Eglises d'Asie

Deux chrétiens accusés de blasphème à l’égard du prophète Mahomet ont été acquittés en appel après quatre ans passés en prison

Publié le 18/03/2010




La Haute Cour de justice de Lahore, le 19 mars dernier, a acquitté en appel deux chrétiens Rashid Masih et son frère Saleem Masih, en prison depuis quatre années sous l’accusation de blasphème à l’égard du prophète. Les deux frères originaires de Pasroor, à 100 km. au nord de Lahore, avaient été arrêtés au mois de juin 1999 et condamnés à 35 ans de prison et à 75 000 roupies d’amende au cours d’un procès qui avait eu lieu dans la ville de leur résidence le 12 mai 2000 (1). Depuis lors, ils étaient internés à la prison centrale de Sahiwal.

C’est un musulman vendeur de crèmes glacées qui avait porté plainte contre eux, les accusant d’avoir proféré des injures contre le prophète au cours d’une dispute. Dans la défense qu’il a présentée pour le procès en appel, longtemps différé et qui n’a débuté que le 31 janvier dernier, l’avocat des deux chrétiens a apporté la preuve convaincante que le plaignant nourrissait des sentiments de vengeance contre les deux chrétiens, à la suite d’une procès portant sur la propriété d’un terrain, procès qu’il avait perdu contre eux. Lors du premier procès, cet aspect du dossier avait été laissé dans l’ombre. A l’issue de l’audience du 3 février dernier, la cour a demandé aux avocats des deux chrétiens d’obtenir d’eux une déclaration sous serment certifiant leur innocence. Au milieu du mois de février, des déclarations où les deux accusés certifiaient n’avoir jamais prononcé un seul mot attentant à l’honneur du prophète étaient soumises à la Cour de Lahore.

Joseph Francis, le responsable du Centre d’assistance juridique, qui s’est chargé de la défense des deux accusés, a fait savoir qu’il faudrait encore une semaine avant que les deux frères puissent rejoindre leur famille. L’ordre de libération doit en effet être transmis à différents tribunaux et aux autorités responsables de la prison. Cependant, a fait remarquer Joseph Francis, leurs vies resteront encore en danger. Les fondamentalistes musulmans du Pakistan se sont en effet engagés publiquement à faire tuer tous les accusés de blasphème, même s’il a été clairement prouvé que les charges retenues contre eux étaient fausses. Le 6 février dernier, un avocat musulman ayant obtenu de la Haute Cour de Lahore la libération sous caution d’un de ses clients accusés de blasphème a été tué par deux individus non identifiés alors qu’il se rendait chez lui dans une voiture à bras.