Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er mars au 30 avril 2003

Publié le 18/03/2010




LES SUITES DU COUP DE SANG ANTI-THAILANDAIS

On en reste toujours aux conjectures quant au commanditaire précis des émeutes anti-thaïlandaises du 29 janvier dernier. Les Etats-Unis ont demandé, sans succès, un rapport précis sur les événements. Il est certain que le gouvernement est à l’origine des émeutes, mais qui précisément, dans le gouvernement, y avait intérêt, et dans quel but ?

Le roi Sihanouk demande de relâcher les étudiants arrêtés après le 29 janvier, affirmant clairement que ce ne sont pas eux qui ont pu monter une opération aussi bien planifiée. Il demande en particulier la libération de Ken Sara, étudiant de la faculté de Droit et de Sciences économiques, mis en prison sans doute parce qu’il était rival d’un fils d’un haut responsable de la police municipale, candidat, lui aussi, à la présidence de l’association des étudiants de la faculté. Hun Sen répond au roi qu’il ne peut s’ingérer dans les affaires de justice. Le 15 mars, le roi annonce qu’il pardonnera aux 60 étudiants incarcérés, lorsqu’ils seront jugés. Au reçu de sa lettre, 38 détenus sont libérés, bien que les autorités judiciaires nient tout lien entre leur libération et la lettre du roi. Le 4 avril, dans une nouvelle lettre envoyée de Pékin, le roi annonce qu’il graciera les étudiants s’ils sont condamnés.

Après s’être légèrement entrouverte, la frontière avec la Thaïlande est à nouveau fermée le 5 mars par les autorités cambodgiennes, parce que le côté thaïlandais interdit à ses nationaux d’entrer au Cambodge, alors que les autorités cambodgiennes autorisent les commerçants cambodgiens à se rendre en Thaïlande. « C’est un signe de mépris dit-on de ce côté de la frontière. Hun Sen en colère accuse la Thaïlande d’avoir tué des Cambodgiens en prenant prétexte de la lutte contre la drogue et menace les militaires thaïlandais de représailles. Il annonce que la Chine, la Malaisie, le Japon, Singapour et le Vietnam sont prêts à se substituer à la Thaïlande comme partenaires commerciaux. La Thaïlande, par son vice-Premier ministre Chavalit, nie toute responsabilité dans cette fermeture des frontières, et en cherche les raisons dans « la politique interne du pays voisin La normalisation totale entre les deux pays est liée, selon lui, au versement des compensations des pertes du 29 janvier (54 millions de dollars). Le 8 mars, Thaksin, Premier ministre thaïlandais, hausse le ton : aucun dédommagement n’est encore intervenu.

On estime que 240 000 Cambodgiens dépendent directement des activités frontalières. Les casinos en feraient vivre à eux seuls 20 000. Les commerçants thaïlandais de la province de Sa Kéo estiment qu’Aranyaprathet a perdu 1,4 millions de dollars par jour. Les deux pays ont perdu pour environ 80 millions de dollars dans l’absence de commerce des deux derniers mois. « Le Cambodge a besoin des produits thaïlandais, la Thaïlande de la main-d’oeuvre cambodgienne En 2002, le Cambodge a importé pour 280 millions de dollars de produits thaïlandais, et exporté pour seulement 8 millions.

Les produits de Chine, souvent moins chers, ceux du Vietnam, de moins bonne qualité, et de Malaisie, remplacent progressivement les produits importés de Thaïlande.

Les films indiens remplacent progressivement les films thaïs à la télévision, et semblent être appréciés du public. Ces films ont une valeur éducative et culturelle supérieure aux romans à l’eau de roses, souvent dépravés, que sert la télévision thaïlandaise.

Pour Sam Rainsy, le gouvernement est « particulièrement réceptif aux inquiétudes du lobby (…) de la lucrative industrie des casinos de la frontière dont, selon le député de l’opposition, « la majorité des actions sont détenues par des Thaïs Les casinos perdent en moyenne de 7 à 12 millions de dollars de manque à gagner par semaine. Or, la Thaïlande veut interdire à ses nationaux d’aller dépenser de l’argent au Cambodge.

Le 11 mars, le ministre cambodgien du Commerce déclare que le Cambodge n’a plus besoin de la Thaïlande comme partenaire commercial. « Si la Thaïlande ne veut plus venir vers nous, nous n’iront pas vers elle. » Selon le ministre, même l’industrie des casinos n’est pas un sérieux problème. « Le Cambodge n’est pas Las Vegas dit-il.

Le samedi 15 mars, Hun Sen réagit au commentaire lu au journal télévisé News Asia selon lequel « le Cambodge accepte d’offrir des réparations à la Thaïlande, mais ne montre pas la couleur de l’argent et annonce qu’il va verser « immédiatement » 5,6 millions de dollars de dédommagements pour l’incendie de l’ambassade de Thaïlande à Phnom Penh. Le remboursement du Royal Phnom Penh Hotel serait déjà fixé, des négociations seraient en cours pour l’indemnisation des dix autres sociétés thaïlandaises. Le lundi 17, le gouvernement thaïlandais reçoit effectivement son chèque.

The Bangkok Post, citant des sources militaires thaïlandaises, affirme que les gérants des casinos ont payé 5,92 millions de dollars. Le gouvernement cambodgien nie en bloc. L’Assemblée nationale demande en vain des éclaircissements sur l’origine des fonds. Le porte-parole du gouvernement fait état de fonds spéciaux. L’Association indépendante des enseignants du Cambodge montre son étonnement sur la facilité et la rapidité mise à trouver des fonds pour dédommager la Thaïlande, alors que rien n’est fait pour augmenter les salaires des enseignants.

Le 21 mars, la frontière est rouverte. Les activités reprennent cependant avec lenteur, les autorités thaïlandaises se montrant beaucoup plus strictes qu’auparavant avec leurs ressortissants, exigeant un passeport ou un laissez-passer en bonne et due forme. De 300 par jour, le nombre de joueurs thaïlandais tombe à dix en moyenne. A l’occasion du Nouvel An, célébré à une date commune dans les deux pays, la fréquentation des casinos reprend comme jadis, à raison de 700 joueurs par jour. Environ 2 000 Cambodgiens se rendent en Thaïlande chaque jour par Poïpet, 3 000 les jours du Nouvel An.

Le Premier ministre thaïlandais Thaksin demande aux deux pays d’organiser un comité d’étude pour étudier l’histoire des relations entre les deux pays. Une association culturelle mixte, khméro-thaïe, sera créée le 11 avril, à Siemréap.

Le 11 avril, les ministres des Affaires étrangères thaïlandais et cambodgien se retrouvent à Siemréap lors de la réunion du Forum général de l’ASEAN. Ils envisagent le retour des ambassadeurs de leur pays chez leur voisin. L’ambassadeur du Cambodge regagne son poste le 13 avril, celui de Thaïlande le 17 avril. Une rencontre des Conseils des ministres des deux pays, prévue pour mars, puis annulée à cause des événements de janvier, est programmée pour le mois de mai. « Il ne s’est agi que d’un malentendu dit l’ambassadeur thaïlandais pour qualifier les événements de janvier. La crise semble donc terminée.

