Eglises d'Asie

A l’occasion de la “Journée des minorités ethniques l’Eglise catholique rappelle le respect dû aux peuples minoritaires du pays

Publié le 18/03/2010




Il y a quelques années, l’Eglise catholique en Thaïlande a décidé de faire du deuxième dimanche du mois de mai la “Journée des minorités ethniques” (1Pour l’Eglise, en particulier pour la Commission catholique des minorités ethniques, rattachée à la Conférence épiscopale, il s’agit ce jour-là de mettre en valeur les différents problèmes et difficultés que peuvent connaître les minorités ethniques du pays et de corriger les préjugés que nourrissent une partie des Thaïs au sujet de ces minorités et de leurs cultures. Cette année, le 11 mai dernier, dans son message, Mgr Michael Bunluen Mansap, évêque d’Ubon Ratchathani et président de la Commission, a rappelé que de nombreux groupes ethniques minoritaires en Thaïlande étaient toujours en butte aux mêmes et vieilles accusations et préjugés et qu’une partie d’entre eux devaient toujours lutter pour garder le droit de vivre sur les terres qui les ont vu naître.

Vivant principalement sur le pourtour du pays, les minorités ethniques rassemblaient, selon les statistiques gouvernementales de 2002, 917 355 personnes, les Karen en représentant une petite moitié, suivis par les Hmong (151 080 personnes) et les Lahu (102 371 personnes), puis, par ordre décroissant, les Akha, les Mien, les Lisu, les Lua, les Khmu, les Palong et les Mlabli. Pour Mgr Mansap, une des plus grandes difficultés que connaissent les peuples minoritaires est liée à la mise en ouvre par le gouvernement d’une politique très stricte de préservation des forêts. Au nom de la protection de l’environnement, l’abattage des arbres est interdit et les terres portant des forêts doivent être peu à peu transformées en réserves ou en parcs naturels. Du fait de cette protection, les peuples minoritaires sont amenés à quitter les forêts où ils avaient coutume de vivre depuis des générations pour se rendre en plaine. Or, souligne l’évêque, si la politique gouvernementale provoque leur départ des forêts, rien n’est prévu par elle pour donner de nouvelles terres où s’établir aux peuples ainsi chassés de chez eux.

Dans ce contexte, a poursuivi le responsable catholique, l’Eglise tient à soutenir les peuples minoritaires afin d’assurer la préservation de leurs cultures, coutumes, valeurs et croyances. Cela passe par une aide afin de les aider à défendre leurs droits, droit à vivre selon leurs modes de vie traditionnels et droit à vivre en hommes et femmes égaux des autres citoyens thaïlandais. Selon Mgr Mansap, l’Eglise tient, une journée par an, à “demander aux chrétiens et aux croyants des autres religions de s’unir dans la prière pour aider les minorités ethniques à voir leurs droits fondamentaux respectés”.

Selon le P. Vichai Phokthavi, secrétaire de la Commission, l’action de l’Eglise vise également à lutter contre les “préjugés” qu’une majorité de Thaïs entretient vis-à-vis des minorités ethniques, préjugés qui font que, pour certains, minorités ethniques rime avec trafiquants de drogue ou culture sur brûlis, méthode perçue comme destructrice des forêts thaïlandaises. Pour toutes ces raisons, certains membres des minorités ont des difficultés à faire reconnaître leur nationalité thaïlandaise, poursuit encore le P. Vichai, qui précise que la Commission, en collaboration avec des ONG, a contribué, ces dernières années, à ce que 80 000 membres des minorités ethniques obtiennent les papiers établissant leur nationalité thaïlandaise.