Eglises d'Asie

Le gouvernement justifie l’arrêt du financement public des écoles coraniques en déclarant que celles-ci forment des extrémistes et des terroristes

Publié le 18/03/2010




Le 17 mars dernier, devant le Parlement, le ministre fédéral de l’Education, Tan Sri Musa Mohamad, a défendu vigoureusement la décision du gouvernement prise à la fin de l’année dernière d’arrêter tout financement public des écoles coraniques, les sekolah agama rakyat (SAR, Ecoles religieuses populaires) (1). Le ministre a dressé un portrait peu flatteur de l’enseignement dispensé dans ces écoles, affirmant qu’une conception très réductrice de l’islam et du djihad était inculquée aux élèves, dès leur plus jeune âge. A l’appui de ces dires, il a évoqué le cas de plus de 260 écoles religieuses considérées par lui comme autant de lieux de formation de militants extrémistes et de terroristes.

Selon le quotidien singapourien The Straits Times du 18 mars, le discours du ministre de l’Education devant le Parlement signale le début d’une campagne gouvernementale visant à convaincre la communauté musulmane du pays que l’arrêt du financement public des écoles coraniques est justifié. Le ministre a en effet produit comme « preuve » de la justesse de la position gouvernementale le fait que dix-neuf des vingt-cinq membres du Kumpulan Mujahidin Malaysia (KMM, Groupe des moudjahiddins de Malaisie) aujourd’hui derrière les barreaux étaient passés par des SAR, soit en tant qu’élèves soit en tant qu’enseignants. Arrêtés il y a deux ans, ces membres du KMM ont été accusés de complot visant à renverser le gouvernement et à le remplacer par un Etat islamique (2). « Ils ont admis que leur militantisme remontait à l’époque de leur passage dans ces écoles, qu’il leur avait été inculqué à ce moment-là et qu’ils l’avaient développé par la suite lors de séjours d’études à l’étranger a déclaré le ministre de l’Education, qui a ajouté que les membres du KMM avaient suivi l’enseignement de Hambali, membre indonésien de la Jemaah Islamiah, aujourd’hui recherché par toutes les polices de la région.

Selon les observateurs, il n’est pas évident que le ministre de l’Education parvienne à convaincre l’opinion musulmane du pays de la justesse de ses propos. En effet, l’opposition parlementaire musulmane, le Parti Islam SeMalaysia, a pris soin ces derniers mois de présenter la décision du gouvernement d’arrêter le financement des écoles coraniques comme un choix dicté par les ennemis de l’islam pour humilier les musulmans et leur religion. Ce faisant, le PAS cherche à contrer le Premier ministre Mahathir qui, depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, a redoublé d’efforts pour que les Malaisiens établissent un lien entre les extrémistes musulmans et le programme politique du PAS. Fin septembre 2001, après l’arrestation en août d’un premier groupe de dix membres du KMM, le gouvernement avait fait savoir que sept d’entre eux – dont un des fils du chef spirituel du PAS – appartenaient au PAS (3).