SAGA DU TRIBUNAL POUR JUGER LES EX-DIRIGEANTS KHMERS ROUGES

Du 13 au 17 mars, Hans Corell, juriste de l’ONU, chargé du dossier concernant la mise sur pied du tribunal devant juger les ex-responsables Khmers rouges, accompagné de cinq personnes, se rend au Cambodge pour reprendre les négociations concernant l’organisation de ce tribunal. Un accord serait intervenu le 17 mars pour la création d’un tribunal spécial, avec participation internationale, sous juridiction cambodgienne. Un dossier de dix-sept pages devrait être ratifié par l’Assemblée générale de l’ONU en avril, puis soumis à l’Assemblée nationale cambodgienne avec l’amendement de la loi d’août 2001.

Les instances juridiques sont réduites à deux au lieu de trois : une Cour de première instance composée de trois juges cambodgiens et de deux étrangers, et une Cour suprême où siègeront sept juges, dont quatre Cambodgiens. Les décisions seront prises à la « super-majorité » de quatre et cinq voix respectivement. Le tribunal spécial, et lui seul, décidera de la comparution de Ieng Sary.

Ce projet est qualifié de « résultat excellent et très positif » par Sok An, ministre cambodgien du Conseil des ministres, mais est accueilli avec beaucoup plus de discrétion par Hans Corell.

Le 21 mars, Amnesty International salue les efforts pour que « les personnes coupables des plus graves violations des droits de l’homme soient traduites en justice mais émet un certain nombre de réserves, notamment l’indépendance du système judiciaire cambodgien, l’absence de disposition garantissant la sécurité des témoins. On peut en ajouter d’autres : le gouvernement aura la haute main sur l’instruction du procès, ce qui lui permettra de camoufler les crimes d’un certain nombre des dirigeants actuels… Commentaire de Human Rights Watch : « Hun Sen doit être content… Il contrôle tout. Aucun juge ou procureur cambodgien ne pourra faire quoique ce soit sans sa permission 

Rien ne semble encore réglé : un observateur ne recense « pas plus de cinq juges cambodgiens » susceptibles de travailler à égalité avec des magistrats étrangers. On craint une éventuelle mauvaise volonté d’un pouvoir politique qui ne tient pas réellement au jugement. Il pourrait s’écouler « à peu près trois ans » d’ici à l’ouverture de la première audience.

Koffi Annan se montre assez réticent à la nouvelle mouture. Le texte qui devait être présenté à l’Assemblée générale le 24 avril est soumis le 1er mai au comité de l’Assemblée générale, et après son accord, à la dite Assemblée… Koffi Annan estime le budget nécessaire à 19 millions de dollars, sur trois ans, qui seront pris sur les fonds de l’ONU et non sur des dons des pays donateurs.

PREPARATION DES ELECTIONS

Défections réciproques

Depuis janvier 2003, les défections de membres importants du FUNCINPEC pour rejoindre le PSR, puis du PSR vers le FUNCINPEC s’accélèrent :

En janvier, trois membres de haut rang du FUNCINPEC ont rejoint le PSR. A la fin février, c’est au tour de Kieng Vang, sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur. Il est remplacé immédiatement à son poste ministériel par le général Po Linda. Le 18 mars, le secrétaire d’Etat aux Transports et Travaux publics, Ahmad Yahya, importante personnalité dans la communauté Cham, déserte à son tour. Le 25 mars, sept figures du FUNCINPEC, dont trois députés, annoncent leur ralliement au PSR. Ce sont Kéo Rémy, Ismaïl Yusof, Sach Ngin, députés, Neou Phirith et Chhum Saret, sous-secrétaires d’Etat ; Nhek Vannara, assistant du prince Ranariddh, Kem Sokhon, conseiller de Nhiek Bun Chhay.

Le 26 mars, le FUNCINPEC accueille à son siège deux cents nouveaux militants, présentés comme des transfuges du PSR. Le lendemain, Hor Sophéap, député PSR de Kompong Cham, le plus jeune de l’Assemblée, annonce son changement de camp pour le FUNCINPEC. Une quinzaine de militants, dont le peu recommandable Srun Vong Vannak, changent également de camp. Le 31 mars, le PSR exclut Hong Sok Heang, député de Takéo, et Lim Sokhun, député de Kompong Cham, de ses rangs. Le 2 avril, Sun Kim Hun, député du PSR, passe au FUNCINPEC. Le FUNCINPEC annonce le ralliement de 50 000 partisans du PSR. Le 25 avril, un cinquième député PSR, Monh Siyon, et son épouse, vice-présidente des femmes au sein du PSR, passent au FUNCINPEC. Le 28 avril, Sith Ybrahim, député du PSR, dont le poste de responsable des affaires musulmanes a été remis à Ahmad Yahya, quitte le PSR pour le FUNCINPEC. Phi Thach, chef de cabinet de Sam Rainsy, se retire du PSR. A Bantéay Méan Chhey, 200 partisans du PSR rejoignent le PPC.

Hun Sen fait part de son inquiétude, craignant des actes de vengeance entre les membres des deux partis. Thun Saray, président de l’association Adhoc, estime pour sa part que ces défections affectent mutuellement la crédibilité des deux partis au profit du PPC, mais ne changeront pas fondamentalement le résultat du scrutin de juillet.

Les raisons ne sont pas en premier lieu d’ordre politique, mais relèvent de l’intérêt personnel, souvent lié à la corruption, l’ambition d’obtenir un bon poste. On reproche au prince Ranariddh d’avoir donné de bons postes à des riches venus de l’étranger et d’avoir oublié ceux qui se sont battus pour le FUNCINPEC. Du côté du PSR, si beaucoup apprécient les idées ouvertes et généreuses de son président, tous n’apprécient pas sa conduite dictatoriale, et surtout l’attitude de son épouse, Saumura Thioulong, sous les fourches caudines de laquelle on doit passer pour obtenir un poste. On accuse aussi d’avoir donné de bons postes aux transfuges du FUNCINPEC au détriment des membres anciens du PSR.

Le PSR se sent pourtant le vent en poupe et assure pouvoir gagner la seconde place lors du scrutin du 27 juillet, puis diriger le pays avec le PPC, mais sans Hun Sen. Le 29 mars, le PPC rejette la proposition du PSR, qualifiée de « stratégie de voyou Hun Sen traite Sam Rainsy de « second Pol Pot Sam Rainsy accuse le FUNCINPEC d’avoir trahi les idéaux de la monarchie en s’alignant totalement sur le PPC.

Quoique l’on puise penser du PSR, c’est le seul parti qui annonce clairement un programme en 100 propositions concrètes, visant à instaurer « un gouvernement intègre et efficace faisant rentrer l’argent déposé frauduleusement à l’étranger (plus de 800 millions de dollars à Singapour), établissement d’une loi internationale « pour contrôler la corruption contrôle des propriétaires de plus de 100 hectares de terres, taxation des citoyens dont les biens dépassent 500 000 dollars, reconsidération des « spoliations de terres salaire minimum des fonctionnaires fixé à 100 dollars, des travailleurs du privé à 70, etc.

Le 21 mars, le FUNCINPEC célèbre son 22ème anniversaire, mais il n’y aura pas de congrès annuel, le parti préférant organiser de petits congrès en province, pour être plus proche du peuple et pour faire des économies. D’autres pensent que les responsables veulent éviter de se trouver sous le feu de critiques trop violentes.

Les 24-25 avril, 707 délégués du PPC se réunissent en congrès extraordinaire pour évaluer la situation du royaume et mettre au point la stratégie du parti pour les prochaines élections. Le congrès décide à l’unanimité de désigner Hun Sen comme son candidat au poste de Premier ministre, en cas de victoire aux élections. Hun Sen précise : cette proposition ne vaut que si Ranariddh reste président du FUNCINPEC. En cas de défaite, il proclame qu’il est prêt à abandonner son pouvoir au successeur légitime.

