Eglises d'Asie

Fujian, Jiangxi, Zhejiang : à l’approche de Pâques, en trois lieux différents, des membres de la partie « clandestine » de l’Eglise catholique ont eu maille à partir avec la police

Publié le 18/03/2010




Comme souvent à l’approche des grandes fêtes liturgiques chrétiennes, la partie « clandestine » de l’Eglise catholique en Chine a déploré un certain nombre d’incidents avec la police. Cette année, dans au moins trois provinces du pays, de tels incidents se sont produits, se traduisant par des arrestations, des harcèlements ou des surveillances rapprochées.

Le premier cas rapporté par des sources catholiques qui ont demandé à rester anonymes concerne le Fujian, province où les catholiques « clandestins » sont bien implantés. Dans le diocèse de Fuzhou, un fonctionnaire de la Sécurité publique a découvert le 12 avril dernier le P. Zheng Ruipin et dix séminaristes aux abords du village de Jiangtian, à proximité de la ville de Changle. Le prêtre catholique et les séminaristes s’étaient installés sur une petite colline dans la nature pour pique-niquer, avant de réciter leur bréviaire, de méditer le livre des Psaumes et prier. Selon la source, ce pique-nique avait été organisé afin que les séminaristes puissent changer d’air et se détendre, leur sortie contrastant avec la vie confinée qu’ils mènent le plus clair du temps où ils restent cachés du regard des autres derrière quatre murs afin de préserver leur « clandestinité ». Surpris et après avoir un temps prétendu être de simples catholiques partis pique-niquer, interrogés par des policiers venus en renfort, des séminaristes, pour certains âgés de moins de dix-huit ans et venus de différentes régions du pays, ont avoué leur qualité de séminaristes et le lieu où ils étudiaient. La police a ensuite fait une descente au séminaire, brisant les fenêtres, saisissant les ordinateurs et la photocopieuse et endommageant le bâtiment. D’autres séminaristes ont été appréhendés. En fin de compte, le 14 avril, dix-huit d’entre eux ont été informés qu’ils resteraient détenus durant un mois. A la date du 24 avril, le P. Zheng attendait de savoir ce que les autorités avaient décidé de faire de lui. Toujours selon la même source, la situation de la partie « clandestine » de l’Eglise catholique dans la région de Changle est « toujours tendue » et, cette année, la police a perturbé le déroulement des cérémonies pascales dans deux églises (1).

Selon une autre source, dans la province voisine du Jiangxi, le 2 avril, la police a fait une descente sur le lieu de résidence de Mgr Thomas Zeng Jingmu, évêque « clandestin » du diocèse de Yujiang. Les hommes de la Sécurité publique ont fouillé la résidence, emporté des articles religieux et même battu certains des catholiques présents ce jour-là. Une catholique, Wu Yinghua, a été interpellée. Agé de 83 ans, l’évêque « clandestin » a qualifié de « commun » ce type de manouvre de la part de la police à l’approche des grandes fêtes chrétiennes (2).

Le troisième cas de harcèlement de la part des autorités concerne l’évêque « clandestin » du diocèse de Wenzhou, dans la province du Zhejiang. Agé de 84 ans et atteint de la maladie d’Alzheimer, Mgr James Lin Xili est depuis sa récente sortie de l’hôpital confiné par les autorités dans les bâtiments attenants à la cathédrale, confiée au clergé « officiel ». Les membres de sa proche famille ont la permission de lui rendre visite deux fois par semaine tandis que les simples laïcs, sans lien de parenté, n’ont droit qu’à une visite par semaine. Tous doivent cependant passer trois contrôles successifs et se soumettre à un questionnaire concernant les motifs de leur visite. Affaibli, Mgr James Lin s’inquiéterait grandement d’être ainsi coupé de son diocèse.