Eglises d'Asie – Pakistan
Une délégation chrétienne internationale expose la situation des religions minoritaires à la Commission des droits de l’homme des Nations Unies à Genève
Publié le 18/03/2010
Le rapport présenté demandait à la Commission de recommander au gouvernement pakistanais de retirer un certain nombre de lois injustes et de ratifier les divers accords internationaux concernant les droits de l’homme. Le rapport insistait particulièrement sur la perversité de la loi sur le blasphème condamnant les contrevenants à la peine capitale lorsque les paroles blasphématoires concernent la personne du prophète et à la détention à vie lorsqu’elles concernent le Coran. Cette loi, selon le rapport, était au coeur même de l’appareil de discrimination systématique et institutionnelle dirigée contre les religions minoritaires et constituait un instrument de persécution très efficace. L’organisme des Nations Unies était aussi prié de faire pression sur les autorités pakistanaises pour que les biens, les propriétés et l’honneur des religions minoritaires soient respectés. Ces critiques sévères étaient cependant atténuées par certains jugements élogieux. Les autorités pakistanaises étaient louées pour avoir mis un terme au système des électorats séparés qui obligeait les membres des minorités religieuses à voter pour un de leurs coreligionnaires (1).
Lors de la session de la Commission, les membres de la délégation ont pu exposer la situation particulière dans laquelle vit la communauté chrétienne au Pakistan. Depuis les événements du 11 septembre 2001 et la guerre des Etats-Unis qui s’en est suivie en Afghanistan, un pays musulman, les violences contre les chrétiens se sont multipliées. Plus de quarante chrétiens sont morts au cours d’attaques perpétrées contre des églises ou des établissements chrétiens (2). Pour les Pakistanais, a-t-il été expliqué par la délégation, les Etats-Unis sont un pays chrétien et les chrétiens du Pakistan sont rendus solidaires de leurs interventions militaires.
Le P. James Chanan, supérieur des dominicains du Pakistan et membre de la délégation, s’est montré satisfait d’avoir pu faire entendre la voix des chrétiens du Pakistan en ce forum international. « Nous étions en position de faire entendre notre point de vue aux ambassadeurs et représentants de différents pays a-t-il dit. Il s’est réjoui à la pensée que l’organisme international pourrait envoyer des représentants au Pakistan pour constater la situation et se servir du rapport fourni par la délégation dans ses discussions avec le gouvernement. Ce dernier, lui-même, grâce à ce rapport serait informé de ce que ressentent les minorités religieuses à propos du statut auquel elles sont soumises.