Le 11 mars, une centaine de moines manifestent à Vat Onalom, siège du vénérable Tep Vong, responsable de l’ordre Mohanikay. Ils apportent les empreintes digitales des 15 500 moines s’opposant au vote des religieux aux prochaines élections. Un responsable craint que le vote des moines ne cause des divisions et des disputes à l’intérieur des pagodes. Cependant, la Constitution, le roi, le ministre des Cultes leur reconnaît le droit de vote.

Le CNE (Comité national des élections)

Le 12 mars, l’association d’observation des élections COMFREL rend public un rapport de 13 pages concernant l’enregistrement des électeurs. Selon l’association, 400 000 des 1,56 millions d’électeurs potentiels n’ont pas eu la possibilité de s’inscrire : jeunes, moines, pauvres, découragés par les démarches compliquées ou anormales. Elle déplore la lenteur du processus d’enregistrement, le faible taux de nouveaux électeurs, les intimidations et menaces. Parmi les onze hôpi-taux publics de la capitale, seul l’un d’entre eux a offert la possibilité d’inscription aux malades. De même les détenus en détention préventive n’ont pas eu cette possibilité prévue par la loi. Elle dénonce « le manque d’efficacité du CNE » pour l’information du public, et déplore 23 cas d’intimidation flagrante par les autorités locales. Le CNE accuse COMFREL de n’avoir pas fait un travail scientifique.

Le CNE rejette 94 plaintes déposées par le FUNCINPEC et le PSR, concernant 13 000 personnes, selon le PSR. Le CNE propose d’acheter des temps d’antenne aux diverses télévisions et radios nationales, et de les distribuer à chaque parti. On compte demander, évidemment, le prix de l’opération à la communauté internationale. Le ministre de l’Information estime le projet « irréaliste et propose d’accorder dix minutes gratuites par jour sur la télévision nationale, à chaque parti, qui ne sont pas autorisés à se critiquer mutuellement. Seules la radio « Nid d’Abeille » de Mâm Sonando et un programme de TV 3 acceptent de se lancer dans ce projet. Finalement, le 24 avril, le CNE accorde un espace gratuit dans les médias officiels, et les autorise à acheter des plages dans les médias privés.

Le FUNCINPEC prévoit de dépenser 80 000 dollars durant les trente jours de campagne dans les provinces les plus importantes, en distribuant des T-shirts et des casquettes portant logo du parti. Le PSR prévoit d’en dépenser 30 000. Le PPC n’annonce rien, mais indique seulement qu’il montre ses réalisations (les réalisations du gouvernement sont celles du PPC). Hun Sen se défend d’utiliser son poste de Premier ministre pour faire de la propagande électorale : alors que Sam Rainsy est souvent à l’étranger, notamment aux Etats-Unis, que Ranariddh est souvent en France, lui, il reste au Cambodge, n’ayant ni passeport ni nationalité étrangère, ni maisons à l’étranger. Le roi Sihanouk se sent attaqué par Hun Sen et lui réplique qu’il n’a aucune maison à l’étranger.

Le 13 mars, le parlement européen adopte une résolution sur la situation au Cambodge à la veille des élections du 27 juillet, critiquant sans détour le gouvernement. Il invite « instamment » le gouvernement à « garantir des élections libres et équitables, sans intimidation ni harcèlement 

L’organisation des élections devrait coûter environ 12,5 millions de dollars. La Grande-Bretagne va débloquer 945 000 dollars par le biais du PNUD : 400 000 seront destinés au fonctionnement du CNE, le reste à des ONG. L’Australie, le Danemark, la Nouvelle Zélande, le Canada, la Belgique et la Suède ont déjà versé 2,9 millions pour soutenir l’action du CNE. L’Union européenne, le Japon, la France et l’Allemagne ont promis une assistance financière.

L’enregistrement des candidats aux prochaines élections a débuté le 28 avril. La veille, le CNE a publié les listes définitives des électeurs. Le CNE demande la confirmation de l’identité des candidats établie par les autorités communales. Les partis politiques doivent s’inscrire entre le 28 avril et le 17 mai. Le 21 avril, le CNE commence le recrutement de 192 personnes pour ses Comité provinciaux électoraux (CPE), qui seront répartis huit par province et municipalité. Bien que le CNE affirme ne pas se fonder sur les affiliations politiques des candidats, le fait de recruter le personnel ayant déjà travaillé pour les dernières élections signifie que ce personnel est aux ordres du PPC.

Le 28 avril, l’IRI (International Republican Intitute) rend public un rapport dans lequel il affirme que les électeurs cambodgiens vivent dans la peur des chefs de village, que les chefs de villages élus n’ont pas remplacé ceux qui ont été nommés par le PPC, que les membres des CPE sont pour la plupart affiliés au PPC.

Passe d’armes entre le roi et le Premier ministre

La signature d’un accord sur le tracé frontalier entre le Cambodge et le Vietnam, prévue pour le 3 mars, est reportée. Officiellement, on ne fait pas le lien entre ce report et les prises de positions du roi qui s’est opposé à tel accord. Le Front démocratique des étudiants khmers, a tenté le 1er mars d’organiser une manifestation contre cet accord et pour demander l’annulation des traités de 1979, 1982, 1983 et de 1985, mais ses membres ont été violemment dispersés par la police qui a foncé sur eux en motos avec des bâtons.

Le 7 mars, le roi Sihanouk annonce qu’il peut abdiquer si l’Assemblée nationale le lui demande. Il stigmatise cependant deux dangers mortels pour le Cambodge : la pauvreté et la perte de territoires khmers aux frontières. Le 10 mars, Hun Sen se prononce contre l’abdication du roi. Ranariddh fait de même au nom du FUNCINPEC.

Depuis près de sept ans, le roi publiait assez régulièrement dans son « Bulletin mensuel de documentation » (BMD) des lettres de « son ami d’enfance nommé « Ruom Ritt retiré dans un village des montagnes pyrénéennes en France. Tous les observateurs s’accordent à penser que ce n’est qu’un nom de plume du roi qui utilise ce procédé plaisant pour émettre son avis, généralement très caustique, sur le gouvernement et ses activités. Dans sa dernière lettre, Ruom Ritt accuse Hun Sen de critiquer le trône. Hun Sen s’en défend dans une lettre adressée au monarque, qui demande donc à son ami de ne plus rendre publique ses lettres. Hun Sen demande l’adresse de cet ami pour prendre contact avec lui, mais Ruom Ritt refuse de lui donner, « de crainte d’être assassiné » comme Haing Ngor, l’acteur de « la Déchirure Le roi s’excuse auprès du Premier ministre en disant que son ami Ruom Ritt a plus de 80 ans, qu’il vit à l’étranger depuis plus de vingt ans, qu’il n’est donc plus très au fait de la politique cambodgienne et n’a plus toute sa tête. Hun Sen a donc gagné le silence du roi… Il déclare avoir mis fin à un cancer qui rongeait l’opinion publique depuis sept ans. « Seul le roi avait une force susceptible de faire peur à Hun Sen affirme Kem Sokha, président du Centre des droits de l’homme du Cambodge. Mais le roi trouvera bien un autre moyen pour exprimer son avis. Ranariddh estime « justes et importantes » les remarques faites par Ruom Ritt.

Le 13 avril, le roi, qui avait retardé son départ pour Pékin, à cause des événements du 29 janvier, envoie son bulletin de santé : sa santé s’est détériorée sur plusieurs points.

