Eglises d'Asie

La Société missionnaire de Thaïlande s’étoffe peu à peu, même si les progrès sont lents

Publié le 18/03/2010




Fondée il y a treize ans, la Société missionnaire de Thaïlande (SMT) voit le nombre de ses membres et ses activités progresser tant au Cambodge qu’au nord de la Thaïlande. Pour le P. Jean Dantonel, membre des Missions Etrangères de Paris et supérieur de la SMT, la progression de la société est réelle même si elle peut être qualifiée de “modeste”. Dans un entretien accordé à l’agence Ucanews le 16 juin dernier, le P. Dantonel a rappelé qu’à ses débuts, en 1990, la Société ne comptait que quatre membres, deux prêtres et deux religieuses. Ils sont maintenant huit prêtres et cinq religieuses.

La Société place au 3 juin 1990 la date de sa fondation officielle, cette date correspondant à l’ordination de son premier prêtre, le P. Paul Anurak Prajongkit, de l’archidiocèse de Bangkok. C’est ce même jour que le cardinal-archevêque de Bangkok, Mgr Michael Michai Kitbunchu, avait remis au P. Anurak son crucifix de missionnaire, symbole de son envoi (1). Cinq prêtres et deux religieuses travaillent actuellement en milieu aborigène dans les régions montagneuses du nord de la Thaïlande. Deux prêtres et sept religieuses sont au Cambodge. Les religieuses appartiennent à deux congrégations, celle des Amantes de la Croix de Ubon Rathchathani et celle des Servantes du Cour Immaculé de Marie.

Dans la constitution de la SMT, on peut lire qu’il y a 400 ans, les missionnaires étrangers ont apporté “la Bonne Nouvelle” en Thaïlande et que c’est au tour de l’Eglise thaïlandaise de propager l’Evangile en Thaïlande, en Asie et ailleurs. Selon le P. Dantonel, les membres de la SMT sont surtout au service des aborigènes aux coutumes et aux langues différentes de celles des Thaïlandais. Selon ce prêtre français qui réside à Sam Phram, “le futur de la [SMT] est entre les mains de Dieu”, car les vocations sont peu nombreuses, bien que quelques séminaristes se montrent intéressés.

La récente assemblée générale de la SMT et sa retraite annuelle du 22 au 27 avril à Huan Hin ont confirmé le développement des activités évangéliques de cette décennie (2). Le P. Anurak et Sour Bernadette ont fait un rapport sur leur centre de Viengkaen, à l’extrême nord du pays, dans la région de Chiang Rai. Le P. Anurak a expliqué que de nombreux Hmong se sont convertis récemment, préférant croire en Jésus plutôt qu’aux “phi” (‘fantômes’). Le P. Vibun Likittam, un autre missionnaire de ce même centre de Viengkaen, a annoncé qu’il mettait sur pied une nouvelle mission au service des aborigènes de la région de Xiangsaen, toujours dans la province de Chiang Rai, à la frontière de la Birmanie. De Chiang Rai également, les PP. Rangsan Phanurak et Nikorn Prasutsaengchan, épaulés par Sour Véronique, ont rendu compte de leur travail dans plusieurs villages hmong. Le P. Bancha Vongvuthiphong a, quant à lui, parlé de ses activités parmi les aborigènes Yao dans les provinces de Nan et de Chiang Rai. Sur 62 millions de Thaïlandais, un million sont des aborigènes. Ces groupes vivent dans les régions montagneuses du nord-ouest du pays, en particulier le long des frontières avec le Laos et la Birmanie. Selon les statistiques du gouvernement thaïlandais, les groupes aborigènes les plus importants en 2002 sont les Karen (438 450 personnes), les Hmong (151 080) et les Lahu (102 371) ; ensuite, par ordre décroissant, on trouve les Akha, les Mien ou Yao, les Lisu, les Lua, les Khmu, les Palong et les Mlabli. Chaque groupe ethnique a sa propre langue et ses coutumes.

De leur côté, les membres de la SMT en mission au Cambodge ont témoigné de la progression de leur travail. Dans le vicariat apostolique de Phnom Penh, le P. Verachai Sripramong a rapporté avoir commencé à visiter une communauté à Kampongsom où il a découvert que de nombreux paysans catholiques d’origine vietnamienne ne recevaient pas de visites de prêtres.

Dans la préfecture apostolique de Kampong Cham, quatre Sours Amantes de la Croix de Ubon Rathchatani enseignent le catéchisme et travaillent à la formation des jeunes femmes et des religieuses locales. Dans la préfecture apostolique de Battambang, trois sours Servantes du Cour Immaculé de Marie s’occupent des enfants défavorisés du village, spécialement de l’éducation, du catéchisme et de la formation professionnelle. Le P. Chatchai Ruamaram, récemment entré à la SMT, était attendu au Cambodge le 30 juin pour y entreprendre l’étude de la langue khmère et renforcer le groupe déjà présent dans ce pays.

Ces activités ne traduisent certes qu’une “modeste croissance a fait remarquer le P. Dantonel. Il a rappelé comment, en 1980, un certain projet avait incité les évêques thaïlandais à mettre sur pied une société missionnaire pour évangéliser les tribus montagnardes des diocèses de Chiang Mai, Nakhon Sawan et Ratchaburi où les prêtres étaient peu nombreux. Tous les évêques avaient donné leur accord et demandé à Mgr Khai Saen-Phon-On, archevêque de Tharae-Nongsaeng, d’en prendre la responsabilité. Une constitution fut rédigée en octobre 1988 et ratifiée par les évêques en 1997. L’objectif de la SMT, aujourd’hui placée sous la direction de Mgr Louis Chamnien Santisukniran, évêque de Nakhon Sawan, est d’apporter la Bonne Nouvelle en et au delà de la Thaïlande. Peuvent y être admis comme membres titulaires les prêtres diocésains thaïlandais et, comme membres associés, les religieux et religieuses.

Pour le premier envoi, en 1991, la SMT avait désigné deux prêtres et deux religieuses pour étudier le hmong et travailler auprès des Hmong à Chiang Rai. La seconde mission a commencé en 1992 quand le P. Verachai et deux sours de Ubon Ratchathani furent envoyés au Cambodge. S’agissant de l’avenir, le P. Dantonel dit avoir pris connaissance de l’appel du Bureau pour l’évangélisation de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC) pour envoyer des missionnaires en Asie centrale (3). Pour se joindre à cet important projet, a-t-il précisé, la SMT a besoin d’études supplémentaires. Dans un avenir plus proche, il est certain, a-t-il ajouté, que plusieurs membres de la SMT ont déclaré leur intérêt pour aller au Laos voisin mais en sont encore empêchés du fait de la situation politique prévalant dans cette nation enclavée (4).