Eglises d'Asie

L’évêque « officiel » du diocèse catholique de Pékin appelle l’évêque catholique de Hongkong à ne pas mêler politique et religion

Publié le 18/03/2010




En marge de l’Assemblée nationale populaire (ANP), réunie ces derniers jours en session dans la capitale chinoise, Mgr Michael Fu Tieshan, évêque « officiel » du diocèse catholique de Pékin, président de l’Association patriotique des catholiques chinois et député à l’ANP, a été interrogé le 7 mars par la presse au sujet des déclarations récentes de Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hongkong. On se souvient que Mgr Zen s’est montré très critique envers les responsables politiques de Hongkong sur différents dossiers et, dernièrement, sur le projet de loi anti-subversion, projet de loi potentiellement liberticide et préparé en vertu des dispositions de l’article 23 de la Loi fondamentale, texte faisant office de Constitution à la Région administrative spéciale de Hongkong (1). Dans sa réponse, Mgr Michael Fu a déclaré : « Peu importe l’importance de sa fonction, un membre du clergé doit rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ajoutant qu’il « n’est pas correct de blâmer une seule de ces deux parties ».

A des journalistes qui lui demandaient si Mgr Zen avait un parler trop franc, Mgr Fu a répondu que le clergé devait faire preuve d’« esprit patriotique » et avoir présent à l’esprit le souci de « protéger la dignité nationale. [.] Nous espérons que notre Eglise à Hongkong aime la nation, aime Hongkong et aime l’Eglise 

Mgr Zen, à Hongkong, a été prompt à réagir aux propos de l’évêque « officiel » de Pékin. Quelques heures seule-ment après la diffusion des propos de Mgr Fu, le service d’information du diocèse de Hongkong a publié un com-muniqué où l’on pouvait lire que Mgr Zen se disait « stupéfait » que Mgr Fu soit ainsi intervenu dans les affaires internes de l’Eglise à Hongkong où l’autonomie envers Pékin est garantie par la Loi fondamentale sous le principe « Un pays, deux systèmes ». En référence à la situation ecclésiale de Mgr Fu, qui est évêque « officiel » de Pékin mais n’est pas reconnu à ce titre par le Saint-Siège, Mgr Zen a également ajouté qu’il comprenait les propos de Mgr Fu comme s’appliquant d’abord à lui-même. Dans l’atmosphère qui est celle de la Chine continentale, a commenté l’évêque de Hongkong, l’évêque de Pékin a été amené à « agir contre sa propre volonté ».

Deux jours après l’échange indirect de propos entre les deux évêques, à Hongkong, des observateurs des questions religieuses et des spécialistes de l’Eglise de Chine ont estimé que l’épisode ne devrait pas porter à conséquence, en particulier en ce qui concerne les relations entre l’Eglise de Chine continentale et l’Eglise de Hongkong. Pour Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint-Esprit, Mgr Michael Fu, face aux journalistes, n’a pu faire autrement que de donner une réponse conforme à la position officielle des autorités chinoises. Pour Kwun Ping-hung, chercheur non catholique et spécialiste des affaires catholiques en Chine, la citation tirée des Ecritures Saintes qu’a utilisée l’évêque de Pékin peut aider à comprendre ce que doit être le rôle d’un responsable religieux à l’époque contemporaine, particulièrement en ce qui concerne les questions politiques.