Le 23 avril, de Pékin, le roi évoque à nouveau la possibilité d’une « abdication, voire d’une déposition et d’un exil en France. Il réaffirme cette volonté, le 26 avril, dans une lettre répondant à un « Khmer de Paris qui l’accusait de faire de la politique.

De France, Norodom Vachéara s’en prend vivement à Hun Sen, pour avoir critiqué Ruom Ritt, ami du roi. Selon la princesse, le Premier ministre bafoue la Constitution pour laquelle le roi est inviolable et manque de respect au roi. Elle reproche également à ses collègues du FUNCINPEC d’être restés « passifs » face aux attaques du Premier ministre. Le roi répond à la princesse qu’il est « injuste de s’attaquer à SE Samdech Hun Sen, notre vénéré Premier ministre 

Répondant à un courrier de Sam Rainsy qui lui exprimait ses regrets que le roi ait décidé de plus publier ses lettres, Ruom Ritt rend un hommage appuyé à Sam Sary, père de Sam Rainsy, pour avoir aidé le roi dans sa croisade pour l’indépendance totale du Cambodge, même s’il y a eu mésentente entre le roi et Sam Sary par la suite, à cause d’une histoire survenue à l’ambassade du Cambodge à Londres.

ECONOMIE

Riz et sécurité alimentaire

Malgré de mauvaises prévisions, la production de riz de l’année 2002-2003 a été excédentaire de 150 000 tonnes, même si, dans certaines régions du pays (Takéo, Kompong Speu), la population ne mange pas à sa faim. 3,8 millions de tonnes de paddy ont été produites, dont 2,9 de saison humide. Cela donne 2,1 millions de tonnes de riz pour nourrir la population, alors qu’elle n’en a besoin que de 1,9. Le surplus devrait préserver le pays de tout risque d’insécurité alimentaire. Deux millions d’hectares ont été ensemencés, soit 105 000 de moins que l’an dernier. Les autorités fixent une production de 4,5 millions de tonnes de paddy pour l’année prochaine, qui avec 850 000 tonnes de produits d’autres cultures, devraient largement répondre aux besoins locaux.

Forêts

Peter Leuprecht, représentant spécial du secrétaire de l’ONU pour l’observation des droits de l’homme au Cambodge, déclare à la fin de sa huitième mission au Cambodge qu’« il faut mettre un terme (.) à la destruction des forêts du Cambodge Selon lui, le pays est menacé de « tragédie écologique et humaine… Les concessions sont accordées sans considération pour les gens qui y vivent 

Le 27 mars, les pays donateurs remettent un nouveau plan d’exploitation de forêts au gouvernement. Ils lui demandent de se montrer souple après le départ de Global Witness, prévu pour le 22 avril. Ils ont d’ailleurs fourni une longue liste d’organisations susceptibles de remplacer Global Witness, qui continue à dénoncer « la déforestation à grande échelle » du pays. La Banque mondiale a suspendu l’octroi d’un prêt de 15 millions de dollars depuis un an, à la condition qu’il n’y ait « pas d’interruption dans le processus de surveillance Les entreprises Meng Ly Heng et Kingwood pourraient voir résilier leur contrat.

Le 21 avril, Ty Sokun, responsable du département des forêts, dit qu’il n’a pas à avertir Global Witness de la fin de sa mission, car « il n’y a jamais eu de contrat avec cette association Le gouvernement propose de créer un groupe d’observation comprenant des membres du ministère de l’Agriculture, du département des forêts et des donateurs intéressés. Les pays donateurs veulent, quant à eux, un groupe travaillant pour le maintien des ressources naturelles, dirigé par la FAO et la BAD, et envoient une lettre au ministre de l’Agriculture pour demander le maintien de Global Witness jusqu’à son remplacement par une organisation appropriée. Le commentaire de la direction de Global Witness est clair : « Les individus qui veulent le départ de Global Witness sont ceux qui organisent la déforestation illégale et en tirent le plus de profit. Ces individus, au coeur du gouvernement et de l’administration publique, voient dans l’interruption du rôle officiel de Global Witness le plus sûr moyen de perpétuer leurs sources de revenus illicites, et par là même, leur pouvoir ». Un nouvel organisme de surveillance pourrait être nommé à la fin du mois de juin.

Le 25 avril Washington déplore la fin de la mission de Global Witness. « Nous considérons cette question comme un facteur significatif dans les futures décisions des donateurs dit le porte-parole américain. Le porte-parole cambodgien redit les mêmes mensonges, que Global Witness a « trahi ses promesses qu’il n’y a pas eu de violences contre les paysans le 5 décembre 2002, etc.

Caoutchouc

Après la guerre en Irak, le prix de la tonne de caoutchouc qui se négociait avant la guerre à 600 dollars est remonté à 1 100, soit le prix d’il y a sept ans. La production cambodgienne ne représente que 0,3 % de la production mondiale, et n’a pas de certification conforme aux normes internationales. Le Cambodge doit donc commercialiser son caoutchouc par l’intermédiaire de ses voisins (Vietnam, Thaïlande, Singapour, Malaisie), perdant jusqu’à 200 dollars la tonne. française de développement serait prête à financer un processus de certification ; il suffirait de renforcer les structures existantes et notamment de relancer l’Institut du caoutchouc. L’Etat ne proposant que 900 riels le kilo de caoutchouc, alors que le Vietnam en propose 1 400, environ 90 % de la récolte des petits producteurs passe en fraude dans le pays voisin.

Tourisme

La guerre en Irak et surtout la pneumopathie atypique font chuter le nombre des touristes : on dénombre au minimum 30 % de touristes en moins par rapport à l’année dernière, 70 % par rapport au mois de février. Environ mille touristes visitaient Angkor chaque jour, on n’en compte plus que trois cents en avril. Environ sept à huit cents touristes franchissaient la frontière à Poïpet, il n’y en a plus que trois cents dans les premières semaines d’avril. Plusieurs compagnies aériennes suspendent leur vol sur Siemréap ou même sur Phnom Penh.

L’association « Les Artisans d’Angkor » a ouvert ses portes en 1992. Son chiffre d’affaires est actuellement de plus de 2 millions de dollars et pourrait augmenter encore. 95 % des élèves sont devenus des artisans membres de l’association et envisagent de former une société d’économie mixte avec l’Etat cambodgien qui détiendrait 30 % des parts, 50 % appartenant au secteur privé, et 20 % à ses 637 salariés, dont 540 artisans. Chacun a investi 7 dollars par mois pendant deux ans. 75 % du chiffre d’affaires de l’association est assuré par la vente d’objets aux touristes, 25 % par des contrats de décoration d’hôtels ou de maisons bourgeoises, et même de l’aéroport de Pochentong.

Commerce

Le port de Phnom Penh connaît un regain de trafic depuis le début de l’année : 1 450 conteneurs depuis le début janvier. Cette augmentation est due sans doute à la simplification des procédures administratives pour traverser le Vietnam qui ne durent plus que deux heures, au lieu de dix auparavant. On importe des produits de construction en provenance de Chine ou du Vietnam, on exporte du latex ou du bois transformé vers la Chine et Taiwan. Le trafic de port de Sihanoukville a connu une augmentation de 28 % durant le premier trimestre par rapport à l’an dernier : 474 643 tonnes de marchandises contre 370 186 l’an dernier. Les importations sont surtout du matériel de construction en provenance de Thaïlande et d’Indonésie, du pétrole et du mazout.

