Eglises d'Asie

Comme chaque année à pareille époque, des responsables religieux ont démenti dans les médias officiels chinois le contenu du rapport du Congrès américain sur la liberté religieuse

Publié le 18/03/2010




Depuis quelques années, le scénario se renouvelle sans grand changement : au cours du mois de mai, la Commission des Etats-Unis sur la liberté religieuse, rattachée au Congrès américain, publie un rapport sur l’état de la liberté religieuse dans le monde ; la Chine y est généralement “épinglée” et, dans les jours qui suivent, des responsables issus des instances “officielles” des grandes religions reconnues par Pékin démentent le contenu du rapport relatif à la Chine (1). Cette année, le rituel a été respecté. Le rapport américain est paru le 13 mai ; la Chine y était décrite comme un pays “enfreignant de façon particulièrement grave la liberté religieuse” (2) ; le 23 mai, le Quotidien du peuple, voix très officielle du pouvoir central, a rapporté qu’un symposium avait réuni des responsables religieux la veille à Pékin et que ces derniers avaient démenti la teneur du rapport américain en ce qui concerne la Chine.

Pour la partie catholique, le seul changement a été l’intervention du secrétaire général de la Conférence des évêques “officiels” de l’Eglise catholique en Chine, le P. Ma Yinglin dans les colonnes du Quotidien du peuple, là où, les autres années, intervenait Mgr Michael Fu Tieshan, évêque “officiel” du diocèse de Pékin. Selon le P. Ma, l’évêque de Pékin, qui est aussi un des vice-présidents de l’Assemblée nationale populaire, était empêché par une opération au genou, subie peu après Pâques. Le Quotidien du peuple a attribué les propos suivants au P. Ma : [Je] ne peux garder le silence face au tableau biaisé que les Etats-Unis dressent quant à la liberté religieuse dans mon pays. (.) Un tel jugement fondé tout au plus sur des rumeurs ne correspond pas aux faits que je constate. Depuis l’ouverture du pays et la réforme, toutes sortes de religions se sont développées avec rapidité. La question religieuse en Chine est entrée dans son âge d’or.” Contacté par téléphone par l’agence Ucanews après la parution de l’article du Quotidien du peuple, le P. Ma s’est refusé à développer son propos.

Dans le même article, on pouvait lire que le pasteur Gao Ying, un des dirigeants du Conseil chrétien de Chine, organisme “officiel” du protestantisme en Chine, justifiait la peine capitale prononcée à l’encontre du pasteur Gong Shengliang, de l’Eglise du sud de la Chine, Eglise non reconnue par les autorités (3). Selon Gao Ying, la sentence était liée aux activités criminelles de Gong Shengliang et non à ses activités religieuses. En octobre 2002, lors d’un nouveau jugement, Gong Shengliang, fondateur de l’Eglise de la Chine du Sud, désormais interdite, a vu sa sentence, prononcée en décembre 2001, commuée en prison à vie.

Outre les responsables chrétiens, des dirigeants bouddhistes et musulmans sont également intervenus pour réfuter les accusations américaines au sujet de la répression engagée contre le mouvement Falungong (4) et au sujet de la situation religieuse dans le nord-ouest du pays où les autorités mènent campagne contre les séparatistes musulmans de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang (5). Le 16 mai dernier, quelques jours avant la parution de l’article du Quotidien du peuple, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois avait critiqué le travail de la commission américaine, lui reprochant de se livrer à des commentaires irresponsables sur la situation religieuse chinoise et de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine, tout cela dans le but “masqué” de miner les relations bilatérales sino-américaines.