Eglises d'Asie

La vie de l’Eglise catholique sur le continent est affectée par les mesures prises pour enrayer la propagation de l’épidémie de pneumopathie atypique

Publié le 18/03/2010




Un peu partout en Chine populaire mais principalement dans les grandes villes, à Pékin, à Shanghai et dans la région de Canton, la vie de l’Eglise catholique a été affectée ces derniers jours par les mesures prises pour enrayer l’épidémie de pneumopathie atypique (1). Après que le gouvernement eut annoncé, le 20 avril dernier, que la semaine de congé du 1er mai était raccourcie et que les déplacements à l’intérieur comme à l’extérieur du pays n’étaient pas recommandés, la Conférence épiscopale « officielle » et l’Association patriotique des catholiques chinois ont publié un communiqué commun. En date du 23 avril, cette « note urgente » demande à tous les diocèses de ne pas organiser de pèlerinages, particulièrement ceux impliquant des déplacements inter-provinces. Il a été aussi demandé aux catholiques de rester chez eux et de prier pour le personnel médical, les nouveaux héros mis en avant par la presse du pays, et pour les victimes du SRAS, l’autre nom de la pneumopathie atypique.

Quelques jours auparavant, le 15 avril, les deux mêmes organisations catholiques avaient demandé aux responsables de toutes les églises de veiller avec un soin particulier aux conditions d’hygiène dans les lieux de culte, les séminaires et les couvents, de faire en sorte que les contacts entre personnes soient réduits au strict minimum durant les liturgies. Le port du masque facial est ainsi devenu la norme dans les églises des grandes villes. A Pékin, étant donné l’importance prise par l’épidémie, le diocèse a annoncé dans un premier temps que les messes étaient suspendues du 27 avril au 11 mai dans les huit églises de la ville, les lieux de culte des zones rurales du diocèse n’étant toutefois pas concernés par cette mesure. Le 8 mai, le diocèse a prolongé sine die la suspension des messes. En Mongolie intérieure, des dispositions semblables ont été prises par les évêques.

Une des premières conséquences de ces dispositions a été, pour l’Eglise catholique, la chute de fréquentation des lieux de pèlerinages mariaux, lieux normalement particulièrement fréquentés au mois de mai, mois consacré à la Sainte Vierge. Selon le P. Lan Xiaopeng, curé de Notre Dame du Perpétuel Secours à Sheshan, près de Shanghai, les annulations ont été très nombreuses dans ce lieu qui reçoit, depuis quelques années, de 50 000 à 60 000 pèlerins en mai.

A Pékin, où le site Internet du ministère chinois de la Santé recensait à la date du 12 mai 2 304 cas probables de personnes infectées, les curés ont expliqué aux fidèles la nécessité de rester chez soi, leur précisant que « le pape Jean-Paul II priait particulièrement pour la Chine comme le rapportait le P. Pierre Liu, curé de la paroisse Saint Joseph (Dongtang, ‘l’église de l’est’). L’évêque « officiel » du diocèse, Mgr Michael Fu Tieshan, a publié le 9 mai une lettre adressée à tous les personnels de santé catholiques, louant leur dévouement, « leur esprit chrétien et l’amour de leur religion et de leur pays ». Dans la région de Canton, l’Eglise a autorisé le recours à des cérémonies d’absolution générale, mais, comme le précisait Mgr Pierre Li Panshi, évêque de Jiangmen, étant donné que les fidèles ne sont pas familiers de cette possibilité offerte par le droit canon, la mesure doit être dans un premier temps expliquée. Dans le diocèse de Tianjian, situé dans l’est de la Chine, le sacrement des malades a été administré collectivement à plus de 1 500 personnes, celles-ci craignant de ne pouvoir recevoir ce sacrement en cas de contamination par le virus et donc de mise en quarantaine.

Dans le nord du pays, dans la province du Shanxi, touchée elle aussi par le virus, Mgr Silvester Li Jiantang, évêque de Taiyuan, a rapporté que les consultations médicales gratuites mises en place depuis un certain temps à la cathédrale avaient été supprimées à la demande des autorités locales, afin de limiter au maximum les risques de contagion. Jusqu’à ce jour, ces consultations, ouvertes à tous et données par des médecins catholiques et non catholiques, représentaient souvent la seule possibilité pour la frange pauvre ou modeste de la population d’approcher un docteur.

Enfin, dans les séminaires, les classes n’ont pas cessé, à la différence de nombreux établissements d’enseignement supérieur. A la date du 30 avril, sur les onze séminaires « officiels » du continent, sept avaient pu être contactés et avaient confirmé que les cours se poursuivaient comme de normal, même si les équipes enseignantes et les étudiants restaient la plupart du temps confinés dans les locaux. Sauf erreur, aucun séminariste n’avait été contaminé par le virus. Selon le P. Gong Zhanping, vice-recteur du séminaire « officiel » de Shijiazhuang, « nous avons fait ce que nous devions faire, comme la désin-fection des locaux, et pour le reste nous nous en remettons à Dieu ». Si l’épidémie de SRAS peut être contenue, les recrutements pour 2003-2004 se feront en juillet comme prévu, a-t-il ajouté, précisant toutefois que cette échéance pourrait être reculée au cas où la situation deviendrait incontrôlable.