Le 2 avril, un cargo battant paillon cambodgien sombre dans la mer Noire. Cinq membres de l’équipage sont disparus. Au 28 mars, la nouvelle société d’enregistrement des bateaux battant pavillon cambodgien (International Shipping Registry of Cambodia) avait déjà enregistré vingt bateaux. Le ministre de l’Intérieur est en train de contrôler les comptes de l’ancienne société qui n’a versé que 300 000 dollars en huit ans au gouvernement.

AIDES ET INVESTISSEMENTS

Pour l’entrée dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce), le Cambodge doit posséder de bonnes voies de communication. Environ 6 000 km. de routes ont été rénovées, pour un coût de 400 millions de dollars. Le reste devrait être achevé en 2005, à condition que le Cambodge trouve 400 autres millions. Des dons du Japon, de la Banque asiatique de développement (BAD) et de la Banque mondiale, ainsi qu’une partie du budget national ont été affectés à ces projets.

L’Indonésie prévoit d’augmenter ses investissements au Cambodge, qui pour le moment ne s’élèvent qu’à 1,06 % du total des investissements étrangers. En sept ans, l’Indonésie a investi 63,2 millions de dollars en douze projets. Pendant la même période, la Malaisie, premier investisseur au Cambodge, a investi trente fois plus, avec 1,8 milliards. En 2001, les exportations indonésiennes vers le Cambodge se sont élevées à 72,2 millions, celles du Cambodge vers l’Indonésie à 130 000 (600 000 en 2000).

Les échanges commerciaux entre la Chine et le Cambodge sont en pleine expansion. Récemment, la Chine a exempté 294 catégories de produits de taxe à l’importation.

Le 12 mars, la BAD annonce qu’elle va débloquer 400 000 dollars pour superviser « le secteur embryonnaire de l’assurance du Cambodge 72 000 dollars seront fournis par le gouvernement cambodgien. La plus grande partie du don de la BAD servira à payer le salaire de l’expert étranger.

Deux districts situés au nord de Phnom Penh seront aménagés en zones « agrico-touristiques grâce à une aide de 1,3 millions de dollars allouée par la Corée du Sud.

Le 1er avril, le Japon accorde 8,327 millions de dollars au Cambodge par l’intermédiaire du Programme alimentaire mondial (PAM) auquel il a versé 82,7 millions d’aide pour 2003. Le PAM accordera 32 000 tonnes de nourriture au Cambodge durant l’année 2003 (40 000 tonnes l’an dernier qui ont servi à nourrir environ 1,8 millions de personnes dans le cadre « nourriture contre travail 

Le village de Koh Andeuk, dans la province de Svay Rieng, se dote d’un réseau électrique communautaire, grâce des générateurs fournis pas l’ONG française du CODEV-ESF. Cette ONG a déjà fourni du matériel électrique pour l’hôpital de Kompong Trabèk, construit par le vénérable Yos Hut Khémaçaro, dont le réseau électrique de Koh Andeuk est une extension.

La Banque mondiale approuve l’octroi de deux prêts d’un montant total de 38,9 millions de dollars pour aider au développement rural et régional, ainsi que l’approvisionnement en eau.

Le gouvernement britannique fait un don de 10 000 dollars pour aider à l’enseignement du braille aux aveugles du Cambodge. Il y aurait plus de 70 000 aveugles au Cambodge.

SOCIETE

Mouvements sociaux

Le 7 mars, 5 000 ouvriers de l’usine de confection Peratex entrent en grève, pour douze réclamations. Après quatre jours, ils n’obtiennent satisfaction que sur un point : leur salaire sera aligné sur le Smig cambodgien de 45 dollars. Le patron accepte d’augmenter rétroactivement le salaire de février.

Du 8 au 10 mars, plus de cinq cents ouvriers de l’entreprise Garment se mettent en grève pour protester contre des rumeurs de licenciement d’environ 350 ouvriers, dont 22 syndicalistes. Huit syndicalistes sont réembauchés, quinze sont licenciés avec une prime de licenciement.

Le 11 mars, plusieurs dizaines d’ouvriers sont intoxiqués par des vapeurs à l’usine de confection Broadland Cambodia Garment. Soixante-deux avaient déjà été intoxiqués le 7 février, cent sept trois jours plus tard.

Le 4 avril, six cents ouvriers de l’usine de confection Terratex Knitting se mettent en grève pour protester contre le renvoi, selon eux injustifié, d’un syndicaliste, et pour d’autres revendications salariales.

Le 9 avril, pour la première fois de son histoire vieille de quatre ans, l’usine Sabrina de Kompong Speu connaît son premier mouvement de grève. Cinq cents ouvriers se mettent en grève pour demander de meilleures conditions de travail et la réintégration de militants syndicalistes licenciés abusivement. Le 5 avril, une ouvrière est giflée par un responsable chinois. Le mois dernier, un cahier de revendications portant sur 19 points a servi de base de négociations qui n’ont pas abouti.

Le 21 avril, environ cinq cents travailleurs de l’usine de confection Grace Sun Garment se mettent en grève pour demander la renégociation de leur bonus, et sept autres points. L’un des sept points concerne un ouvrier qui avait été licencié pour avoir refusé de faire des heures supplémentaires. Il est réintégré.

Le 23 avril, deux cents employés de l’usine textile Mighti Spectra Knitting manifestent pour exiger une revalorisation de leur rémunération. Les grévistes lancent des pierres sur les bureaux de l’usine. La police intervient et se heurte aux grévistes armés de longs bâtons. Les ouvriers sont payés à la tâche : 12,6 dollars par lots, mais il est difficile de confectionner plus de deux lots par mois. Ils demandent donc 29 dollars par lot, la direction propose 24,60. Finalement on se mettra d’accord sur 26,40. Cette manifestation de violence des deux côtés risque de rendre de plus en plus difficile le dialogue social et l’arrivée de nouveaux investisseurs.

Le 30 avril, quatre cents ouvriers des usines de confection City New et Wan Tai se mettent en grève pour demander une meilleure rémunération et de meilleures conditions de travail.

Le 30 avril est officiellement installé le Conseil d’arbitrage du travail, qui comprend 21 membres (sept du patronat, sept du gouvernement, sept des syndicats) chargés de régler les conflits collectifs dans un délai de seize jours. Cependant, la pression du gouvernement pour tout diriger reste grande. Par exemple, le SIORC et d’autres syndicats s’insurgent contre l’envoi de délégués de l’Union Cambodgienne des Fédérations (CUF), syndicat lié au gouvernement, pour représenter les syndicats cambodgiens à une réunion à Genève, en juin prochain.

Plus de 2 000 Cambodgiens travaillent en toute légalité en Malaisie depuis 1998 ; près de 450 autres ont été choisis en mars pour aller travailler en Corée du Sud. Le coût des passeports de ces travailleurs sera de 20 à 50 dollars, alors qu’il coûte officiellement 100 dollars pour les autres Cambodgiens.

Lancement d’un plan contre la pauvreté

Le gouvernement lance un plan d’un montant total de 1,5 milliards de dollars (soit 125 par tête, quelque soit son âge ou sa profession !), visant à développer les techniques de production agricole, les voies de communications et les transports et à créer de nouveaux emplois. Cinq cents millions de dollars seront injectés chaque année, dont 230 millions versés par le gouvernement qui escompte 250 millions de dollars d’investissements étrangers. L’assistance internationale versera 1,2 milliards. 79 % des pauvres sont des agriculteurs qui représentent 70 % de la population totale du pays. Douze à quinze pour cent d’entre eux sont dépourvus de terres agricoles. Si, de 1993 à 2000, la croissance du secteur industriel a enregistré un bon de 43 %, moins de 8 % de la population en a bénéficié. Le Cambodge est classé au 130e rang sur 173 des pays pauvres.

