, on a cherché à “accroître la connaissance du patriotisme et du socialisme”.
Fondé en 1984, le grand séminaire interdiocésain de Shijiazhuang a formé à ce jour plus de 300 prêtres. Rénové et agrandi en 1997, il peut accueillir un maximum théorique de 120 étudiants. Vingt-neuf séminaristes y poursuivent actuellement leurs études et trente autres sont en stages, en paroisse ou ailleurs. Lors de la cérémonie du 16 janvier, les noms des nouveaux responsables ont été rendus publics : outre le recteur, le P. Ma Yinglin, et le président, Mgr Liu Jinghe, deux vice-recteurs ont été nommés ; il s’agit du P. Gong Zhanping, en charge des affaires générales, et du P. Li Zhanjiang, qui achève ces mois-ci un doctorat aux Etats-Unis. Agé de 87 ans, l’ancien recteur, Mgr Liu Dinghan, jésuite et évêque “officiel” émérite de Cangzhou, a été nommé conseiller du séminaire.