Eglises d'Asie

Hongkong : Mgr Zen, évêque du diocèse, a publiquement présenté des excuses pour les abus sexuels commis par un ex-prêtre sur un mineur et s’interroge sur l’attitude de la police

Publié le 18/03/2010




Par un communiqué publié le 19 février dernier, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong, a présenté les excuses de l’Eglise pour les abus sexuels commis par un de ses ex-prêtres sur la personne d’un mineur. Mise sur le site Internet du diocèse (www.catholic.org.hk), le texte de l’intervention de l’évêque a été diffusé le surlendemain de la condamnation à quatre années et demi de prison ferme de Michael Lau Ka-yee, ancien prêtre dont le procès s’est déroulé du 13 au 20 janvier dernier (1). Dans son intervention, qui a été publiée ensuite dans l’édition datée du 23 février de l’hebdomadaire en langue chinoise du diocèse, le Kung Kao Po, Mgr Zen a dit que l’Eglise avait à assumer un certain degré de responsabilité pour “la déviation morale” de Michael Lau. Il a présenté ses excuses à la victime, aujourd’hui âgée de 27 ans, à sa famille, ainsi qu’aux Hongkongais et aux catholiques de Hongkong pour les manquements de l’Eglise dans le processus de sélection et de formation des candidats au sacerdoce.

A propos du cas de Michael Lau, Mgr Zen a défendu la conduite adoptée à l’époque par le cardinal Wu Cheng-chung, alors évêque du diocèse et décédé le 23 septembre 2002. Etant donné la relation particulière qui existe entre un évêque et ses prêtres, une relation de type père-fils, Mgr Zen a déclaré que s’il avait eu à gérer le cas, il aurait conseillé à Michael Lau de quitter la prêtrise mais n’aurait pas porté l’affaire à la connaissance de la justice. Tout en affirmant que les abus sexuels commis sur des mineurs, particulièrement s’ils sont commis par un prêtre, sont des crimes graves, Mgr Zen a tenu à rappeler qu’au début des années 1990, à l’époque où les faits incriminés se sont produits, tant l’Eglise que la société dans son ensemble étaient moins sensibles qu’elles ne le sont aujourd’hui à la gravité du problème. Il ne faut pas juger avec notre sensibilité d’aujourd’hui des décisions prises selon les critères d’hier, a-t-il dit en substance. Il a ajouté que, si l’Eglise choisissait de ne pas dénoncer à la police les cas qui étaient portés à sa connaissance – et le droit hongkongais ne l’y oblige pas -, elle partageait le même souci que la justice dans ces affaires : prévenir la répétition de tels abus et venir en aide aux victimes comme aux délinquants.

Afin d’aider à protéger la relation particulière qui existe entre un évêque et ses prêtres ainsi que pour éviter de donner l’impression au public que l’Eglise se place au-dessus des lois civiles, Mgr Zen a annoncé la formation d’un comité chargé de la protection des enfants. Le 21 février, le P. Francis Tse Kin-shing, vice-chancelier du diocèse, a déclaré que ce comité verra le jour dès la mi-2003 et sera formé de sept personnes, prêtres et laïcs, éducateurs, professionnels de la santé, experts juridiques et travailleurs sociaux. Dans l’immédiat, le comité aura pour tâche de rédiger une charte afin de prévenir les abus sexuels sur les mineurs et de définir la conduite à tenir au cas où une nouvelle affaire apparaîtrait. Ensuite, il devra proposer des mesures pour améliorer la formation des séminaristes, en particulier dans le domaine psychologique.

Au lendemain de l’annonce de la sentence prononcée à l’encontre de Michael Lau, la police de Hongkong a annoncé avoir arrêté le jour même un autre ancien prêtre, un salésien âgé de 52 ans, pour un cas d’abus sexuel commis sur un enfant de chour il y a vingt ans. L’homme a été remis en liberté sous caution et doit se représenter à la police le 1er avril prochain. Selon la police, le cas de Michael Lau et ce nouveau cas font partie des neuf cas d’abus sexuels commis par des prêtres sur des mineurs et portés à la connaissance des autorités depuis qu’une ligne téléphonique spéciale a été ouverte à cet effet en mai dernier (2).

Le diocèse de Hongkong a réagi à l’annonce de ce nouveau cas en déclarant ne pas avoir été informé de cette affaire. Le 21 février, Mgr Zen a répondu aux critiques selon lesquelles il était plus prompt à commenter les initiatives gouvernementales avec lesquelles il est en désaccord (3) qu’à réagir aux scandales internes à l’Eglise. Selon Mgr Zen, l’Eglise professe un enseignement clair concernant les questions publiques tandis que les affaires légales impliquent un faisceau de facteurs personnels et de faits qu’il est important d’étudier de près avant de proposer un commentaire à chaud qui pourrait être inapproprié. Mgr Zen s’est aussi interrogé sur les motifs qui poussent la police à informer les médias quant au nombre des prêtres ou ex-prêtres faisant l’objet d’une enquête préliminaire. Il a fait remarquer que la police est beaucoup plus discrète au sujet des enquêtes qu’elle mène dans le monde des affaires ou d’autres milieux. “Ce genre de publicité peut mettre à mal la réputation de tout le clergé catholique, a-t-il ajouté. Nous espérons que l’Eglise peut continuer à être respectée.” Selon le Kung Kao Po, le diocèse cherche actuellement à savoir si la police a juridiquement le droit de divulguer des informations sur les enquêtes qu’elle mène avant que des mises en examen formelles soient prononcées.