Une enquête sur la pauvreté, financée à hauteur de 100 000 dollars par la BAD, révèle que près de 250 000 personnes à Phnom Penh, soit 1/5e de la population, dispose d’un demi dollar par jour pour vivre. « Il y a beaucoup de projets de lutte contre la pauvreté qui restent au stade de l’intention 

La coopération conjointe du Japon, de l’Indonésie, de la Malaisie, des Philippines et de la Thaïlande en faveur d’un projet initié à Tokyo en 1992, va être poursuivi cette année. Ce projet vise à introduire une assistance globale au développement rural dans les provinces de Takéo et de Kompong Speu. En 2004, ce projet sera transféré au ministère du Développement rural. Quinze millions de dollars accordés par Tokyo depuis 1994 ont financé le projet qui a impliqué 250 experts de l’ASEAN et 78 Japonais.

La régularisation des titres de propriété commence

En juillet 2001 l’Assemblée nationale vote une loi foncière. Les gouvernements allemand et finlandais apportent leur aide à la réalisation technique du projet et font un don de 3,5 millions de dollars chacun. La Banque mondiale accorde un prêt pour la première phase démarrée le 18 juin 2002. Durant les dix dernières années, 600 000 titres ont été délivrés, auxquels s’ajoutent 80 000 nouveaux titres émis dans le cadre de projets pilotes. On estime le nombre de parcelles concernées par un éventuel titre entre 7 et 10 millions. Les sommes officieusement réclamées pour la délivrance d’un titre de propriété peuvent varier de 100 à 300 dollars. Le coût réel serait de 30 dollars, selon un responsable suédois. On estime qu’il faudra à peu près quinze ans pour attribuer toutes les parcelles à des propriétaires. D’ici-là, les puissants exerceront leur loi en confisquant les terres les plus fertiles le long de grandes routes.

Au début mars, plus d’une cinquantaine soldats détruisent par le feu une cinquantaine de maisons, sur une parcelle disputée de 149 hectares, à Kor Kralar, dans la province de Battambang.

Plus de soixante-dix familles de la province de Kompong Speu vont être expulsées par la Sokimex des 7 000 m qu’elles occupent.

Le 29 mars, 2 400 hectares de forêts sont remis à plus de 500 familles. Le 12 avril, des centaines d’hectares situées dans le srok d’Aural seront remis aux villageois.

Santé

La ministre britannique du Développement annonce l’octroi d’une aide de 24 millions de dollars pour soutenir les services obstétriques, et de 25 millions pour la lutte contre le sida.

Selon le Premier ministre, les dépenses de santé ont quintuplé durant les cinq dernières années. L’enveloppe allouée à la Santé dans le prochain budget passera à 26 %. Cela ne signifie pas pour autant que les gens seront mieux soignés, tant de canaux de dérivation détournant l’argent au cours de sa distribution.

Le vaccin Fund/Gavi a été choisi pour être distribué au Cambodge, premier pays d’Asie à ainsi recevoir sa dotation de vaccin contre l’hépatite B. Huit millions de dollars seront remis au gouvernement pour mener cette vaccination d’ici à 2005.

La tuberculose reste la principale cause de mortalité au Cambodge. Le pays figure parmi les vingt-deux nations les plus contaminées de la planète. Seulement 49 % des enfants sont vaccinés contre la tuberculose, 64 % de la population est porteuse du bacille. On compte 270 cas pour 100 000 habitants.

A la fin mars, le Japon fait un don de 380 000 dollars et offre des équipements médicaux au ministère de la Santé, pour lutter contre la mortalité enfantine. Depuis 1992, le Japon a accordé 7,6 millions à ce même ministère, pour les mêmes buts. Le nombre de décès des enfants de moins de 5 ans aurait chuté de 10 % depuis 1998.

Le Cambodge ne recense aucun cas de pneumopathie atypique. Cependant, une pharmacie phnom penhoise a réussi à vendre ses vieux vaccins contre la grippe ordinaire à huit fois le prix, soit 50 dollars le vaccin. La pharmacie a été immédiatement fermée par le ministère de la Santé.

La « télémédecine » commence à faire son apparition au Cambodge, grâce à un don de 40 000 dollars de Markle Foundation de New York. Des médecins cambodgiens ont commencé à consulter leurs collègues américains depuis la province éloignée de Ratanakiri.

Aucun cas de SARS n’est signalé au Cambodge qui a pourtant pris toutes les précautions pour prévenir et soigner la maladie. Lors d’une réunion des chefs de gouvernements de l’ASEAN et de la Chine, tenue à Bangkok le 29 avril, le Cambodge a versé 100 000 dollars pour le fonds asiatique de prévention contre la maladie, la Chine s’engageant à verser 1,2 millions et la Thaïlande 250 000. Hun Sen demande au Japon de lui fournir du matériel de prévention pour une somme de 153 000 dollars. Le Cambodge débourse 11 000 pour la prévention au Cambodge même. Singapour estime que la maladie lui fera perdre 843 millions de dollars par manque à gagner dans le secteur du tourisme.

Education

Le 28 mars, l’Union européenne (UE) signe deux accords d’assistance technique et de soutien financier dans les domaines de l’éducation et du commerce, d’un montant de 20 et de 20,7 millions d’euros. Ces dons visent à renforcer les secteurs de l’éducation de base et l’éducation informelle. Cinq millions supplémentaires sont destinés à financer une assistance technique du ministère de l’Education. L’UE accorde son soutien total dans la demande d’adhésion du Cambodge à l’OMC en septembre prochain. En mai dernier, avant la dernière réunion du groupe consultatif, l’UE a promis une aide de 68,7 millions d’euros pour la période 2002-2004.

Pour la cinquième année consécutive, des élèves japonais font un don de 41 tonnes de riz qu’ils ont eux-mêmes cultivé, au PAM, remis à une école du Cambodge.

De nombreux instituteurs stagiaires sont dupés par des intermédiaires qui leur font miroiter leur titularisation contre une somme de 700 dollars (environ trente mois de salaire). L’escroquerie porterait sur 500 000 dollars. Hun Sen demande en vain que soient remboursées les sommes usurpées.

DROITS DE L’HOMME

Le 7 avril, à Genève, Peter Leuprecht place en tête de son rapport concernant l’observation des droits de l’homme au Cambodge l’insuffisance de l’évolution du système judiciaire et légal du pays. La justice « continue d’être minée par la corruption et le manque d’indépendance et d’impartialité ainsi que par la « pénurie d’avocats Il y déplore la violence politique dans la préparation des élections, la spoliation des terres et la déforestation.

Le gouvernement cambodgien réagit violemment aux propos de Peter Leuprecht, qui « ne prend pas en compte les réalités et les progrès accomplis Mais à trop souvent mentir sur des évidences, le gouvernement a perdu beaucoup de crédibilité dans ce domaine.

Deux casinos clandestins sont fermés au début du mois d’avril à Phnom Penh : celui de l’hôtel Emperor et Chouk Roath. Le nouveau gouverneur de Phnom Penh veut appliquer la directive de Hun Sen demandant de bannir tout casino à plus de 200 kilomètres de la capitale (en autorisant le seul casino en construction, pour remplacer le bateau Naga).

Les Etats-Unis renvoient au Cambodge des réfugiés condamnés sur le sol américain, sans mentionner les troubles mentaux dont ils sont affectés. Bel exemple de respect des droits de l’homme !

