Eglises d'Asie – Chine
Hongkong : à l’occasion du quatorzième anniversaire des événements de Tienanmen, l’évêque catholique du territoire réaffirme son opposition au projet de loi sur la Sécurité nationale
Publié le 18/03/2010
Devant les catholiques rassemblés, Mgr Zen a replacé la commémoration de Tienanmen dans le cadre plus large du combat inachevé pour apporter la liberté et les droits de l’homme à la Chine. Pour la première fois, un responsable de l’Eglise catholique a qualifié les jeunes Chinois tombés place Tienanmen, à Pékin, et dans d’autres villes du pays il y a quatorze ans de « martyrs ». « Elevons notre regard pour contempler les martyrs de la place Tienanmen, assis aux côtés de Notre Père, des 120 martyrs de l’Eglise catholique de Chine canonisés et des innombrables héros qui sont morts pour leur foi et leurs idéaux a-t-il dit lors de la veillée de prière, ajoutant : « Nous promettons de ne pas décevoir leurs attentes. Comme eux, nous poursuivrons notre chemin, comme des Chinois droits et fermes, ne craignant pas la tyrannie. Nous défendrons pacifiquement la dignité humaine et les droits fondamentaux de l’homme tels qu’ils nous ont été confiés par Notre Père. »
Opposant résolu depuis des mois au projet de loi présenté par le gouvernement local devant le Legco (Legislative Council, le parlement de la Région administrative spéciale de Hongkong), en lien avec l’article 23 de la Loi fondamentale (2), Mgr Zen a déclaré, toujours lors de la veillée de prière du 4 juin, que ce projet de loi « anti-subversion » l’avait amené à prendre conscience que la défense de la démocratie et des libertés en Chine devait commencer à Hongkong. « L’objectif ‘Un pays, deux systèmes’ et la liberté religieuse elle-même ne peuvent plus être tenus pour acquis. Nous devons lutter pour cela avec énergie a-t-il affirmé, avant d’annoncer qu’il ne prenait pas part, cette année, à la veillée commémorative afin de ne pas cristalliser l’attention publique mais qu’il restait en lien avec la foule « par la prière ».
Trois jours plus tard, le 7 juin, la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Hongkong a organisé un colloque sur les dangers que le projet de loi gouvernemental fait peser sur les libertés dans le territoire. La présidente de l’Association des journalistes de Hongkong, Mak Yin-ting, y a souligné le risque réel de voir les journalistes de Hongkong faire preuve d’une autocensure accrue. Citant la couverture par les médias locaux de la crise provoquée par l’épidémie de pneumopathie atypique (3), elle a estimé que « certains des journaux de Hongkong qui avaient coutume de consacrer une large couverture à l’actualité sociale et politique de la Chine (continentale) s’étaient contentés, pour l’épidémie de SRAS, de seulement citer les articles d’un quotidien pro-Pékin ». Selon Mak Yin-ting, étant donné l’ambiguïté de la formulation du projet de loi, on peut s’attendre à ce que seules les informations fournies par le pouvoir puissent être légalement imprimées, l’usage d’autres sources pouvant déclencher des poursuites, soit contre les journaux, soit contre les sources elles-mêmes.
Lors du colloque, d’autres intervenants ont mis en avant le fait que, si les menaces pesant sur les libertés dont jouissent encore les journalistes ou les fonctionnaires sont identifiées, le projet de loi aura, une fois voté, des effets beaucoup plus étendus, tous les Hongkongais étant potentiellement concernés. Intervenant devant la centaine de participants au colloque, Mgr Zen a redit que, selon lui, le texte de loi minait dangereusement la formule ‘Un pays, deux systèmes’. Face à cette menace, il a déclaré qu’il était « plus important d’écouter la parole de Dieu que les paroles des hommes. Or, si, en tant que catholique, on se fie à la parole de Dieu, on ne peut que considérer que le (projet de) loi empiéte sur les droits de l’homme ».
Introduite une première fois devant le Legco le 26 février dernier, la « Loi sur la sécurité nationale titre du projet de loi controversé, doit passer devant les députés pour une deuxième puis une troisième lecture avant d’être définitivement adoptée. Les deuxième et troisième lectures étant prévues le 9 juillet prochain, les opposants au projet de loi et les militants pro-démocratie ont appelé à manifester dans les rues de Hongkong le 1er juillet 2003, dans une dernière tentative visant à convaincre l’exécutif hongkongais de retirer son texte.