Eglises d'Asie – Sri Lanka
Un an après le cessez-le-feu qui a fait taire les armes, une délégation d’évêques catholiques s’est rendue dans le nord du pays pour faire le point sur la situation avec des responsables du LTTE
Publié le 18/03/2010
En dehors des rencontres avec le clergé et les fidèles de ces deux diocèses, un des points forts de cette visite a été l’entrevue que les évêques, emmenés par Mgr Oswald Gomis, archevêque de Colombo et président de la Conférence épiscopale, ont eu avec S. P. Thamilselvan, chef de l’aile politique du LTTE et, à ce titre, un des principaux dirigeants de la rébellion tamoule. L’entretien s’est déroulé à Kilinochchi, un des bastions des Tigres. Selon Mgr Gomis, les propos échangés ont été cordiaux, chaleureux et francs. Les évêques ont remercié le leader tamoul d’être venu à la table des négociations et d’avoir ainsi mis fin aux combats. Ils ont aussi exposé les motifs d’inquiétude des Cinghalais au sujet des activités que le LTTE est toujours soupçonné de mener, telles que le recrutement d’enfants-soldats (3) et l’importation d’armes de guerre. Ils ont également mis en avant l’attitude du LTTE à l’occasion du premier anniversaire du cessez-le-feu, le 22 février dernier. Tandis que beaucoup de personnes à travers le pays célébraient le silence des armes par des veillées de prières, les Tigres avaient reçu ordre de leur chef de hisser les couleurs de leur mouvement tout en évitant de prendre part aux autres célébrations.
Mgr Gomis a rapporté que les évêques avaient souligné à S. P. Thamilselvan que l’attitude du LTTE à l’occasion de cet anniversaire avait été “contreproductive les gens dans le sud de pays en venant à douter de la sincérité des intentions des Tigres. Dans sa réponse aux responsables catholiques, le leader tamoul a déclaré que les Tigres, le 22 février dernier, n’avaient pas manifesté contre le cessez-le-feu mais contre le fait qu’à leurs yeux, “très peu a été fait pour normaliser la situation dans le nord et l’est” du pays en un an. Le LTTE demande notamment le démantèlement des Zones de haute sécurité où les forces armées de Colombo en pays tamoul sont cantonnées. Selon les Tigres, l’armée, en occupant les maisons qui s’y trouvent, empêche le retour des personnes déplacées.
A l’issue de leurs rencontres avec le clergé et les fidèles de Jaffna et de Mannar, les évêques ont déclaré que l’urgence pour l’Eglise était de travailler à la réconciliation des peuples du nord et du sud du pays, en clair des Tamouls et des Cinghalais. Des groupes devraient être mis sur pied à cette fin, ont-ils ajouté. De Jaffna, les évêques ont retenu l’image d’une ville “totalement dévastée” mais où “les travaux de reconstruction ont commencé”. A Mannar, la situation leur a paru “bien meilleure”. Près de Jaffna, à Kottady-Pannai, les évêques ont participé à la cérémonie de bénédiction d’une nouvelle chapelle, consacrée au Bienheureux Joseph Vaz, l’apôtre du Sri Lanka. Dans le diocèse de Mannar, ils se sont arrêtés pour prier au sanctuaire marial de Madhu, qui servit de camp de réfugiés au plus fort des combats entre l’armée gouvernementale et les Tigres tamouls.