Human Rights Watch et Adhoc révèlent que des Montagnards réfugiés au Cambodge pour fuir les persécutions de la part des autorités vietnamiennes ont été renvoyés au Vietnam. Selon Human Rights Watch, en janvier, plus de cent Montagnards ont été renvoyés au Vietnam par les autorités khmères. Le 26 mars, des policiers et militaires ont ouvert le feu sur un groupe tentant de s’enfuir dans la forêt. Adhoc confirme en partie ces affirmations : quarante-huit Montagnards, dont dix femmes, ont été expulsés de Ratanakiri et de Mondolkiri. « Les autorités vietnamiennes donneraient 70 dollars par Montagnard renvoyé précise Adhoc. Les autorités cambodgiennes nient toute expulsion.

Assassinats

Le 23 avril, Sok Setha Mony, juge de la Cour municipale de Phnom Penh, âgé de 42 ans, est assassiné, en plein jour, dans un carrefour, par deux tueurs casqués en moto, alors qu’il se rendait à son travail. Le juge avait présidé au jugement des membres du CFF, de Chouk Rin et de Sam Bith, et était chargé du jugement des soixante étudiants arrêtés après les émeutes du 29 janvier. C’est le troisième membre de la Cour municipale à être agressé (Nget Sarath, procureur général, agressé au début du mois), ou assassiné (Chhim Dara, clerc, assassiné le 9 avril) depuis le mois de mars. Ces assassinats font planer des craintes sur l’indépendance de la justice. Les juges ont désormais peur et demandent le droit d’être armés, ainsi que d’avoir des gardes du corps.

Le 29 avril, une femme chinoise de 29 ans, est abattue alors qu’elle sortait de chez elle en voiture, par deux hommes à moto, à 6 h30, avec la même arme que celle qui a tué le juge Sok Sétha Mony. Cette chinoise travaillait dans une usine de confection.

Toutes les hypothèses sont permises. Il semble que l’on assiste à un règlement de compte de type maffieux. Selon un très haut responsable de la police nationale, la maffia chinoise est bien en place, et avec l’accord des autorités gouvernementales, rançonne les commerçants, fait disparaître les récalcitrants. Les meurtres dans la communauté chinoise seraient nombreux. Même ce très haut responsable de la police nationale avoue son impuissance face à la maffia soutenue par le gouvernement. Des gangs de tueurs professionnels opèrent en toute impunité, moyennant la somme de 1 000 dollars pour personnalité importante, moins pour les autres. « Il est facile de trouver un assassin dit le chef de la police. Que l’on se souvienne du meurtre de Piseth Pilika en 1999, du moine Sam Bun Thoeun, en février 2003, d’Om Radsady… C’est toujours la même manière de procéder… et peut-être le même commanditaire.

Justice

Le 28 avril, deux policiers de Prey Veng, accusés d’avoir violemment battu un homme arrêté par erreur, sont acquittés. Ils avaient été laissés en liberté avant le jugement, ce qui leur a permis de dissuader d’éventuels témoins.

Le 28 avril, la Cour de Kompong Speu condamne un jeune homme accusé d’avoir tué son oncle, membre du PSR, en novembre 2001, alors que les villageois connaissent les meurtriers. Le juge avait promis une peine légère à l’inculpé s’il se reconnaissait coupable…

Trafic d’êtres humains

L’agence de coopération USAID accorde un don de 829 000 dollars à l’Organisation des migrations internationales, pour financer une campagne de sensibilisation concernant le trafic d’êtres humains. Plusieurs ONG estiment qu’entre 40 à 60 % des 14 000 prostituées du Cambodge le sont sans l’avoir choisi. Cette campagne durera trois ans et concernera dix-huit provinces.

Plusieurs actions de police sont menées contre des bordels et des proxénètes ; par exemple le 14 mars, vingt jeunes filles ou jeunes femmes, à qui on avait promis un emploi à Taiwan, sont libérées, leur recruteur arrêté. Le 29 mars, une soixantaine de policiers cambodgiens, assisté d’un groupe de dix policiers américains (du groupe chrétien International Justice Mission), investissent le quartier de Svay Pak, y libèrent 37 prostituées, dont une vingtaine âgées de moins de dix ans, et arrêtent treize personnes soupçonnées de proxénétisme, et ferment au moins huit bordels. Six prostituées s’échappent des locaux de l’ONG Assefip où on les avait placées pour reprendre leur occupation à Svay Pak. Ces actions spectaculaires permettent au gouvernement de montrer qu’il fait quelque chose, et de pouvoir continuer à recevoir des fonds.

Selon un rapport du département d’Etat américain, 15 % des prostituées du Cambodge sont âgées entre 8 et 15 ans, 78 % d’entre elles viennent du Vietnam. « Des fonctionnaires du gouvernement touchent des pots de vin qui facilitent le trafic des personnes. »

L’ordre de fermer les karaokés pris soudainement par Hun Sen en novembre 2001 a eu comme effet de pousser de nombreuses jeunes filles vers la prostitution. 859 des 1 053 karaokés ont fermé, mais ont rouvert depuis, leur équipement n’ayant pas été saisis.

Les Etats-Unis pourraient imposer des sanctions économiques au vu de l’absence de résultats dans la lutte contre le trafic d’êtres humains. L’an dernier, le Cambodge avait été placé dans la catégorie du « tiers inférieur » stigmatisant les pays n’ayant pas rempli leurs obligations dans ce domaine. Le 3ème rapport annuel, qui doit être achevé en avril et rendu public en juin, servira de base à la décision. « Nous n’avons pas besoin qu’un autre pays nous impose des sanctions, nous devons nettoyer notre maison par nous-mêmes dit la ministre cambodgienne des Affaires féminines.

Des policiers sont souvent propriétaires de bordels ou exigent des pots de vin des tenanciers. Toutes les prostituées se disent effrayées par la police, qui souvent obtiennent d’elles des services gratuits.

Le 19 avril, le Cambodia Daily consacre un long article sur « la jeunesse aujourd’hui » et révèle des détails sordides sur les viols collectifs qui semblent fréquents chez la jeunesse phnom penhoise. Seuls 13 % des étudiants et étudiantes estiment que des relations forcées avec une prostituée est un viol ou est punissable. Seuls 33 % des garçons estiment que le viol collectif comporte un danger de transmission du sida. 73,4 % disent avoir été témoins de violences sexuelles. « La télévision a ouvert sur un nouveau monde de coutumes, la musique, les relations entre jeunes gens et jeunes filles. Ils ont grandi dans un monde différent de leurs parents qui ne sont pas équipés pour les aider à naviguer dans ce monde trouble. » « Si on a de l’argent, on peut tout faire » semble être devenu le principe moral de la jeunesse dorée qui ne craint pas la police qu’elle achètera de toutes façons. La ministre des Affaires sociales ne peut que déplorer cette absence de sens moral : « Quand la culture n’est plus la base de la culture, on se réfugie sur la loi. Quand il n’y a pas de loi, le gang de violeurs devient la norme… On peut toujours critiquer les Khmers rouges, mais que faisons nous pour arrêter cela ? dit-elle. Certains fils de hauts fonctionnaires peuvent dépenser jusqu’à 2 000 dollars par nuit. 90 % des violeurs ne sont pas poursuivis.

Selon Adhoc, un enfant cambodgien de 11 à 14 ans a 30 % de « chances » d’être victime d’abus sexuel ou de viol.

Soixante et onze pêcheurs, vraisemblablement des Cambodgiens réduits en esclavage sur un bateau thaïlandais, sont retenus en Indonésie depuis le 3 avril. Ils parlent cambodgien, mais n’ont aucune pièce d’identité.

