Eglises d'Asie

L’évêque catholique de Mannar, en zone tamoule, a organisé une marche réunissant catholiques, hindous et musulmans pour appeler Colombo et le LTTE à reprendre les négociations

Publié le 18/03/2010




Le 3 mai dernier, Mgr Rayappu Joseph, évêque du diocèse catholique de Mannar, région située en zone tamoule, a organisé une marche dans sa ville pour demander au gouvernement sri-lankais et aux Tigres du LTTE de reprendre les négociations, rompues le 21 avril dernier. Rassemblant 3 000 catholiques, hindous et musulmans venus d’une cinquantaine de villages de la région, la marche a parcouru la distance séparant la cathédrale St Sébastien du bureau local du gouvernement. Là, l’évêque catholique, accompagné des responsables de Vaalvuthayam, l’organisation caritative du diocèse, et du Comité des citoyens de Mannar, a déposé une lettre adressée à la présidente Chandrika Kumaratunga, au Premier ministre Ranil Wickremasinghe et au chef du LTTE Veluppillai Pirapaharan et demandant qu'”en dépit des obstacles les négociations de paix ne soient pas abandonnées.

Quinze jours auparavant, le 21 avril, le LTTE s’était retiré des pourparlers de paix engagés avec Colombo après que les Etats-Unis eurent interdit aux représentants du LTTE, considéré par Washington comme une organisation terroriste, de prendre part à une conférence qui devait se tenir le 14 avril dans la capitale fédérale américaine. Cette conférence avait pour objet de préparer le sommet international qui doit, normalement, se tenir en juin à Tokyo et qui réunira les pays donateurs susceptibles d’aider à la reconstruction du Sri Lanka.

Dans la lettre remise le 3 mai à Mannar, Mgr Joseph explique que les Tamouls et le LTTE ont été échaudés à plusieurs reprises par le passé à l’occasion de précédentes négociations de paix et que, “dans ces circonstances, il n’est pas déraisonnable de leur point de vue d’adopter une attitude de prudence”. La lettre appelle la présidente et son parti à s’engager de façon plus “significative “sincère” et “profonde” en faveur de la paix. Elle demande également que le droit du peuple tamoul à gérer ses propres affaires soit reconnu “sans délai” par une Constitution de type fédéral. A l’adresse du LTTE, la lettre souligne que les Tigres sont parvenus à une certaine reconnaissance de la part de la communauté internationale et qu’il est important pour eux de faire preuve “de tact et de sagesse” afin de “convaincre le monde de leur ferme désir d’aboutir à la paix par la négociation”.

Commentant cette lettre pour l’agence Ucanews, Mgr Joseph a déclaré le 4 mai dernier que le refus des Etats-Unis d’admettre des représentants du LTTE à la conférence de Washington avait heurté les sentiments des Tigres ainsi que ceux des Tamouls qui voient dans les Tigres leurs représentants. “Les Tigres, s’ils sont mis de côté, ont un très fort sentiment de discrimination a-t-il précisé, ajoutant que les droits du peuple tamoul avaient encore à se matérialiser dans des institutions viables. Pour cela, l’évêque déclare : “Nous voulons que les deux parties rejettent de façon inconditionnelle la guerre et s’en tiennent au dialogue.” (1)