Trafic de drogue

Le 19 mars, un sous-secrétaire d’Etat cambodgien est arrêté en possession de 4 000 pilules de méthamphétamines et d’un kilo de poudre pour en fabriquer d’autres. En 2002, la police cambodgienne a saisi 82 % de pilules de métamphétamine de plus qu’en 2001. Un rapport du Bureau international de contrôle des narcotiques (BICN) fait le lien entre ce trafic et de puissants commerçants cambodgiens, des groupes politiques et militaires. Stoeung Treng est la plaque tournante du trafic de toutes les drogues.

Dans un rapport de dix-sept pages, le Département d’Etat américain, en date du 31 mars, fustige le Cambodge. Le Cambodge n’a pas fait suffisamment d’efforts dans sa lutte. Les contrôles aux aéroports sont qualifiés de « rudimentaires Le gouvernement cambodgien réagit vivement, reprochant aux Etats-Unis de le critiquer sans lui donner les moyens d’action efficaces.

Le 2 avril, vingt-quatre kilos d’héroïne sont saisis par la police de Sydney, dans une cargaison de 358 boîtes de pâte de poisson prahok Il y en a pour une valeur de 14,6 millions de dollars. C’est la plus grosse prise jamais opérée. Dans un rapport récent, le BICN fait remarquer que le Cambodge et la Corée du Nord sont les deux seuls pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est à n’avoir pas adhéré aux traités de contrôle international de la drogue. Le Cambodge est également l’un des principaux pays producteurs de cannabis. Le pays est devenu l’un des principaux points d’exportation d’héroïne, qui serait trafiquée sur place, comme le prouverait la prise de Sydney. On se pose donc beaucoup de question sur l’implication du Cambodge dans ce trafic.

Sam Rainsy, reçu à Washington par Enterprise Institute, estime que « la Birmanie préfigure le chemin que prend le Cambodge… Sans changement, le Cambodge n’est pas loin de ressembler à un Etat narco-trafiquant récalcitrant ». « Dans cinq ans, si rien n’est fait, l’Etat sans loi de Hun Sen deviendra un repaire de terroristes L’analyse n’est pas dénuée de vérité, mais la conclusion qu’il faut une opération comme en Irak, comme il le suggère et comme le demande le Front des étudiants et intellectuels khmers, relève d’une dérive verbale et politique inquiétante, correspondant aux déclarations du sénateur Mitch McConnel en septembre dernier, demandant « un changement de régime » au Cambodge.

DIVERS

Patrimoine national

Des squelettes humains de l’époque protohistoriques sont découverts sur le site d’Angkor, ce qui accréditerait la thèse selon laquelle les sites angkoriens se sont superposés sur des zones précédemment habitées.

Dans la nuit du 5 au 6 mars, le site de Kbal Spéan, « la rivière au mille lingas situé à 40 km. d’Angkor, lieu symbolique de l’origine de la fécondité du royaume, a été vandalisé. Deux grandes statues sont décapitées, une autre volée. « Une perte inestimable pour le patrimoine national, des pièces uniques au monde déplore un responsable de l’autorité Apsara chargé de la sauvegarde du complexe angkorien.

Le Cambodge abrite 540 espèces d’oiseaux. Une seule disparition d’une espèce a été constatée durant les cent dernières années, faisant du Cambodge le pays où la faune est la plus protégée au monde. Cependant, actuellement 44 espèces sont menacées de disparition, notamment une dont il reste deux couples. Les principales menaces sont la modification des biotopes et la chasse.

En février, des chercheurs ont découvert deux nouveaux temples dans le srok de Phum Kulen (province de Préah Vihéar), construits en briques et en grès, vraisemblablement au Xe siècle, à Chen Srang ou Prey Veng. En février, un autre temple avait été découvert à Angkor Chum, dans la province de Siemréap, appelé Prey Prasat, également du Xe siècle.

Quatre salles de cinémas ont ouvert leurs portes au public depuis le début de l’année. Mais les films cambodgiens restent une denrée rare.

Rithy Panh sera présent au festival de Cannes avec un nouveau film-documentaire : « S-21 : la machine à tuer des Khmers rouges 

Le petit Prince, d’Antoine de St Exupéry est traduit en khmer et édité par le SIPAR et connaît un succès de librairie.

Religions

Plusieurs groupes chrétiens anglo-saxons font connaître leur mécontentement à la directive ministérielle du 14 janvier limitant le prosélytisme au Cambodge. Ils y voient une entrave à la liberté. Les intérêts financiers empêchent de prendre des mesures radicales contre ces groupes chrétiens : la World Vision dépense annuellement 9 millions de dollars d’aide au Cambodge, les Mormons injectent 1,5 millions chaque année dans l’économie locale, etc.

Le vénérable Moha Ghosananda et au moins dix moines ont entrepris une marche bouddhique de 650 km. autour du pays, en 47 jours qui devrait se terminer à Oudong le 16 mai. La traversée de Phnom Penh, prévue initialement le 11 mai, est interdite aux marcheurs – « pour ne pas gêner le trafic » – de la capitale.

Association des maires francophones

Du 11 au 13 mars s’est tenu à Phnom Penh le colloque annuel de l’Association internationale des maires francophones (AIMF), qui fédère 109 capitales en 46 pays. On attendait 70 délégations venant de trente pays, mais plusieurs ont annulé leur venue : on avance des problèmes de sécurité, ou la réprobation pour le limogeage de Chéa Sophara, maire de Phnom Penh, suite aux émeutes du 29 mai. La mairie de Phnom Penh estime que les maires absents sont occupés chez eux. Les frais occasionnés par ce colloque s’élèvent à 200 000 dollars. Bertrand Delanoë et Hun Sen inaugurent le colloque, avec 23 maires, et un certain nombre de représentants de 53 villes. Les maires décident d’accorder un don de 220 000 dollars à la ville de Phnom Penh pour l’élaboration d’un schéma global d’assainissement. L’AIMF a déjà financé le nouveau service des urgences de l’hôpital municipal, à hauteur de 200 000 dollars, inauguré le 13 mars par Bertrand Delanoë. 68 000 euros sont remis pour la construction d’une station de pompage au nord de la capitale cambodgienne, 45 000 pour l’équipement du nouveau service des urgences de l’hôpital municipal. Cette structure, qui s’étend sur 850 m , a été financée pour 165 000 dollars par l’AIMF et 35 000 par la municipalité.

Phnom Penh

Embellissement de Phnom Penh : la municipalité de Phnom Penh et l’Union européenne, ainsi que les villes de Venise et de Paris, viennent de publier un plan pour embellir Phnom Penh « à l’aube du XXIe siècle Un projet d’assainissement de plusieurs étangs, d’un montant de 3,7 millions de dollars, sera financé par le Japon. Un projet de rénovation des trois marchés de la capitale sera financé par française pour le développement à hauteur de 5,3 millions, dans sa première phase. Un troisième projet vise à rénover les bâtiments situés sur le front du Tonlé Sap.

Un système de drainage du sud de Phnom Penh de 3,5 km. de long est inauguré le 30 avril. Il a demandé trois ans de travail et a coûté 3,5 millions de dollars, sur un prêt de la BAD. Ce système permettra d’évacuer 40 % des eaux de pluies déversées sur la capitale. Un autre projet de 16 millions de dollars est en voie de réalisation par une société japonaise, et sera achevé en 2004. Il permettra d’évacuer les 60 % d’eau de pluies restant.